rester

RESTER

conjugaison verbe intransitif
Étymologie : xiie siècle. Emprunté du latin restare, « s’arrêter ; subsister », lui-même composé du préfixe re‑, qui marque le retour en arrière ou l’intensité, et de stare, « se tenir debout ».
■  Rester entre dans un très grand nombre de locutions et d’expressions qui, dans la plupart des cas, sont définies au mot principal.
1.  Être encore présent, en parlant d’un élément d’un tout dont une grande partie a disparu ; subsister, demeurer. Les écrits qui restent des Anciens. Ils ont dépensé tout l’argent qui leur restait. Voilà tout ce qui reste du dîner. Ce qui reste ou, impers., ce qu’il reste des meubles sera vendu. Il réunit les amis qui lui restaient. Avec postposition du sujet (dans ce cas, l’accord se fait généralement avec le sujet mais le verbe peut être laissé au singulier si l’on considère qu’il s’agit d’une ellipse du pronom impersonnel). Restent trois solutions ou reste trois solutions. Restaient dix personnes.
▪ Impers. Il reste des fruits, il en reste. Que reste-t-il de nos amours ? Il lui reste une dernière chance. Il ne restait de nos troupes qu’une poignée d’hommes. Suivi d’un infinitif précédé par la préposition de. Il me reste au moins d’avoir tout tenté. Dans des opérations d’arithmétique. Quatre ôté de sept, il reste trois ou, elliptiquement, reste trois. Vingt et un divisé par quatre égale cinq et il reste un.
▪ Expr. Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là, s’emploie plaisamment, par allusion à un vers des Châtiments de Victor Hugo, pour mettre en avant sa droiture, sa loyauté. Il reste que…, il n’en reste pas moins que… ou, elliptiquement et fam., reste que…, s’emploie pour revenir sur un point ou une idée que l’on ne veut pas voir écarter. Reste qu’il faut bien choisir.
▪ Fig. Continuer d’exister, de se manifester chez quelqu’un. Quelques souvenirs me restent de cet évènement. Impers. Il a été militaire, il lui en reste quelque chose. J’ai vu ce film, mais il ne m’en reste rien.
▪ Spécialement. Suivi de la préposition à et d’un verbe à l’infinitif, Rester s’emploie pour exprimer la nécessité d’envisager ou d’accomplir encore quelque chose. Une petite somme reste à payer. Tout reste à faire en ce domaine. Impers. Il ne vous reste plus qu’à tout recommencer. Il reste encore à prouver que… Le temps qu’il nous reste à vivre ou, class., de vivre. Dans des formules de courtoisie. Il me reste à vous remercier, il ne me reste plus qu’à prendre congé. Elliptiquement. Reste à savoir si…
2.  Demeurer en un endroit, ne pas quitter le lieu où l’on se trouve. Rester chez soi, dans sa chambre. Rester à Paris, en France. Restez ici, je vous rejoindrai tout à l’heure. Régional. Où restez-vous ? où habitez-vous ?
▪ Sans complément de lieu. Restez encore un peu. Il ne sait s’il doit partir ou rester. Voulez-vous rester à déjeuner ou, elliptiquement, rester déjeuner ?
▪ Loc. et expr. J’y suis, j’y reste, formule que Mac-Mahon aurait prononcée après la prise du fort de Malakoff lors de la guerre de Crimée, et qu’on emploie plaisamment pour affirmer sa volonté de ne pas quitter un lieu et, par extension, de ne pas renoncer à un projet. Celui qui reste, ceux qui restent, s’emploie parfois, par euphémisme, pour désigner celui ou ceux qui ont perdu un être cher. Fig. Rester dans son coin, refuser de se mêler aux autres. Rester dans la coulisse, ne pas agir au grand jour. Rester à sa place, respecter la bienséance, ne pas outrepasser les limites fixées par les usages. Rester sur le carreau, tomber blessé ou mort sur le lieu d’un combat et, par extension et fam., être exclu, mis à l’écart. Rester sur le billard (fam.), voir Billard. Y rester (fam.), mourir dans telle ou telle circonstance. Il a eu un accident et y est resté. En rester à, s’arrêter à tel point d’une réflexion, d’une discussion, d’un travail et, fam. et plaisant, ne pas aller au-delà d’une idée, d’une pratique considérée par autrui comme dépassée. Nous en étions restés à cette hypothèse. Il en est resté à la machine à écrire. En rester là, renoncer à poursuivre une action que l’on avait engagée. Il est tard : nous allons devoir en rester là pour aujourd’hui. Méfiez-vous de lui, il n’en restera pas là. S’emploie parfois lorsque l’on clôt abruptement une conversation. Restons-en là.
▪ Par extension. Les bagages sont restés dans la voiture. Ce gratin doit rester une heure au four. Le manche de la bêche m’est resté dans la main. Expr. fig. Rester dans les cartons, voir Carton. Fam. Rester en travers de la gorge ou, simplement, rester en travers, se dit de ce qui ne saurait être oublié, pardonné. Rester sur l’estomac, être difficile à digérer et, par extension, inspirer un déplaisir durable, du ressentiment. Rester sur le cœur, se dit de paroles, d’actes blessants dont on garde un souvenir amer. Prov. Les paroles s’envolent et les écrits restent.
▪ Fig. Ce héros restera dans les mémoires, dans le souvenir des hommes. Il restera comme un modèle de loyauté. Ce jour restera dans les annales. Que cela reste entre nous.
3.  Demeurer dans la situation, dans l’état où l’on était précédemment (suivi d’un attribut ou d’un équivalent). Il est resté alité plusieurs jours. Restez tranquille ! Ils sont restés cois, interdits. Le donateur a préféré rester anonyme. Rester fidèle à ses principes. Restons amis, je vous en prie. Il est resté dans le coma quelques heures. Rester sur une bonne impression. Il est resté en plan après le départ de ses amis.
▪ Suivi de la préposition à et d’un verbe à l’infinitif. Consacrer un certain temps à telle ou telle occupation. Rester des heures à rêver, à ne rien faire. Il ne viendra pas, il est resté à travailler.
▪ Loc. et expr. fig. Rester sourd à quelque chose, ne pas vouloir l’écouter, le comprendre. Rester court, voir Court II. Rester de glace, de marbre, de bois, ne montrer aucune émotion. Rester les bras ballants, être inactif, manquer d’initiative. Rester sur sa faim, ne pas avoir obtenu tout ce qu’on espérait. Rester sur la bonne bouche (vieilli), voir Bouche. Fam. Rester en carafe, voir Carafe. Rester le bec dans l’eau, déconfit, déçu. Pop. En rester comme deux ronds de flan, voir Flan.
▪ Par extension. Son bras est resté paralysé. La victoire resta longtemps indécise. Cette coutume est restée en usage ou, elliptiquement, est restée. La question reste entière, reste ouverte.
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