petit, -ite

PETIT, PETITE

adjectif
Étymologie : xe siècle. Tiré d’une forme gallo-romane *pit‑, marquant la petitesse, attestée par le latin médiéval pititus, « petit ».
■  Petit est un des adjectifs les plus couramment employés dans la langue française ; il entre dans un très grand nombre de locutions et d’expressions qui, dans la plupart des cas, sont expliquées au mot principal.

I.

I. Qui n’atteint pas les dimensions, les mesures moyennes ou ordinaires d’un être ou d’une chose du même genre, par opposition à Grand ou Gros.
1.  Par la taille, la hauteur. Un homme petit et trapu. Un enfant petit pour son âge. Un petit oiseau. Un petit a, un a minuscule. Dans certains noms de végétaux, par référence à une autre espèce de plus grande taille. La petite camomille. La petite ciguë. Le petit houx. Expr. fam. Se faire tout petit, chercher à occuper le moins de place possible et, fig., éviter d’attirer l’attention sur soi, chercher à passer inaperçu. Prov. Il n’est si petit buisson qui ne porte son ombre, voir Buisson.
▪  Par la longueur, la largeur, le volume, la superficie. Avoir de petits pieds, de petites mains. Le petit doigt, nom courant de l’auriculaire. Un petit pain. Un petit four, voir Four. Des petits pois. Une petite cuiller. Du petit bois. Prendre les petites routes. Un petit jardin. Une petite ville. Le jeu des petits chevaux, voir Cheval. Pour établir une analogie. Ce château est un petit Versailles. Colmar est surnommée la petite Venise de l’Alsace. Dans certains noms de lieu ou de monument, pour les distinguer d’un autre plus ancien, plus important. Le Petit-Clamart. Le Petit-Quevilly. Le Petit Trianon. Le Petit Palais.
▪  Loc. et expr. Le petit déjeuner, le repas léger du matin. Le petit écran, la télévision. Le petit bain, à la piscine, le bassin peu profond qui est généralement réservé aux jeunes enfants. Le petit coin, le petit endroit (fam.), les lieux d’aisances. La petite vérole, nom que l’on donnait à la variole en raison de la taille des boutons se formant au cours de cette maladie. Fig. et fam. Avoir de petits yeux, des yeux qui trahissent le manque de sommeil. Être dans ses petits souliers, se sentir mal à l’aise, être dans l’embarras. Chercher la petite bête, se montrer pointilleux à l’excès, vouloir toujours trouver un détail à critiquer. Se vendre, s’acheter comme des petits pains, avec une très grande facilité, en très grande quantité. Mettre les petits plats dans les grands, voir Plat II. Prov. Les gros poissons mangent les petits, les puissants oppriment les faibles. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, l’accumulation de profits modestes finit par former une somme importante.
  Titres célèbres : Le Petit Testament, de François Villon (écrit en 1456) ; Petits Poèmes en prose, de Charles Baudelaire (1869).
▪  Subst. L’infiniment petit, ce qui est invisible à l’œil nu. Les infiniment petits, les êtres microscopiques. Loc. Du petit au grand, voir Grand. Loc. et expr. En petit, dans des dimensions inférieures mais selon les mêmes proportions. Auriez-vous ce modèle en petit ?
2.  En parlant d’une mesure, d’une quantité, d’une grandeur. Qui est inférieur à ce qui est ordinaire, habituel. Napoléon était de petite taille. Un navire de petit gabarit, de petit tonnage. Une arme de petit calibre. Un cahier de petit format. Papier petit aigle, petit raisin, voir Aigle et Raisin. Une carte de France à petite échelle. Rouler à petite vitesse. Loc. fig. et fam. Au petit pied, voir Pied.
▪  Marcher à petits pas. Boire à petites gorgées. Attendre un petit moment. Faire une petite promenade, un petit tour, une promenade de courte durée. Loc. La petite couronne, la périphérie immédiate d’une capitale, d’une grande ville.
▪  Un petit salaire. De la petite monnaie. Des petites coupures, des billets de banque de faible valeur. Expr. Il n’y a pas de petites économies, de petits profits.
▪  Le plus petit commun multiple de deux nombres. Un petit nombre d’absents. Par métonymie. Un petit cercle d’amis, qui comprend peu de personnes. Loc. En petit comité, en présence d’un nombre limité de personnes.
▪  Par extension. Qui est légèrement inférieur à la mesure indiquée. Une petite heure. Deux petits kilomètres. Loc. et expr. À la petite semaine, sans vision à long terme ; au jour le jour. Gouverner à la petite semaine. Marcher à petites journées (vieilli), voir Journée.
3.  Spécialement. Qui n’est pas très avancé en âge, qui n’a pas atteint son plein développement. Un petit garçon, une petite fille. Un petit frère, une petite sœur (fam.), un frère cadet, une sœur cadette. Quand j’étais petit… Tu es encore trop petite pour comprendre. Un petit chien, un petit chat, un chiot, un chaton. Suivi d’un nom propre. Le petit Paul. Les petits Dubois, les enfants des Dubois.
▪  Par métonymie. La petite enfance, la période qui va de la naissance à l’acquisition de la marche. Les petites classes. Petit séminaire, école catholique d’enseignement secondaire préparant éventuellement au grand séminaire.
▪  Loc. et expr. fig. Les petits rats de l’Opéra, les jeunes élèves de l’École de danse de l’opéra de Paris. Un petit coq (fam.), un jeune garçon prétentieux. Se sentir petit garçon auprès de quelqu’un, se sentir inférieur à lui, être intimidé par lui. Traiter quelqu’un en petit garçon, en novice.
▪  Prov. Petit poisson deviendra grand, voir Poisson.
▪  Subst. En parlant de personnes. La cour des petits. Comment t’appelles-tu, petit ? Spécialement. En parlant d’un jeune animal par rapport à sa mère, à son père. Une lionne qui défend ses petits. Le marcassin est le petit du sanglier. Expr. fig. et fam. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits, le désordre est extrême. Faire des petits, en parlant d’une somme d’argent, s’accroître.
  Titres célèbres : Le Petit Poucet, conte de Charles Perrault (1697) ; La Petite Sirène, Le Vilain Petit Canard, contes d’Hans Andersen (1835) ; La Petite Fadette, de George Sand (1849) ; La Petite Roque, de Guy de Maupassant (1886) ; Le Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry (1943).
4.  Dans un emploi hypocoristique. Une gentille petite femme. Un petit bout de chou. Un petit ami, une petite amie (fam.), un ami, une amie de cœur. En manière d’adresse, souvent précédé du possessif. Ma petite dame. Petite mère. Mon petit mari. Mon petit bonhomme. Marque de domaine : histoire. Le Petit Caporal, surnom familier donné à Napoléon Ier par ses soldats. Petit Père, surnom donné au tsar dans la Russie d’avant 1917. Le petit père des peuples, surnom qui, par imitation, désignait Staline.
▪  Par métonymie. Dans des locutions. Être aux petits soins pour quelqu’un, s’occuper de lui du mieux que l’on peut. Être aux petits oignons, voir Oignon.
▪  Pour exprimer l’admiration. C’est un petit chef-d’œuvre, une petite merveille !
▪  Pour renforcer un adjectif possessif. Il est venu avec sa petite famille, avec tout son petit monde. Mener sa petite enquête. J’ai ma petite idée là-dessus. Parfois iron. Aimer son petit confort. Il prend grand soin de sa petite personne et de sa petite santé.

