relever

7e édition

RELEVER.

v. a.
■  Remettre debout ce qui était tombé ; remettre une chose dans la situation où elle doit être, une personne dans son attitude naturelle. Relever une chaise qu’on a fait tomber. Relever une statue, une colonne qui est renversée. Relevez cet enfant qui est tombé. Cette femme se jeta aux pieds du roi, qui la releva avec bonté.
En termes de Marine, Relever un bâtiment, Le remettre à flot. Relever l’ancre, La changer de place, la mettre dans une autre situation.
Au Jeu, Relever les mains ou levées qu’on a faites, Ramasser les cartes qui ont été jouées, les retourner et les mettre devant soi. Relever les cartes, Les rassembler, réunir le jeu.
Relever, avec le pronom personnel, Se remettre dans sa situation naturelle, se redresser. Le navire, qui penchait, se releva lentement. On avait couché la tige de cette plante, elle s’est relevée d’elle-même.
Il signifie particulièrement, Se remettre sur ses pieds. Je me trouvai mal étant à genoux, et j’eus beaucoup de peine à me relever. Voilà un enfant qui est tombé, aidez-lui à se relever.
Il signifie absolument, Sortir de nouveau du lit ; Se lever du lit par quelque motif extraordinaire, et pour se recoucher aussitôt. Il a été obligé de se relever quatre fois cette nuit. Il ne saurait demeurer dans le lit, il se relève à tout moment. Ce portier s’est relevé dix fois dans la nuit pour ouvrir la porte.
Neutralement, Relever de maladie, Commencer à se porter mieux, en sorte qu’on n’est plus contraint de garder le lit. Il relève d’une grande maladie. Il ne fait que de relever de sa dernière maladie.
On ne croit pas qu’il en relève, il n’y a pas apparence qu’il relève de là, se dit en parlant D’un homme bien malade, et qu’on croit qui n’en réchappera pas.
Cette femme relève de couches, Elle est rétablie de ses couches, elle ne garde plus le lit, elle commence à sortir.
Relever, signifie aussi, Rétablir ce qui était tombé en ruine, ce qui était fort dégradé. Faire relever des murailles. Relever des fortifications. Relever un fossé.
Fig., Relever une maison, une famille, La remettre dans l’opulence, dans l’éclat où elle a été. Le père avait ruiné sa maison, le fils l’a relevée. Il lui fallait une grande alliance pour relever sa maison.
Fig., Relever quelqu’un, Le retirer de l’état malheureux où il était tombé.
Fig., Cela l’a bien relevé, se dit D’un homme à qui il est arrivé quelque grande fortune.
Fig., Relever le courage, relever les espérances de quelqu’un, Exciter, ranimer son courage, faire revivre ses espérances. La nouvelle de cet heureux succès releva le courage de nos troupes et les espérances des peuples.
Fig., Se relever de quelque perte, de quelque échec, etc., Se remettre de quelque perte, etc. Cette perte, cette banqueroute l’a accablé, il ne pourra jamais s’en relever. Pensez-vous qu’il s’en puisse relever ? Ils eurent quelque peine à se relever d’une pareille défaite. Cette monarchie s’était relevée de ses malheurs.
Fig., Se relever d’un état d’abaissement, de décadence, etc., ou absolument, Se relever, Sortir d’un état d’abaissement, de décadence, etc. Cet empire parut, un moment, près de se relever. Leur puissance tomba pour ne plus se relever.
Fig., Cette pièce, qui était presque tombée à la première représentation, s’est relevée aux représentations suivantes, Elle y a obtenu du succès.
Relever, signifie aussi, Trousser, retrousser. Relevez votre robe, votre manteau. Relever les bords d’un chapeau. Il faut relever et attacher avec un peigne les cheveux de cet enfant.
Relever, signifie encore, Hausser, rendre plus haut. Ce terrain est trop bas, il faut le relever de trois pieds. Il faut relever ce plancher pour le mettre au niveau du palier de l’escalier.
Relever sa tête, la tête, La lever, la hausser lorsqu’elle était baissée. Relever la tête, signifie, au figuré, Reprendre du courage, de l’audace. Cette faction, qu’on croyait abattue, relève la tête.
Relever la moustache avec le fer, La retrousser avec un fer chaud, afin d’empêcher qu’elle ne retombe sur les lèvres.
