savoir

6e édition

[I.] SAVOIR.

v. a. Conjugaison : (Je sais, tu sais, il sait ; nous savons, vous savez, ils savent. Je savais. Je sus. J’ai su. Je saurai. Je saurais. Sache, sachez. Que je sache. Que je susse. Sachant. Su.)
↪ voir aussi : [II.] Savoir (n. m.)
■  Connaître, avoir connaissance de. Je sais bien cette affaire. Il ne savait rien de ce qui se passait. Je le sais à n’en pouvoir douter. Je sais qu’il n’est pas de vos amis, mais je sais aussi qu’il est homme de bien. Je sais que je me suis emporté. Il sait le chemin. Vous ne savez pas votre devoir. Je ne sais à quoi me décider. À quoi vous décidez-vous ? Je ne sais. Je ne sais que faire. Je ne sais comment faire. Il ne sait pas ce que c’est, il ne sait ce que c’est que de mentir. Je ne sais où j’en suis. Je ne sais qu’en dire. Je ne sais qu’y faire. Je ne sais pourquoi son aspect me trouble. Je ne sais, mais son aspect me trouble. On lui a donné ce que vous savez. Il est venu qui vous savez bien. Je ne sais qui me l’a dit, quelle personne me l’a dit. Je sais tout cela, tout ce que vous dites. p. 710Est-ce que vous n’en savez rien ? Je n’en veux rien savoir. Il sait tout le secret. Il sait bien des choses. Il sait tout ce qui se passe. Il sait cela de bonne part. Tout le monde le sait. Tout se sait à la longue. Si l’on vient à le savoir. Il a couru bien des dangers sans le savoir.
Prov., Il sait le fin du fin, se dit D’un homme habile, qui a une grande connaissance des affaires les plus secrètes. Il sait son pain manger, il sait plus que son pain manger, il en sait bien long, il en sait plus d’un, il en sait plus d’une, se dit D’un homme qui se conduit habilement, qui va bien à ses fins.
Fam., Il ne sait ce qu’il veut, se dit D’un homme indécis, ou inconstant dans ses résolutions.
Fam., Il ne sait ni ce qu’il fait, ni ce qu’il dit, se dit D’un homme qui, par ignorance ou par quelque trouble d’esprit, ne dit rien, ne fait rien de ce qu’il devrait faire ou dire.
Fam., Il sait mieux qu’il ne dit, Il parle contre sa propre connaissance.
Fam., Ne savoir rien de rien, Être dans une ignorance complète de toutes choses, ou de telle chose en particulier.
Fam., Je sais ce que je sais, se dit Quand on ne veut pas s’expliquer.
Subst. et fam., Un je ne sais qui, Un homme que personne ne connaît ou ne considère. On dit dans le même sens, Un je ne sais quel homme est venu me trouver.
Je ne sais quoi, ou substantivement, Un je ne sais quoi, le je ne sais quoi, se dit d’Une qualité ou d’un sentiment indéfinissable. Il y a dans ces vers, dans ce morceau de musique, un je ne sais quoi qui me charme. Le je ne sais quoi de sa physionomie, de ses manières, vous attire et vous subjugue malgré vous. Je ne sais quoi m’avertissait de me défier de lui. On dit de même, Je ne sais quel trouble, un je ne sais quel trouble s’est emparé de moi.
Par manière de doute et d’interrogation : Que savez-vous ? Qu’en savez-vous ? Que sais-je ? Que sait-on ce qui arrivera ? Que sait-on s’il le voudra ? La question est de savoir si… Reste à savoir si…
Dieu sait. Locution familière dont on se sert pour donner une grande idée de quelque chose sous le rapport de la quantité ou autrement. Il a des écus, Dieu sait. Il mène une vie, Dieu sait. Il reviendra, Dieu sait quand. Dieu sait s’il reviendra. Tout cela va, Dieu sait comme.
Fam., Je ne sache personne, Je ne connais personne. Je ne sache personne qu’on puisse lui comparer. On dit aussi, Je ne sache rien de si beau, je ne sache rien de mieux écrit, etc., Je ne sais rien, je ne connais rien… Dans ces sortes de phrases, on n’emploie jamais le subjonctif qu’avec la négation.
Que je sache, se met à la fin d’une phrase Pour signifier que, si un fait est autrement qu’on ne le dit, on l’ignore. Il n’y a personne à la maison, que je sache. Il n’a point été à la campagne, que je sache. Est-il venu quelqu’un ? Non pas que je sache.
Savoir gré, savoir bon gré, ne pas savoir gré, savoir mauvais gré à quelqu’un de quelque chose, Être satisfait ou mal satisfait d’une chose qu’il a dite, qu’il a faite ; être content ou mécontent de sa conduite, de son procédé. Je lui en sais gré. Je lui en sais le meilleur gré du monde. Il se sait bon gré d’avoir fait telle action. Il lui en sait mauvais gré. Il ne sait aucun gré de ce qu’on fait pour lui.