II.

II. Dont l’intensité, la force, la qualité est moindre que la moyenne.
1.  Qui est peu intense, peu marqué. Une petite brise. Une petite pluie fine. Pousser de petits cris. Avoir une petite voix. Esquisser un petit sourire. Une petite odeur de brûlé. Avoir une petite faim, un petit creux (fam.). Par métonymie. Un petit fumeur, qui fume peu. Un petit mangeur, qui a peu d’appétit. Une petite nature, une personne fragile.
▪  Loc. Le petit jour, le petit matin, l’aube. À petit feu, à température modérée et, fig., très lentement. Faire réduire une sauce à petit feu. Mourir à petit feu. Prov. Petite pluie abat grand vent, voir Abattre.
2.  Dont la valeur ou l’importance est faible. Faire un petit effort. Rendre un petit service. De petits tracas, de petits ennuis. Un petit malheur.
▪  Un petit vin. Obtenir un petit rôle au théâtre. Un petit film sans prétention. La petite histoire, voir Histoire. La petite guerre, voir Guerre.
▪  Loc. et expr. Au petit bonheur, au petit bonheur la chance (fam.), en s’en remettant au hasard ; à tout hasard. Une petite phrase, une phrase concise qui, sous des dehors anodins, vise à marquer les esprits. La petite mort (fig. et fam.), l’orgasme. Fam. Par litote. Ce n’est pas une petite affaire, c’est une tâche ardue. Pop. C’est de la petite bière, c’est sans importance ; c’est un jeu d’enfant.
▪  Expr. proverbiale. Petites causes, grands effets, voir Effet.
3.  Qui occupe un rang peu élevé dans une hiérarchie, dans un classement d’ordre social ou économique. Les petites gens, le petit peuple, les gens de condition modeste. La petite bourgeoisie, la frange la moins aisée de la bourgeoisie. Un petit artisan, un petit employé. Les petits métiers, les métiers les plus humbles. Les petites et moyennes entreprises. Les petits épargnants, les petits actionnaires. Dans la dénomination de certains ordres religieux, par souci d’humilité. Les Petits Frères, les Petites Sœurs des pauvres. Marque de domaine : histoire. Les Petites Maisons, nom donné autrefois à un hôpital de Paris où l’on enfermait les vieillards et les aliénés. Les Petits Ménages, nom donné anciennement à un hospice situé aux portes de Paris, qui abritait des couples âgés indigents.
▪  Expr. fam. Jouer au petit chef, s’attribuer un pouvoir excessif, chercher à imposer une autorité tatillonne.
▪  Subst. Les gros et les petits, les puissants et les opprimés. La mort n’épargne ni grands ni petits. Prov. Par allusion à la fable de La Fontaine « Le Lion et le Rat ». On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
4.  Péj. Qui a peu de talent, peu de mérite ; étroit, sans qualité. Un petit esprit. Cet homme est petit et méprisable. Cela est bien petit, cela est mesquin. Subst. Napoléon le Petit, surnom donné par Victor Hugo à Napoléon III.
▪  S’emploie pour appuyer l’expression de la condescendance ou du mépris. Quel petit freluquet ! Un petit prétentieux. Petit misérable !

III.

III. Adverbialement.
Écrire petit, former des lettres de taille inférieure à la moyenne. Chausser, tailler petit, en parlant de chaussures, de vêtements, avoir des dimensions légèrement inférieures à celle d’une pointure ou d’une taille donnée. Voir, prévoir petit. Gagne-petit, voir ce mot. Marque de domaine : cuisine. Petit salé, viande de porc salée, qui, après cuisson dans l’eau, entre dans divers mets.
▪  Petit à petit, peu à peu. Un petit (très vieilli), un peu. Reposons-nous un petit. Prov. Petit à petit, l’oiseau fait son nid, voir Nid.
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