1. Phénomène produit par l’embrasement de matières inflammables.
La conquête, la maîtrise du feu par les hommes de la Préhistoire. Selon les mythes antiques, le feu, d’origine divine, avait été dérobé aux dieux par Prométhée. Dans l’Antiquité, le feu était considéré comme un des quatre éléments, avec l’air, la terre et l’eau. Le culte du feu. Faire du feu, allumer du feu. Mettre le feu à quelque chose, l’enflammer, provoquer sa combustion.
Loc. Mise à feu, allumage.
La mise à feu d’un haut-fourneau. La mise à feu des moteurs d’une fusée. Mise en feu, ensemble des opérations qui précèdent l’allumage des feux d’un foyer de chaudière, de four.
▪ religion chrétienne. Feu nouveau, qu’on allume et qu’on bénit, au début de la vigile pascale.
▪ Expr. Prendre feu, entrer en combustion vive et, fig., s’enthousiasmer ou s’irriter à l’occasion d’une discussion, d’une controverse ou, spécialement, se trouver subitement entraîné par une passion amoureuse. Faire feu, se dit d’un corps qui, sous l’effet d’une percussion, produit des étincelles. Les fers des chevaux font souvent feu sur le pavé. Fig. Faire feu des quatre pieds, des quatre fers, agir ou réagir avec vigueur. C’est le feu et l’eau, ce sont deux choses tout à fait contraires et incompatibles, deux personnes aux tempéraments opposés.
▪ Spécialement. Flamme à laquelle on allume une cigarette, une pipe et, par métonymie, ce qui produit cette flamme. Demander, donner du feu à son voisin. Avez-vous du feu ?
▪ Par analogie. Le feu du ciel, la foudre. Le feu des volcans. Anciennement. Feu central, masse de matières en fusion qu’on supposait exister au centre du globe terrestre. écriture sainte. L’épée de feu des chérubins qui gardent l’entrée du paradis terrestre. Pluie de feu. Lettres de feu. Langues de feu, qui manifestent la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, le jour de la Pentecôte.
Titre célèbre : La Guerre du feu, de Rosny aîné (1911).
2. Ensemble de matières combustibles enflammées.
Feu de bois, de sarments, de charbon. Du bois de feu, destiné au chauffage.
Un grand feu, un bon feu flambait dans la cheminée. Allumer, attiser, entretenir le feu. S’approcher du feu. S’asseoir près du feu. Jeter quelque chose au feu, le détruire en le faisant brûler.
histoire. Supplice du feu ou, elliptiquement, feu, supplice qui consistait à brûler vif le condamné.
Jeanne d’Arc fut condamnée au feu. Épreuve du feu, au Moyen Âge, épreuve judiciaire dans laquelle l’accusé prouvait son innocence en supportant le feu sans trace de brûlure.
▪ Fig. religion chrétienne. Le feu, les feux de l’enfer, les supplices de l’enfer. Le feu, les feux du purgatoire, les peines que souffrent les âmes du purgatoire.
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Expr. Un feu d’enfer, un feu à rôtir un bœuf, très vif.
Prendre l’air du feu, un air de feu (vieilli), s’approcher du feu un instant.
Feu de bivouac, feu de camp. Feu de joie, qu’on allume en plein air à l’occasion de certaines fêtes ou réjouissances.
Les feux de la Saint-Jean. Fig. Feu de paille, sentiment, élan soudain et éphémère.
Sa passion n’aura été qu’un feu de paille. Faire feu de tout bois, avoir recours à tous les moyens possibles pour atteindre son but.
Faire feu qui dure (vieilli), ménager son bien ou sa santé.
Tirer les marrons du feu, par allusion à la fable de La Fontaine « Le Singe et le Chat », s’exposer à des risques au profit d’autrui
et, par extension, se dit aussi de celui qui se tire habilement d’affaire, qui sauvegarde adroitement ses intérêts.
J’en mettrais ma main au feu, j’en ai la conviction absolue, j’en répondrais à mes risques et périls.
Il se jetterait au feu, dans le feu pour elle, il ferait tout pour lui prouver son dévouement.
Prov. Il n’y a point, il n’y a pas de fumée sans feu, toute rumeur contiendrait un fond de vérité.
Le bois tortu fait le feu droit, voir Bois.
