en

II. EN

pronom adverbial.
Étymologie : ixe siècle, int, puis ent. Du latin inde, proprement, « de là, à partir de là », sous le triple rapport du lieu, du temps et de la cause.
↪ voir aussi : I. En (prép.)

I.

I. Adverbe de lieu ou de temps : de là, de cet endroit, de l’époque dont il vient d’être question.
Il est allé là-bas et en est revenu. Il a eu des années difficiles, il en est sorti aguerri.

II.

II. En a pris très tôt la valeur d’un pronom personnel qui, dans la langue moderne, renvoie exclusivement à une troisième personne.
Invariable, il équivaut à lui, elle, eux, elles, cela, précédés généralement de la préposition de. Son emploi dispense de répéter un nom, un pronom, toute une proposition précédemment exprimés. L’antécédent est, de nos jours, plutôt une chose, un animé non humain ou toute une partie d’énoncé. Mais il s’agit là d’un usage plutôt que d’une règle : en renvoie aussi, aujourd’hui encore, à des personnes, dans des conditions qui ne peuvent faire l’objet d’une règle rigoureuse. On distinguera bien, en principe, Cet outil est excellent, j’en suis satisfait, de Cet élève est excellent, je suis satisfait de lui. Mais J’en suis satisfait n’est pas exclu. Bien plus, des raisons stylistiques peuvent conduire à préférer le pronom au complément prépositionnel, même lorsque l’antécédent est une personne. Rodrigue aime Chimène et en est aimé. Il veut en faire son épouse.
▪ Lorsqu’il joue le rôle d’un pronom personnel, en peut avoir diverses fonctions.
A.  Complément circonstanciel de verbes exprimant :
1.  La provenance, l’origine. Elle a essayé plusieurs traitements et n’en a obtenu aucune amélioration. Il en attend son salut. Les bienfaits que j’en espérais.
2.  L’agent. C’est un évènement triste, j’en suis bouleversé. Il ne put éviter la flèche, et il en fut transpercé.
3.  Le moyen. Il est très habile de ses mains, il en fait ce qu’il veut.
4.  L’instrument. Enlevez-lui ce hautbois, il en joue trop mal.
5.  La cause. Il y avait tant de vacarme qu’on en arrivait à ne plus s’entendre.
B.  Complément d’objet indirect de verbes se construisant avec la préposition de. Il en convient. Il en use et abuse. Il s’en sert. Il a trop d’objets inutiles, et il s’en débarrasse. Il a suffisamment de soucis, mais il sait en triompher. Nous serons en retard, j’en ai peur.
C.  Complément d’adjectifs se construisant avec la préposition de. Il en est avide, capable, amoureux, coutumier, digne. J’ai appris la mort de mon plus vieil ami, j’en suis très triste.
D.  Complément de nom. Cet emploi est subordonné à deux conditions : que le nom soit exprimé dans la proposition précédente ; que, si le déterminé est sujet de la proposition, le verbe soit un verbe d’état et non d’action. Malgré ces diverses restrictions, c’est là une tournure très employée en français. J’aime cette forêt, j’en connais tous les sentiers. J’ai su par cœur cette poésie, il ne m’en reste que cinq ou six vers. Mais on dit : Le soleil était accablant, et ses rayons brûlaient la campagne. En revanche, on pourra dire : C’était un soleil d’hiver, les rayons en étaient pâles.

III.

III. En partitif.
A.  Accompagne des expressions quantitatives, en ajoutant l’idée qu’il s’agit d’une partie provenant d’un tout. Servant au départ de complément partitif, en est devenu un pronom d’appui pour les adjectifs numéraux, les adverbes de quantité, les mots indéfinis, les mots à sens négatif, les expressions désignant une catégorie pourvue de telle ou telle qualité. J’en veux un, cent. J’en connais beaucoup, peu. Il en est certains qui… J’en veux un autre, quelques-uns, plusieurs. On en prend certains, on en laisse d’autres. Il n’en est pas un qui… Il y en a des bleus, des jaunes, des verts.
B.  Joue le rôle de complément d’objet direct, en gardant cependant sa valeur partitive. J’en connais, j’en mange, j’en bois. Fam. Il en rajoute. Il en remet. Du courage, il en a. Il en a, du toupet. Elle en fait, des embarras. En étant ressenti comme un collectif neutre, le participe reste invariable. Des nouvelles ? J’en ai reçu. Plus j’ai reçu de lettres, et moins j’en ai écrit. Il rejette à la rivière autant d’ablettes qu’il en a pris.

IV.

IV. Loc. verb.
Beaucoup de verbes s’accompagnent du pronom-adverbe en, et souvent le sens de la locution ainsi formée est plus ou moins éloigné du sens du verbe simple. Il y a même eu agglutination dans des verbes comme enlever, s’enfuir, s’envoler. À l’origine, en avait le sens d’un complément de provenance, de point de départ ou d’un complément de propos. Dans la plupart des cas, l’antécédent est maintenant sous-entendu et vague, et ne se dégage que du contexte et de la situation. S’en aller, s’en venir, s’en revenir, s’en retourner, s’en tirer, s’en sortir, en appeler à, s’en prendre à, s’en tenir à, il s’en faut de peu, il s’en faut de beaucoup, en vouloir à, en imposer, en rester à, en finir, en avoir assez, en avoir le cœur net, en savoir long, en user mal avec, en être quitte pour, c’en est fait, vous en avez menti, afin que nul n’en ignore, n’en plus pouvoir, n’en pouvoir mais, savoir ce qu’il en coûte, il en va de même, à en croire, etc. Fam. S’en faire, n’en pas rater une, en voir de toutes les couleurs. Pop. S’en ficher, en baver, s’en donner, en pincer pour, en avoir de bonnes.

V.

V. Place du pronom-adverbe atone en.
Il suit toujours les pronoms personnels compléments et le pronom adverbial y. Il s’en donne à cœur joie. Le désir de s’en croire. Il y en a.
A.  Avec une forme verbale autre que l’impératif, en précède le verbe. Il en parle. Il n’en dit rien. Si le verbe est à un temps composé, il précède l’auxiliaire : Il en a parlé. Si le verbe est à la forme négative, en se met après la négation, le pronom personnel complément s’intercalant, éventuellement, entre la négation et en. Il n’en a pas parlé. Il ne vous en a pas parlé.
B.  Avec l’impératif à la forme positive, en suit la forme verbale, séparé d’elle, le cas échéant, par la forme atone des pronoms compléments de la 1re ou de la 2e personne. Prends-en. Donne-m’en. Va-t’en. Allons-nous-en, allez-vous-en. Retourne-t’en. Avec l’impératif à la forme négative, en se construit comme il est dit au paragraphe précédent. N’en prends pas. Ne t’en prends pas à lui.
C.  Pour les verbes de la première conjugaison, ainsi que pour avoir et savoir, il s’ajoute un s final à la forme impérative, afin d’éviter qu’elle ne ressemble, dans la prononciation, à celle du participe présent. Donnes-en une part. Aies-en soin. Saches-en le texte pour demain. L’impératif reprend sa forme normale sans s si en est suivi d’un infinitif, puisque dans ce cas il se rapporte non pas à l’impératif, mais à l’infinitif. Ose en dire un mot. Daigne en faire don.
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