Fig. et pop., Relever la moustache à quelqu’un, Réprimer un homme qui fait le capable ou le méchant. Il faisait l’entendu, mais il a trouvé un homme qui lui a bien relevé la moustache. Je lui relèverai bien la moustache.
Relever, se dit absolument, en termes de Manège, Des chevaux qui ont le galop élevé, qui lèvent les pieds très haut en galopant. Les chevaux anglais ne relèvent point.
Relever un cheval, Le soutenir de la main et de l’éperon pour lui faire porter la tête plus haute et l’asseoir sur les hanches.
Relever, signifie aussi, Donner un goût plus piquant, un plus haut goût à des assaisonnements, à des ragoûts, à des sauces. Le vinaigre, le jus de citron, etc., relèvent une sauce. Il manque à ce ragoût quelque chose qui le relève.
Il se dit figurément, dans un sens analogue, en parlant Des ouvrages d’esprit. Il faut que le style soit simple, mais non sans quelque agrément qui le relève. Son ouvrage est d’une insipidité que ne relève aucun mot fin, aucun trait spirituel.
Relever, signifie au figuré, Faire paraître davantage une chose, lui donner plus de relief, plus d’éclat. La parure relève la bonne mine. Ces boutons relèvent bien votre habit. Cette garniture relève bien votre robe. Les ombres relèvent un tableau, relèvent l’éclat des couleurs, des lumières. Sa modestie relève toutes ses autres qualités. Ses pensées ont une noblesse que l’éclat de son style relève encore.
Relever en broderie, Rehausser de broderie le fond de quelque étoffe.
Relever sa condition, son état, sa fortune, Augmenter sa dignité, ses richesses. Relever sa condition, sa dignité, sa charge, Honorer sa condition, sa dignité, donner du lustre, de l’éclat aux fonctions qu’on remplit. Il a bien relevé sa charge par son mérite personnel.
Relever, signifie aussi figurément, Faire valoir, louer, exalter une chose. Relever une bonne action, en relever le mérite. Vous relevez trop le peu que j’ai fait. Il ne sait relever les qualités de ses amis qu’en rabaissant celles des autres.
Il signifie encore, Faire remarquer ; et il se dit en bonne et en mauvaise part. Il se plaît à relever les beautés d’un ouvrage, au lieu d’en faire remarquer les défauts. Cette parole avait été dite sans mauvais dessein, elle ne méritait pas d’être relevée. Relever les fautes d’un écrivain, d’un auteur. Il a dit mille choses spirituelles que personne n’a relevées.
Relever un mot piquant, etc., Répondre vivement à celui qui l’a dit. Il m’a décoché une épigramme, mais je l’ai bien relevée.
Fig., Relever quelqu’un, Le reprendre avec aigreur, en lui faisant voir qu’il a parlé mal à propos. Il avait avancé une proposition choquante, mais on l’a bien relevé.
Fam., Relever quelqu’un du péché de paresse, L’obliger, par des menaces, des reproches et des ordres pressants, à travailler, à mieux remplir ses devoirs.
En termes de Vénerie, Relever un défaut, ou simplement, Relever, Retrouver la voie que l’on avait perdue.
Relever, en termes d’Hydrographie, Déterminer, au moyen du compas de mer ou autrement, la position d’un objet que l’on aperçoit. Relever un cap, un vaisseau à telle aire de vent, à telle partie de l’horizon. Relever par le travers, par le bossoir, etc. On le dit quelquefois, en termes d’Arpentage, Des opérations analogues qui se font sur terre, avec la planchette, avec la boussole.
Relever, en termes de Guerre, signifie, Remplacer, mettre un nouveau corps de troupes à la place d’un autre. Relever la garde. Relever de garde une compagnie. On vient de relever la garde chez le roi. On va relever de garde cette compagnie ; et absolument, On vient de relever cette compagnie. p. 612Dans le même sens, Relever la tranchée, relever les postes.
Il se dit pareillement Du corps, de la troupe même qui succède à une autre dans un poste. Cette troupe va relever telle compagnie. Nous avons été relevés par les grenadiers.
Relever une sentinelle, un factionnaire, et, Relever de sentinelle, Ôter un soldat qui est en sentinelle, et en mettre un autre à sa place. C’est au caporal à relever les sentinelles. Cela se dit également Du soldat qui prend la place de celui qu’on ôte de sentinelle. C’est un tel qui a relevé son camarade de sentinelle ; et absolument, C’est lui qui a relevé un tel.
