relever

5e édition

RELEVER.

v. a.
■  Remettre debout ce qui étoit tombé ; remettre les choses dans leur situation, et les personnes dans leur attitude naturelle. Relever une chaise qu’on a fait tomber. Relever une statue, une colonne qui est renversée. Voilà un enfant qui est tombé, aidez-lui à se relever. Cette femme se jeta aux pieds du Roi, qui la releva avec bonté. Je me trouvai mal étant à genoux, et j’eus beaucoup de peine à me relever.
On dit absolument, Se relever, pour, Se lever du lit ; et il ne se dit que quand c’est par accident qu’on se lève, et pour se remettre aussitôt au lit. Il a été obligé de se relever quatre fois cette nuit. Il ne sauroit demeurer dans le lit, il se relève à tout moment.
On dit, Relever de maladie, pour, Commencer à se porter mieux, en sorte qu’on n’est plus contraint de garder le lit. En ce sens il est neutre. Il relève d’une grande maladie. Il ne fait que de relever de sa dernière maladie. Et en parlant d’Un homme bien malade, et qu’on croit qui n’en réchappera pas, on dit, qu’On ne croit pas qu’il en relève, qu’il n’y a pas apparence qu’il relève de là. On dit aussi au neutre, d’Une femme, qu’Elle ne fait que relever de couches, et absolument, qu’Elle ne fait que de relever, pour, que C’est alors seulement qu’elle commence à sortir depuis ses couches.
On dit en termes de Marine, Relever un vaisseau, Le remettre à flot ; et, Relever l’ancre, La changer de place, la mettre dans une autre situation.
On dit au jeu, Relever les cartes, Les remettre dans l’état où il faut qu’elles soient pour jouer un nouveau coup ; et, Relever les mains qu’on a faites, Ramasser les cartes qui ont été jouées, les retourner et les mettre devant soi.
Relever, signifie aussi, Rétablir ce qui étoit tombé en ruine. Faire relever des murailles. Relever des fortifications. Relever un fossé.
On dit figurément, Relever une maison, une famille, pour, La remettre dans l’opulence, dans l’éclat où elle a été. Le père avoit ruiné sa maison, le fils l’a relevée. Il lui faut une grande alliance pour relever sa maison presque avilie par plusieurs mariages peu sortables. Et on dit d’Un homme à qui il est arrivé quelque grande fortune, que Cela l’a bien relevé.
On dit aussi figurément, Se relever de quelque perte, pour, Se remettre de quelque perte. Cette perte, cette banqueroute l’a accablé, il ne pourra jamais s’en relever. Pensez-vous qu’il s’en puisse relever ?
On dit encore figurément, Relever le courage, relever les espérances de quelqu’un, Exciter, ranimer son courage, faire revivre ses espérances. La nouvelle de cet heureux succès releva le courage de nos troupes, et les espérances des peuples.
Relever, signifie encore, Hausser, rendre plus haut. Ce terrain est trop bas, il faut le relever de trois pieds. Il faut relever ce plancher pour le mettre au niveau du palier de l’escalier.
On dit, Relever en broderie, pour, Rehausser de broderie le fond de quelque étoffe. Et en termes de Sculpture, en parlant Des ouvrages de relief qui sont attachés à un fond, on dit, qu’Ils sont relevés en bosse.
On dit, Relever la moustache avec le fer, pour, La retrousser avec un fer chaud, afin d’empêcher qu’elle ne retombe sur les lèvres. Et figurément, en parlant De quelqu’un qui fait le méchant, on dit, qu’On lui relevera bien la moustache, pour faire entendre, qu’On saura bien le réprimer. Il faisoit l’entendu, mais il a trouvé un homme qui lui a bien relevé la moustache. Il est populaire.
On dit figurément, Relever sa condition, son état, sa fortune, pour, Augmenter sa dignité, ses richesses. Et l’on dit aussi, Relever sa condition, son Ordre, sa Charge, pour, Honorer sa condition, son Ordre, donner du lustre et de l’éclat à sa Charge. Il a bien relevé sa Charge par son mérite personnel.
On dit aussi figurément, Relever une chose, une action, pour, La faire valoir, la louer, l’exalter. Relever une bonne action, en relever le mérite. Vous relevez trop le peu que j’ai fait.
On dit dans un sens approchant, que La parure relève la bonne mine, que Des boutons de diamant relèvent un habit, que Les ombres relèvent bien un tableau. Et l’on dit, que Le vinaigre, le jus de citron, etc. relèvent une sauce, pour dire, qu’Ils la rendent plus piquante. Il manque à ce ragoût quelque chose qui le relève. Cela se dit figurément du style. Il faut que le style soit simple, mais non sans quelque agrément qui le relève.
Relever un mot, relever quelque chose qu’on a dit, signifie, Le faire remarquer, et pour l’ordinaire, à maligne intention. Cette parole avoit été dite sans mauvais dessein, elle ne méritoit pas d’être relevée.
