religion

RELIGION

nom féminin
Étymologie : xiie siècle, au sens de « monastère ; état monastique », puis d’« ensemble de croyances ». Emprunté du latin religio, « scrupule, respect », puis « croyance religieuse, religion ».
1.  Ensemble de relations qu’établissent et entretiennent les individus avec des forces ou des êtres auxquels ils attribuent une réalité surnaturelle et un caractère sacré. Science et religion. Philosophie de la religion. « La religion est l’opium du peuple », expression tirée de la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, de Karl Marx.
▪  Par extension. Système de croyances et de pratiques spirituelles propres à une communauté dont les membres partagent la même foi. Embrasser, adopter, professer, pratiquer une religion. Abjurer, renier sa religion. Les croyants, les fidèles d’une religion. Les ministres d’une religion. L’histoire des religions. Le Proche-Orient est considéré comme un carrefour de religions.
▪  Religion monothéiste, polythéiste. Religion animiste, fétichiste. La religion des anciens Égyptiens, des Grecs, des Romains, des Celtes. Religions à mystères, voir Mystère. La religion des Incas, des Mayas.
▪  La religion chrétienne, du Christ ou de Jésus-Christ. La religion juive, judaïque, israélite, la religion de Moïse. La religion musulmane, islamique, la religion de Mahomet. La religion védique, brahmanique, hindoue.
▪  Au sein du christianisme. Les religions catholique, orthodoxe, protestante. La religion anglicane. La religion réformée, désigne, à partir du xvie siècle, le protestantisme et en particulier le calvinisme (on a dit aussi péjorativement, au xviie siècle, la religion prétendue réformée ou, par abréviation, la R.P.R.). Religion luthérienne ou de Luther, calviniste ou de Calvin.
▪  Loc. Religion révélée, dont les dogmes sont fondés sur la manifestation directe de la pensée et de la volonté de Dieu. Religions du Livre, désigne, dans la langue courante, les religions fondées sur des textes sacrés contenant une révélation. Le judaïsme, le christianisme et l’islam sont dits religions du Livre. Religion d’État, reconnue comme officielle par un État qui lui confère un statut privilégié, voire exclusif.
▪  S’emploie aussi au sens de Piété, dévotion. Avoir de la religion. C’est un homme sans religion, qui a beaucoup de religion.
  Titre célèbre : Les Deux Sources de la morale et de la religion, d’Henri Bergson (1932).
2.  Absolument. Désignait naguère le catholicisme, la foi catholique, par opposition aux croyances de ceux qui, ne reconnaissant pas la foi de l’Église, étaient jugés hérétiques, infidèles, ou par opposition à l’athéisme, ou au libertinage au sens classique du terme. Ce prince fut le rempart de la religion. Les serviteurs de la religion, de la vraie religion. S’écarter de la religion. Il a été élevé dans la religion. Les secours de la religion, les sacrements. Il est mort privé des secours de la religion.
▪  Avec une majuscule, a parfois désigné le protestantisme. Il est de la Religion. Marque de domaine : histoire. Les guerres de Religion, les luttes armées qui opposèrent catholiques et protestants dans la seconde moitié du xvie siècle en France.
▪  S’emploie encore aujourd’hui pour désigner l’état des religieux qui ont fait vœu de consacrer leur vie à Dieu en suivant une règle approuvée par l’Église. Entrer en religion. Vœux de religion, voir Vœu. Nom de religion, que les religieux et religieuses prennent ou reçoivent en entrant dans certains ordres. Edith Stein prit comme nom de religion celui de sœur Thérèse Bénédicte de la Croix. Par métonymie. Très vieilli. Maison religieuse, monastère, couvent. Prêcher dans des religions. A aussi désigné l’ordre de Malte. Ce chevalier avait servi longtemps la religion. Les galères de la religion.
3.  Par analogie. Système spéculatif construit autour de la notion d’Être suprême. Religion naturelle, expression employée au xviiie siècle pour désigner, par opposition aux religions établies, une doctrine selon laquelle, par le libre exercice de sa raison et indépendamment de toute révélation, l’homme postule nécessairement l’existence d’un Dieu créateur et providentiel, l’immortalité de l’âme, le caractère infaillible de la conscience morale. La croyance en la loi naturelle est un des fondements de la religion naturelle. La religion positiviste ou religion de l’Humanité, au xixe siècle, système d’Auguste Comte et de ses disciples instaurant une religion universelle qui accueillerait tous ceux qui contribuent au progrès et rendrait un culte au « Grand-Être », terme désignant l’ensemble de la société humaine. Au xxe siècle, on a employé l’expression « religion séculière » pour désigner certaines idéologies politiques.
4.  Fig. Sentiment de respect, d’obligation scrupuleuse envers ce à quoi on confère une valeur suprême, un caractère presque sacré. Avoir la religion du travail, de l’amitié. Il observe avec religion toutes vos prescriptions. Expr. Se faire une religion de quelque chose ou, vieilli, faire, se faire un point de religion de quelque chose, s’en faire un devoir rigoureux. Il tient au secret, il en fait un point de religion.
▪  Par extension. Avis, opinion. Ma religion est faite sur ce point. Éclairer la religion du tribunal, lui apporter les précisions qui permettent de juger en connaissance de cause. Ce nouveau témoignage a ébranlé la religion des juges.
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