▪
Par métonymie. Lieu où l’on allume, où l’on entretient un foyer ; âtre, cheminée.
Chambre à feu (vieilli), pièce où il y a une cheminée.
Plaque de feu, plaque de fer ou de fonte qu’on applique au fond de l’âtre.
Garniture de feu, ensemble d’instruments garnissant le foyer et servant à l’entretien du feu.
Le coin du feu, voir Coin. Expr. N’avoir ni feu, ni lieu, n’avoir pas de domicile fixe, vagabonder.
▪ Par extension. Ensemble des personnes réunies dans un même foyer. Il y avait cent feux dans cette bourgade. Ce village ne compte plus que cinq feux.
3. Foyer où l’on entretient une combustion vive et persistante ; la chaleur dégagée par cette combustion et employée pour diverses activités.
Mettre une casserole sur le feu. Les feux d’une cuisinière, ses brûleurs.
Pot-au-feu, voir ce mot. Le feu d’une forge, d’une verrerie, d’une chaudière. Du fer rougi, blanchi au feu. Mettre les fers au feu, avoir plusieurs fers au feu (fig.), voir Fer I. Les arts du feu, les activités artisanales dont les productions sont soumises à une forte chauffe (céramique, émail, verre, porcelaine).
Faïence de grand feu, cuite à haute température.
▪ Loc. Coup de feu, hausse brutale de la température de cuisson. Par métonymie. Défaut d’un objet qui a été exposé à un feu trop vif. Cette pièce de poterie a un coup de feu. Par analogie. Surchauffe accidentelle d’un plat. Le rôti a eu un coup de feu. Spécialement. Moment où l’on avive le feu pour donner aux mets le dernier degré de cuisson et, par extension, moment de grande presse, où l’on est le plus occupé. C’est le coup de feu.
▪ Loc. adv. À feu doux, à feu modéré, à petit feu, à température modérée. Faire cuire une sauce à feu doux. À feu vif, à haute température. Fig. À petit feu, lentement, progressivement. Cette entreprise meurt à petit feu.
▪ marine. Pousser les feux, activer la combustion dans les chaudières pour augmenter la vitesse du bâtiment. Mettre bas les feux, éteindre les foyers des chaudières.
4.
médecine. Anciennement. Corps en ignition ou substance caustique qui servait à cautériser. Appliquer le feu à une plaie. Pointes de feu, cautère chauffé au rouge que l’on applique dans l’espoir de combattre une inflammation locale.
5. Flamme, combustion destructrice ; incendie.
Le feu est à la grange. Le feu avait couvé pendant plusieurs jours. Le feu a gagné le toit. On a mis le feu à cette maison. La ville était en feu. Des feux de forêt. Allumer un feu de brousse. Au feu ! exclamation pour appeler à combattre un incendie.
Crier au feu, appeler à l’aide, jeter l’alarme.
Courir au feu. Se rendre maître du feu. Feu de cheminée, embrasement de la suie dans un conduit de cheminée.
Les soldats du feu, les pompiers.
Spécialement. Feu grégeois, voir Grégeois.
▪
Expr. Craindre comme le feu, extrêmement.
Faire la part du feu, laisser brûler ce qu’on désespère de sauver des flammes, afin de préserver ce qui n’est pas encore atteint
et, fig., sacrifier quelque chose pour ne pas tout perdre.
On y court comme au feu (vieilli), se disait de ce qui attire, toute affaire cessante, une grande affluence de spectateurs, de curieux.
Fig. Jouer avec le feu, s’exposer, comme par plaisir, à un risque, à un danger.
Jeter de l’huile sur le feu, attiser la désunion, la discorde.
Le feu couve sous la cendre, voir Cendre. Il n’y a pas le feu à la maison ou, elliptiquement et fam., Il n’y a pas le feu, rien ne presse.
Mettre un pays à feu et à sang, le ruiner par les destructions et les atrocités de la guerre.
Conquérir par le fer et par le feu, par les moyens les plus violents.
Mettre le feu à, mettre en feu, provoquer en un lieu des troubles, mouvements populaires, séditions, conflits armés, etc.
On fit courir des bruits qui mirent le feu à la ville, qui mirent la ville en feu. Cet évènement mit le feu à l’Europe, mit toute l’Europe en feu.