reprendre

REPRENDRE

conjugaison verbe transitif, intransitif et pronominal Conjugaison : (se conjugue comme Apprendre).
Étymologie : xiie siècle, au sens de « corriger », puis « prendre de nouveau ». Issu du latin reprendere, forme contractée de reprehendere, « saisir », puis « blâmer, critiquer », lui-même composé du préfixe re‑, qui marque la répétition, et de prehendere, « saisir, prendre ».
■  Prendre étant un des verbes les plus employés de la langue française, son dérivé Reprendre se rencontre avec une valeur itérative dans de nombreuses locutions et expressions qui figurent à l’article Prendre.

I.

I. Verbe transitif.
A.  Prendre de nouveau.
1.  Saisir de nouveau quelque chose ; emporter avec soi ce qu’on a un temps posé, laissé. Il a repris le livre sur la table. N’oubliez pas de reprendre votre parapluie.
▪  Loc. et expr. fig. Reprendre la plume, se remettre à écrire. Reprendre les armes, recommencer la guerre, se soulever de nouveau. Reprendre le volant, se remettre à conduire. Reprendre les rênes, les commandes d’un parti, d’une entreprise, les diriger de nouveau ou en prendre le contrôle à la place d’un autre. Reprendre le harnais, reprendre le collier de misère ou, elliptiquement, le collier, se remettre au travail. Reprendre en main une affaire, s’en charger de nouveau ou remplacer celui qui en avait la responsabilité. Pron. Se reprendre en main, se donner une ligne de conduite après s’être laissé aller, avoir fait divers écarts.
▪  Par extension. Aller chercher quelqu’un à l’endroit où on l’a précédemment conduit. Attendez-moi, je vous reprendrai en passant.
2.  S’emparer d’une personne, d’un animal qui se sont enfuis, les capturer de nouveau ; surprendre quelqu’un au moment où il commet de nouveau une même faute. Reprendre un prisonnier évadé. Le lion qui s’était échappé du zoo a été repris. Il a été repris en train de voler, de mentir. Que je ne vous y reprenne plus ! Se dit aussi, surtout à la forme négative, lorsque quelqu’un se promet de ne plus être surpris, dupé. On ne m’y reprendra plus !
▪  Par extension. Conquérir de nouveau ; enlever à quelqu’un ce qu’il possédait, contrôlait. En 1815, Napoléon reprit le pouvoir pendant cent jours. Reprendre une position à l’ennemi. Reprendre des points à l’adversaire. Reprendre la tête de la course.
▪  Fig. La fièvre l’a repris. Il est repris par ses vieux démons. Sa manie le reprend. Fam. Ça le reprend.
3.  Se procurer de nouveau un bien, un service, moyennant paiement. Nous sommes nombreux, il faut reprendre du pain chez le boulanger. Ils ont repris un abonnement à l’opéra.
▪  Par extension. Engager, embaucher de nouveau quelqu’un, l’admettre une nouvelle fois en un lieu. Ils ont repris un maître d’hôtel. Après un tel incident, le lycée hésite à reprendre cet élève. Par analogie. Reprendre un chien, un chat, en adopter un nouveau.
▪  Fig. Se réinstaller dans un lieu, dans un emploi, un poste. Elle reprend toujours la même chambre dans cet hôtel. Reprendre ses fonctions après un long congé. Elle ne reprendra pas son travail ou, elliptiquement, elle ne reprendra pas avant Pâques.
4.  Se servir une nouvelle fois de quelque chose dont on a besoin ou envie. Reprendre une aspirine. Reprendre une part de gâteau. Reprendre du vin, du fromage.
▪  Spécialement. Emprunter une nouvelle fois un moyen de transport, une voie de communication. Reprendre sa voiture. Reprendre l’avion, le train. Reprendre son chemin, reprendre la route, la marche, repartir après un arrêt, une pause. Reprendre la mer. Marque de domaine : vènerie. Reprendre ses voies, en parlant des chiens, retrouver la voie après avoir fait fausse route.
5.  Retrouver la jouissance, le contrôle d’une faculté ; recouvrer ce que l’on a abandonné, perdu, laissé échapper. Il a repris ses esprits. Reprendre des forces, des couleurs. Reprendre son sang-froid. Reprendre conscience, connaissance. Reprendre haleine. Reprendre goût à quelque chose. Reprendre la parole.
▪  Loc. et expr. fig. Reprendre pied, se sortir d’une situation critique. Reprendre du poil de la bête (fam.), voir Poil. Reprendre le dessus, se remettre d’une maladie, d’un échec, d’une déception, etc. Reprendre le dessus, l’avantage sur quelqu’un, le dominer de nouveau dans un combat, un débat.
