savoir

5e édition

[I.] SAVOIR.

v. a. Conjugaison : Je sai, ou je sais, tu sais, il sait ; nous savons, vous savez, ils savent. Je savois. J’ai su. Je sus. Je saurai. Sache, sachez. Que je sache. Que je susse. Je saurois. Sachant, etc.
↪ voir aussi : [II.] Savoir (n. m.)
■  Connoître, avoir connoissance de. Je sai bien cette affaire. Il ne savoit rien de ce qui se passoit. Je sai qu’il n’est pas de vos amis, mais je sais aussi qu’il est homme de bien. Je sai que je me suis emporté. Je le sais à n’en pouvoir douter. Il sait le chemin. Vous ne savez pas votre devoir. Qui ne sait pas son métier, l’apprenne. Je sai tout cela, tout ce que vous dites. Est-ce que vous n’en savez rien ? Je n’en veux rien savoir. Il sait tout le secret. Il sait bien des choses.
On dit proverbialem. d’Un homme extrêmement habile, et qui a une grande connoissance des affaires les plus secrètes, qu’Il sait le fin du fin ; et d’Un homme qui se conduit habilement, qui va bien à ses fins, qu’Il sait son pain manger, qu’il sait plus que son pain manger, qu’il en sait bien long, qu’il en sait plus d’un, qu’il en sait plus d’une.
On dit aussi proverbialem. et figurément d’Un homme qui est ordinairement bien instruit des affaires du monde, que C’est un homme qui sait toutes les foires de Champagne.
On dit d’Un homme qui décide volontiers de tout, sans prendre la peine de s’instruire, qu’Il est comme les gens de Cour, il sait tout sans avoir rien appris.
On dit, Je ne sache personne, pour dire, Je ne connois personne. Je ne sache personne qu’on puisse lui comparer. On dit aussi, Je ne sache rien de si beau, je ne sache rien de si bien écrit, pour dire, Je ne sais, je ne connois rien… Il ne se dit jamais qu’avec la négative, et il est du style de la conversation.
Que je sache, se met à la fin d’une phrase, comme, Il n’y a personne que je sache. Il n’a point été à la campagne, que je sache. Est-il venu quelqu’un ? Non pas que je sache.
Savoir, se dit aussi De la connoissance qu’on a de quelque science, de quelque art, de quelque profession, etc. Il sait la Grammaire, la Théologie, etc. Il sait les Langues, le Grec, le Latin, l’Arabe. Il sait les affaires. Vous dites que cet homme est savant, et que sait-il ? Il ne sait rien. Savoir son métier.
On dit proverbialement d’Un homme très-ignorant, que C’est un homme qui ne sait ni A ni B.
On dit proverbialement et figurém. qu’Un homme sait la carte du pays, ou absolument, la carte, pour dire, qu’Il sait parfaitement les intrigues, les intérêts, les manières du monde, d’un p. 541quartier, d’une société, d’une famille, etc.
On dit, qu’Un homme sait vivre, pour dire, qu’Il se conduit dans le commerce de la société civile, avec tous les égards, toutes les mesures, et même toutes les précautions qu’un honnête homme est obligé d’avoir, ou de garder avec les autres ; et dans le sens contraire on dit, qu’Il ne sait pas vivre.
On dit, qu’Un homme sait bien le monde, pour dire, qu’Il sait bien la manière de vivre dans la société des hommes, et particulièrement du grand monde ; et dans le même sens, on dit familièrement, qu’Il sait son monde, qu’il sait bien son monde.
On dit par manière de doute et d’interrogation : Que savez-vous ? Que sais-je ? Que sait-on ce qui arrivera ? Que sait-on s’il le voudra ? La question est de savoir si ....
On dit, que Quelqu’un sait mieux qu’il ne dit, pour dire, qu’Il parle contre sa propre connoissance.
Savoir, signifie aussi, Avoir dans la mémoire. Il sait sa leçon. Il ne savoit pas sa harangue, il a pensé manquer plusieurs fois. Il ne savoit pas son sermon. Il savoit son discours par cœur.
