rompre

ROMPRE

conjugaison verbe transitif et intransitif Conjugaison : (je romps, il rompt, nous rompons ; je rompais, nous rompions ; je rompis ; je romprai ; je romprais ; romps, rompons ; que je rompe ; que je rompisse ; rompant ; rompu).
Étymologie : xe siècle. Issu du latin rumpere, de même sens.

I.

I. Verbe transitif.
1.  Séparer une chose en deux ou plusieurs parties, briser. Rompre un bâton, une baguette. Le vent a rompu le grand mât. La jument a rompu sa bride. Rompre un sceau, le cachet d’une lettre. Le fleuve rompit ses digues. Pron. Il ne faut pas trop charger cette poutre, de peur qu’elle ne se rompe.
▪ Marque de domaine : militaire. Rompre les faisceaux, les défaire pour reprendre les fusils. Rompre les rangs ou, simplement, rompre, en parlant de la troupe, se disperser après avoir accompli une manœuvre, reçu un ordre, etc. Rompez ! commandement ordonnant cette dispersion ou formule par laquelle un supérieur congédie un soldat. Rompre la ligne, voir Ligne. Rompre les lignes ennemies, les percer, mettre l’ennemi en déroute.
▪ Loc. adv. fig. À tout rompre, avec force, avec violence. Applaudir à tout rompre. Son cœur battait à tout rompre.
▪ Expr. Rompre une lance, des lances, voir Lance. Rompre en visière (fig. et vieilli), par allusion au chevalier qui brisait sa lance dans la visière de son adversaire lors d’un tournoi, dire à quelqu’un, en face et brusquement, quelque chose de désagréable, le contredire ouvertement. Il ne peut s’empêcher de rompre en visière à tout le monde, avec tous ses amis. Rompre le pain, partager le pain à la main ; dans la liturgie chrétienne, accomplir la fraction du pain lors de l’eucharistie. Rompre ses amarres, les amarres, en parlant d’un bateau, se détacher brusquement du point d’amarrage ; fig., en parlant d’une personne, quitter son point d’attache et, par extension, défaire les liens qu’on avait noués. Fig. Rompre la paille (vieilli), voir Paille. Rompre la glace, dissiper la gêne, la contrainte qui règne au début d’une rencontre, d’une conversation. Rompre ses fers, ses chaînes, ses liens, s’affranchir, se dégager d’un attachement. Rompre sa gourmette (fam.), voir Gourmette. Rompre les os à quelqu’un, le battre violemment, le rouer de coups. Rompre la tête, la cervelle à quelqu’un, faire trop de bruit autour de lui ou l’importuner par ses discours. Se rompre l’échine, le cou, les reins, les os, faire une chute brutale, se blesser gravement ; connaître un échec sévère, une défaite dont on aura du mal à se relever.
▪ Par métonymie. Soumettre une personne au supplice de la roue. Condamné par arrêt à être rompu. Convaincu d’infanticide, Jean Calas, que défendit Voltaire, fut rompu vif à Toulouse en 1762.
▪ Fig. Fatiguer quelqu’un à l’extrême, l’accabler. Ce voyage m’a rompu. Le chagrin, la douleur les avait rompus.
2.  Arrêter quelque chose dans son mouvement, le détourner de sa direction. Rompre un cours d’eau, rompre les vagues par un brise-lames. Les haies rompent le vent.
▪ Par extension. Marque de domaine : cuisine. Rompre la pâte, arrêter pour un temps la fermentation de la pâte qui lève, en la repliant plusieurs fois sur elle-même. – Marque de domaine : vènerie. Rompre les chiens, les rappeler pour les empêcher de suivre la voie d’un animal de chasse et, fig., interrompre une conversation ou une discussion que l’on juge mal engagée, la dévier. Le sujet était délicat, quelqu’un a opportunément rompu les chiens.
3.  Suspendre le cours d’une chose, d’une action, faire cesser un état, une situation ; mettre fin à un engagement qu’on avait pris. Rompre des négociations, des relations diplomatiques. Ils ont rompu tout commerce. Le charme est rompu. Rompre la mesure d’un vers, rompre la cadence. Rompre le silence. Rompre le jeûne. Rompre ses vœux. Ils ont rompu leurs fiançailles.
▪ Spécialement. Marque de domaine : peinture. Rompre une couleur, la mêler à une autre teinte pour en varier l’effet ou en adoucir l’éclat.
4.  Suivi de la préposition à. Exercer quelqu’un à quelque chose, l’y accoutumer par une pratique longue et rigoureuse. On l’a mis à ce poste pour le rompre aux affaires. Pron. Il s’est rompu à l’exercice du calcul mental.

II.

II. Verbe intransitif.
1.  Se casser en deux ou plusieurs parties. La corde a rompu. Les branches rompent sous le poids des abricots.
▪ Prov. Mieux vaut plier que rompre, par allusion à la fable de La Fontaine « Le Chêne et le Roseau », une concession est parfois préférable à une résistance obstinée.
2.  Briser des liens d’amitié, d’affection ou, plus souvent, un attachement amoureux, la liaison que l’on entretenait avec quelqu’un. Rompre avec sa famille. Après une longue réflexion, il s’est décidé à rompre. Ils ont rompu, ils se sont séparés.
▪ Par analogie. Rompre avec la tradition, avec ses habitudes. Rompre avec son passé.
 Titre célèbre : Le Plaisir de rompre, de Jules Renard (1897).
3.  Marque de domaine : escrime. Reculer, se mettre hors d’atteinte.
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