B.  Mener, conduire une affaire en prenant la suite, la place de quelqu’un. Il a repris l’étude de son père, l’entreprise familiale. Reprendre un commerce en difficulté.
▪  Par extension. Emprunter de quelqu’un ou de quelque chose, faire sien. Il a repris les méthodes de son prédécesseur. Je reprends cette opinion à mon compte. En parlant d’une chose. Un thème musical qui reprend un air populaire. L’anglais « pedigree » est repris du français « pied de grue ».
C.  Répéter une action, un propos, un geste ; recommencer une activité qui avait été interrompue. Reprendre en chœur un refrain. Reprendre une démonstration depuis le début. Par analogie. Marque de domaine : grammaire. Le sujet de la phrase est repris par un pronom personnel. Le pronom relatif reprend l’antécédent.
▪  Reprendre son ouvrage. Il reprit son récit là où il l’avait laissé. Il a repris le sport un mois après son accident. Reprendre une pièce de théâtre, un opéra, les jouer de nouveau dans la même mise en scène ou les monter une nouvelle fois. « Cyrano de Bergerac » sera repris à la rentrée. Reprendre une pièce du répertoire. Reprendre un rôle, le tenir après celui qui l’a créé ou précédemment joué. Par extension. La vie reprend son cours.
▪  Absolument. Se dit après une pause, une interruption dans la conversation. Reprenons ! S’emploie particulièrement dans des propos rapportés pour marquer que quelqu’un parle de nouveau. Il reprit en ces termes… Cela est vrai, reprit-il, mais…
D.  Retirer, enlever, prendre ce que l’on avait donné, confié, fourni. Reprendre ses vêtements chez le teinturier. Reprenez ce cadeau, je ne peux l’accepter. À la demande du Président, le Premier ministre a repris sa démission.
▪  Loc. et expr. Reprendre sa parole, retirer une promesse que l’on avait faite, renoncer à un engagement. Donner c’est donner, reprendre c’est voler, s’emploie plaisamment pour signifier qu’on ne peut demander la restitution d’un bien offert. Fig. et fam. Reprendre ses billes, supprimer sa participation à une affaire en récupérant son apport (on dit aussi Retirer ses billes).
▪  Par analogie. Marque de domaine : commerce. Accepter le retour, la restitution d’une marchandise et annuler ainsi sa vente. Reprendre les invendus. Ces articles ne seront ni repris ni échangés.
E.  Corriger.
1.  Revenir sur ce qui a été fait pour le modifier, le réparer ou le parfaire. Reprendre les coutures d’une jupe ou, par métonymie, reprendre une jupe. Reprendre une maille dans un tricot. Il a repris certaines parties de son tableau. Reprendre un manuscrit.
▪  Spécialement. Marque de domaine : architecture. Reprendre sous œuvre un bâtiment, un mur, voir Œuvre. – Marque de domaine : équitation. Reprendre les rênes, les tenir plus court et, fig., agir avec plus de fermeté envers quelqu’un. – Marque de domaine : marine. Tendre, raidir. Reprendre un hauban qui a pris du mou.
2.  Blâmer, critiquer quelqu’un pour ce qu’il a fait ou dit. Je l’ai repris pour l’insolence de sa remarque. Reprendre un élève de ses fautes de langue (vieilli). Par affaiblissement. Vous me reprendrez si je me trompe.
▪  Par métonymie. Je ne vois rien à reprendre dans son travail. Il trouve à reprendre à tout ce qu’on dit.

II.

II. Verbe intransitif.
1.  Recouvrer des forces, de la vigueur, redonner des signes de vitalité. Le rosier a bien repris après sa transplantation. Par extension. Ce malade reprend de jour en jour.
2.  Avoir de nouveau lieu après une interruption ; se développer de nouveau après une période de déclin. Après une longue grève, les cours ont repris à l’université. Le feu a repris de plus belle. Le commerce reprend, les affaires reprennent.

III.

III. Verbe pronominal.
1.  Se corriger en revenant sur ce qu’on a dit, rectifier son propos. Il a dit une sottise mais il s’est repris.
2.  Recouvrer la maîtrise de soi. Un moment décontenancée, elle s’est vite reprise.
3.  Recommencer à faire quelque chose, s’y remettre. Suivi d’un infinitif introduit par à. Nous nous reprîmes à rêver. Il se reprit à penser à elle. Avec le pronom adverbial y, dans la locution S’y reprendre à deux fois, à plusieurs fois, faire deux, plusieurs tentatives pour accomplir quelque chose. Elle s’y est reprise à trois fois pour faire démarrer la voiture.
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