Savoir, signifie aussi, Posséder quelque science, quelque art, être instruit, habile en quelque profession, en quelque exercice. Il sait la grammaire, la théologie, les mathématiques, l’histoire, etc. Il sait les langues, le grec, le latin, l’arabe. Il sait les affaires. Vous dites que cet homme est savant, et que sait-il ? Il ne sait rien. On ne peut tout savoir. Savoir son métier. Qui ne sait pas son métier, l’apprenne ou le quitte. Savoir jouer du violon. Savoir danser. Savoir se battre. Vous verrez ce que je sais faire.
Prov., Ne savoir ni A ni B, Être fort ignorant.
Prov. et fig., Savoir la carte du pays, ou absolument, Savoir la carte, Savoir, connaître parfaitement les intrigues, les intérêts, les manières du monde, d’un quartier, d’une société, d’une famille, etc.
Savoir, signifie également, Être accoutumé, exercé à une chose, la bien faire. Savoir parler aux hommes. Il sait persuader. Il sait plaire. Il sait se conduire. Il sait plaisanter. Il sait tourner les choses comme il lui plaît. Il sait se vaincre, vaincre ses passions. Il sait souffrir. Il sait se modérer, se contenter de peu. Il sait se tirer d’affaire. Il ne sait pas répondre quand on lui parle.
Fam., Il ne sait pas distinguer sa main gauche de sa main droite, Il est sans intelligence.
Savoir vivre, Se conduire dans le commerce du monde avec tous les égards, et même toutes les précautions qu’un honnête homme est obligé d’avoir ou de garder avec les autres. Il sait vivre. Il ne sait pas vivre. Voyez Savoir-vivre.
Savoir bien le monde, Savoir bien la manière de vivre dans la société. Il sait bien le monde. Dans le même sens, on dit familièrement, Il sait son monde, il sait bien son monde.
Savoir, signifie aussi, Avoir dans la mémoire. Il sait sa leçon. Il sait son rôle. Il ne savait pas son sermon, il a pensé manquer plusieurs fois. Il savait son discours par cœur.
Fig. et fam., Savoir quelqu’un par cœur, Connaître parfaitement son caractère, ses habitudes.
Savoir, se dit quelquefois absolument ; et alors il signifie, Avoir l’esprit orné et rempli de choses utiles. Cet homme-là sait. C’est un homme qui sait. Il a un grand désir de savoir.
Prov., Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, Si la jeunesse avait de l’expérience, si la vieillesse avait de la force.
Savoir, signifie encore, Avoir le pouvoir, la force, le moyen, l’adresse, l’habileté de faire quelque chose. Je saurai bien le réduire. Je saurai bien me défendre. Je n’y saurais que faire. Je le voudrais bien, mais je ne le saurais. Je ne saurais faire ce que vous me dites. Ne sauriez-vous aller jusque-là ? Il n’a su en venir à bout. Il ne sait pas ouvrir cette porte, ayant la clef dans sa main.
Savoir, signifie aussi, Apprendre, être instruit, être informé de quelque chose. Vous saurez que… Afin que vous le sachiez. Je veux bien que vous sachiez… Il faut savoir, il est bon de savoir que… Reste à savoir s’il y consentira.
Faire savoir, Instruire, informer quelqu’un par lettre, par message. Je lui ai fait savoir le succès de cette affaire. Je lui ai fait savoir comment cela est arrivé, comme la chose s’était passée. Faites-moi savoir de vos nouvelles. Il m’a fait savoir qu’il était arrivé en bonne santé.
Faire à savoir, Faire savoir : il ne s’emploie guère que dans les proclamations, les publications, les affiches, etc. On fait à savoir que tels et tels héritages sont à vendre.
Savoir faisons. Formule de Chancellerie et de Palais.
C’est à savoir, à savoir, et plus ordinairement, Savoir. Façons de parler dont on se sert Pour spécifier les choses dont il s’agit. On a vendu pour dix mille francs de meubles ; c’est à savoir : deux tapisseries pour tant, etc. Le revenu de cette terre consiste en plusieurs rentes ; à savoir, en telle et telle rente ; à savoir, en une rente de… L’armée était composée de vingt mille hommes ; savoir : dix mille hommes de pied, etc. On s’en sert aussi, familièrement, Pour marquer qu’on doute de quelque chose. Vous me dites qu’ils contribueront tous également à cette affaire, c’est à savoir s’ils le pourront, à savoir s’ils le voudront ; savoir si vous en serez avoué. Vous assurez que l’ennemi marchera au secours de la place ; c’est à savoir s’il pourra arriver assez à temps ; à savoir s’il aura assez tôt rassemblé ses troupes ; savoir s’il osera l’entreprendre. En ce sens, on dit substantivement, C’est un à savoir. Cette phrase est peu usitée.
Su, ue. participe.
Il s’emploie aussi substantivement, et signifie, La connaissance qu’on a de quelque chose. Il n’est guère usité que dans cette façon de parler adverbiale, Au vu et au su de tout le monde.
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