En termes de Marine, Relever le quart, le timonier, etc., Les changer.
En termes de Cuisine, Relever un service par un autre, Desservir les plats qui sont sur la table, pour en servir d’autres. On releva les grosses pièces et les entrées par des rôts et des entremets délicats.
Relever, se dit, par extension, en parlant De toute occupation dans laquelle on remplace une autre personne. Je suis fatigué de lire, relevez-moi.
Il s’emploie quelquefois, dans le même sens, comme verbe réciproque. Nous nous relevions d’heure en heure.
Relever, en termes de Jurisprudence, Libérer d’un engagement, d’un contrat, lequel est déclaré nul ou cassé pour cause de lésion ou d’une nullité de fait ou de droit. Il n’appartenait qu’au prince de relever quelqu’un d’un contrat. On prenait des lettres au sceau pour se faire relever de quelque acte. Tout mineur lésé est en droit de se faire relever des actes qu’il a passés en minorité. Il fut relevé de ce contrat, de cette obligation.
Se faire relever de ses vœux, Faire déclarer ses vœux nuls. On dit de même, Relever quelqu’un d’un serment.
Relever quelqu’un d’une interdiction, Lever l’interdiction portée contre lui.
En termes d’ancienne Pratique, Relever un appel, signifiait, Se faire autoriser, par lettres du sceau ou par un arrêt, à poursuivre l’appel qu’on avait interjeté d’une sentence. Il fit relever son appel dans tel temps.
Relever, en termes de Jurisprudence féodale, signifiait, Être dans la mouvance d’une seigneurie, dans la féodalité d’un seigneur. En ce sens, il est neutre, et il se disait tant Des terres et des fiefs, que Des personnes. Ce fief, cette terre relevait de telle seigneurie, de tel seigneur. C’était une fort belle terre, qui ne relevait que du roi. Il relevait d’un tel, à cause de sa terre de…
Relever un fief d’un seigneur, Reconnaître avec les formalités requises qu’un fief était mouvant de lui. Il fit saisir le fief de Paul, faute par celui-ci de l’avoir relevé. Dans cette phrase, Relever est actif.
Relever, neutre, signifie, par extension, Être dans une sorte de dépendance de quelqu’un, ressortir de. Celui de qui relèvent tous les empires. Il veut ne relever de personne. Cette administration relève de telle autre.
Relevé, ée. part. passé.
En termes de Sculpture et de Broderie, Des ouvrages relevés en bosse, Des ouvrages de relief qui sont attachés à un fond.
Fig., Être d’une condition relevée, Être de grande qualité. Avoir des sentiments relevés, Avoir des sentiments nobles, généreux. On dit plus ordinairement, Avoir des sentiments élevés.
Une pensée relevée, Une pensée noble, élevée. Un sujet relevé, une matière relevée, Une matière qui, par la grandeur de son objet, est au-dessus de la portée du commun des hommes.
Un ragoût, une sauce d’un goût relevé, Un ragoût, une sauce d’un haut goût.
En termes de Manège, Les airs relevés, La pesade, le mésair, la courbette, la croupade, la ballottade, la cabriole, le pas, et le saut.
Relevé, est aussi substantif masculin, et se dit de L’extrait des articles d’un compte, d’un inventaire, d’un registre, qui sont relatifs à un même objet. Faire un relevé de compte. Voici le relevé du compte que vous demandez. J’ai fait le relevé des sommes qui vous sont dues. Faire le relevé des meubles compris dans l’inventaire général d’une succession. Le relevé des naissances, des mariages, etc., est fait d’après les registres de l’état civil.
Faire le relevé de toutes les fautes de grammaire d’un ouvrage, de tous les passages remarquables d’un auteur, etc., En faire une liste, un état.
Relevé, signifie encore, L’ouvrage que fait un maréchal en levant le fer d’un cheval, et en le rattachant. Un fer neuf n’est pas nécessaire, il ne faut qu’un relevé.
Relevé, en termes de Cuisine, se dit Des services ou des mets qui en remplacent d’autres. Un relevé de potage.
Relevé, en termes de Vénerie, Le temps où la bête sort du lieu où elle a passé le jour, pour aller repaître. Guetter, épier le relevé.
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