On dit d’Un homme qui, par ignorance ou par quelque trouble d’esprit, ne dit rien, ne fait rien de ce qu’il devroit faire ou dire, qu’Il ne sait ni ce qu’il fait, ni ce qu’il dit.
On dit, Savoir gré, savoir bon gré, savoir mauvais gré à quelqu’un de quelque chose, pour dire, Être satisfait ou mal satisfait d’une chose qu’il a dite, qu’il a faite ; être content ou mécontent de sa conduite, de son procédé. Je lui en sai gré. Je lui en sai le meilleur gré du monde. Il se sait bon gré d’avoir fait une telle action. Il lui en sait mauvais gré.
Savoir, se dit aussi absolument ; et alors il signifie, Avoir l’esprit orné et rempli de bonnes choses. Cet homme-là sait. C’est un homme qui sait.
Savoir, signifie encore, Avoir le pouvoir, avoir la force, avoir l’adresse, avoir l’habileté, le moyen. Je saurai bien le réduire. Je saurai bien me défendre. Il sait tourner les choses comme il lui plaît. Vous verrez ce que je sai faire. Et dans un sens contraire : Il n’a su en venir à bout. Je le voudrois bien, mais je ne le saurois. Je ne saurois faire ce que vous me dites. Ne sauriez-vous aller jusque-là ? Il ne sait pas répondre quand on lui parle. Il ne sait pas distinguer sa main gauche d’avec sa main droite. Il ne sait pas parler aux hommes. Il ne sait pas ouvrir cette porte, ayant la clef dans sa main.
Savoir, signifie aussi, Apprendre, être instruit, être informé de quelque chose. Vous saurez que .... Afin que vous le sachiez. Je veux bien que vous sachiez .... Il faut savoir que ....
On dit, Faire savoir, pour dire, Instruire, informer quelqu’un par lettre, par message. Je lui ai fait savoir le succès de cette affaire. Je lui ai fait savoir comment cela est arrivé, comme la chose s’étoit passée. Faites-moi savoir de vos nouvelles. Il m’a fait savoir qu’il étoit arrivé en bonne santé.
On dit, Faire à savoir, pour dire, Faire savoir ; et il ne s’emploie guère que dans les proclamations, les publications, les affiches, etc. On fait à savoir que tels et tels héritages sont à vendre. Savoir faisons, Formule de Chancellerie et de Pratique.
C’est à savoir, à savoir, et plus communément, Savoir. Façons de parler dont on se sert, pour spécifier, pour marquer Les choses dont il s’agit. On a vendu pour dix mille francs de meubles ; c’est à savoir, deux tapisseries pour tant, etc. Le revenu de cette terre consiste en plusieurs rentes ; à savoir, en telle et telle rente ; à savoir, en une rente de .... L’armée étoit composée de vingt mille hommes ; savoir, dix mille hommes de pied, etc.
On s’en sert aussi pour marquer qu’On doute de quelque chose. Vous me dites qu’ils contribueront tous également à cette affaire, c’est à savoir s’ils le pourront, à savoir s’ils le voudront ; savoir si vous en serez avoué. Vous assurez que l’ennemi marchera au secours de la Place, c’est à savoir s’il pourra arriver assez à temps, à savoir s’il aura assez tôt rassemblé ses troupes ; savoir s’il osera l’entreprendre. En ce sens on dit aussi, C’est un à savoir. Il est familier.
À savoir, formule adverbiale qui exprime le doute. À savoir si vous vous y êtes bien pris pour réussir. À savoir si ce qu’on dit là est bien vrai. Il est familier.
Su, sue. participe.
Il s’emploie aussi substantivement, et signifie, La connoissance qu’on a de quelque chose. Il n’est guère en usage que dans cette manière de parler adverbiale, Au vu et au su de tout le monde.
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