On dit encore, Relever les fautes d’un Auteur, d’un Écrivain, pour dire, Les remarquer et les faire connoître. Et l’on dit, qu’On a bien relevé un mot qui étoit échappé à quelqu’un, pour dire, qu’On a répondu vivement à celui qui l’avoit dit.
Relever, en termes de Guerre, signifie, Remplacer, mettre un nouveau corps de troupes à la place d’un autre. Relever la garde. Relever de garde une Compagnie. On vient de relever la garde p. 455chez le Roi. On va relever de garde cette Compagnie ; et absolument, On vient de relever cette Compagnie. On dit dans le même sens, Relever la tranchée, relever les postes.
On dit aussi, Relever une sentinelle, et, Relever de sentinelle, pour dire, Ôter un soldat qui est en sentinelle, et en mettre un autre en sa place. C’est au Caporal à relever les sentinelles.
Il se dit aussi Du soldat même qui prend la place de celui qu’on ôte de sentinelle, et pareillement Du corps de troupes qui succède à un autre dans le même poste. C’est un tel qui a relevé son camarade de sentinelle ; et absolument, C’est lui qui a relevé un tel. C’est une telle Compagnie qui doit relever telle autre troupe.
On dit figurément et proverbialem. Relever quelqu’un de sentinelle, pour dire, Lui faire voir par quelque forte réprimande, qu’il a dit ou fait quelque chose mal à propos. Et on dit aussi simplement, Relever quelqu’un, pour, Le reprendre avec aigreur en lui faisant voir qu’il a parlé mal à propos. Il avoit avancé une proposition téméraire, mais on l’a bien relevé.
On dit aussi, Relever quelqu’un du péché de paresse. Voy. Paresse.
On dit, Relever un service, pour dire, Desservir les plats qui sont sur la table, pour en servir d’autres. On releva le rôti par un entremets délicat.
Relever, en termes de Pratique, signifie, Restituer, remettre en son entier, remettre en pouvoir de faire quelque chose nonobstant tout ce qu’on auroit fait au contraire. Il n’appartient qu’au Prince de relever quelqu’un d’un contrat. Prendre des Lettres au sceau pour se faire relever de quelque acte. Tout mineur lésé est en droit de se faire relever des actes qu’il a passés en minorité. On l’a relevé de ce contrat. En ce sens on dit, Se faire relever de ses vœux, pour dire, Faire déclarer ses vœux nuls.
On dit aussi, Relever un appel, pour dire, Prendre des Lettres pour poursuivre l’appel d’une Sentence à une Juridiction supérieure. Il a fait relever son appel dans un tel temps. Il a relevé son appel pardevant le Présidial.
Relever, signifie encore, Être dans la mouvance d’une Seigneurie, dans la féodalité d’un Seigneur. En ce sens il est neutre, et il se dit tant Des Terres et des Fiefs, que des personnes. Ce Fief, cette Terre relève d’une telle Seigneurie, d’un tel Seigneur. C’est une fort belle Terre, elle ne relève que du Roi. Je relève d’un tel à cause de sa Terre de…
On dit aussi, Relever un Fief d’un Seigneur, pour dire, Reconnoître avec les formalités requises, qu’un Fief est mouvant de lui. En ce sens, il est actif. Il fera saisir votre Fief, faute de l’avoir relevé.
Relever un défaut, ou simplem. Relever, en termes de Vénerie, C’est retrouver la voie que l’on avoit perdue.
Relever. Terme de Manége. Il se dit Des chevaux qui ont le galop élevé, c’est-à-dire, qui lèvent les pieds très-haut en galopant. Les chevaux anglois ne relèvent point.
Relevé, ée. participe.
On dit d’Un homme de grande qualité, que C’est un homme d’une condition relevée ; d’Un homme qui a la physionomie noble, qu’Il a la mine relevée ; et d’Un homme qui a des sentimens nobles, qu’Il a des sentimens relevés.
On dit aussi d’Une pensée sublime, que C’est une pensée relevée ; d’Une matière qui par la grandeur de son objet est au-dessus de la portée du commun des hommes, que C’est une matière relevée ; et Des choses de haut goût en matière de cuisine, qu’Elles sont d’un goût relevé.
En termes de Manége, on dit, Les airs relevés ; et l’on entend par ce mot, la Pesade, le Mézair, la Courbette, la Croupade, la Balotade, la Cabriole, le Pas et le Saut.
Il est aussi substantif masculin. Et l’on appelle Un relevé, L’ouvrage que fait un Maréchal en levant le fer d’un cheval, et en le rattachant.
On appelle aussi Un relevé de compte, L’extrait de tous les articles d’un compte qui regardent le même objet.
On dit aussi et à peu près dans le même sens, Faire le relevé de toutes les fautes de Grammaire d’un ouvrage, de tous les endroits remarquables d’un Auteur, etc.
Relevé d’une bête fauve. s. m. On appelle ainsi en Vénerie, Le temps où la bête sort du lieu où elle a passé le jour, pour aller repaître. Guetter, épier le relevé.
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