rapporter

6e édition

RAPPORTER.

v. a.
■  Apporter une chose du lieu où elle est, au lieu où elle était auparavant. Les marchands ont été contraints de rapporter chez eux la plupart des marchandises qu’ils avaient portées à la foire. Je vous prie de me rapporter le livre que je vous ai prêté. Il m’a rapporté tout ce qu’il m’avait pris, tout ce que je lui avais donné.
Il se dit aussi en parlant Des choses qu’on apporte d’un lieu à son retour, sans les y avoir portées. Il a été à la Chine, et en a rapporté bien des curiosités.
Il s’emploie figurément, dans le même sens. Il a rapporté de ses voyages moins d’instruction que de suffisance.
Fam., Il n’en a rapporté que des coups, se dit D’un homme qui a été blessé en quelque occasion. On dit de même, Ce soldat n’a rapporté de l’armée que des coups de fusil.
Fig., Il a rapporté beaucoup de gloire de cette action, de cette affaire, Il y a acquis beaucoup de gloire. Il n’en a rapporté que de la honte, Il n’en a retiré que de la honte.
Rapporter, se dit encore en parlant Des choses qu’on a enlevées, et qu’on apporte dans un lieu où elles n’étaient pas, et à quelqu’un à qui elles n’appartenaient pas auparavant. Les soldats, suivant l’ordre du général, rapportèrent à leurs capitaines tout le butin qu’ils avaient fait.
Rapporter, en termes de Chasse, se dit D’un chien qui apporte au chasseur le gibier que celui-ci a tué. Il n’y a guère que les barbets qu’on puisse accoutumer à rapporter la bécasse.
Il s’emploie presque toujours absolument. Un chien qui rapporte bien, qui sait rapporter.
Il se dit également D’un chien qu’on a dressé à apporter ce qu’on lui jette, comme un gant, un morceau de bois, etc.
Rapporter, signifie aussi, Joindre, ajouter quelque chose à ce qui ne paraît pas complet. Il a fallu rapporter une bordure à cette tapisserie.
Rapporter des terres en quelque endroit, Les aller prendre dans un lieu, afin de les porter dans un autre. Il faut rapporter de bonne terre au pied de ces arbres, pour les entretenir. Rapporter des terres pour élever une terrasse.
Rapporter, en matière de Succession et de Partage, Remettre dans la masse de la succession ce qu’on a reçu d’avance, ou en tenir compte sur la part qu’on doit avoir. Un fils qui a été avantagé par son père, doit rapporter, ou moins prendre. Rapporter à la masse.
Il se dit de même en parlant Des biens qui appartiennent en commun à une société de négociants, ou à d’autres gens intéressés dans quelque affaire lucrative.
Rapporter, en termes de Législation et d’Administration, signifie, Révoquer, abroger, annuler. Rapporter une loi, un arrêté.
Rapporter, signifie aussi, Faire le récit de ce qu’on a vu, ou entendu, ou appris. Il a rapporté fidèlement tout ce qu’il avait vu. On n’a que faire de se mettre en peine, il nous rapportera bientôt tout ce qui s’est passé. Tite-Live rapporte que… Ce témoin rapporte et dépose que… Vous ne rapportez point la chose au vrai. Rapporter un fait comme il s’est passé. Il y a dans cette aventure des circonstances qu’on ne peut rapporter.
Il signifie particulièrement, Redire par légèreté ou par malice ce qu’on a entendu dire. On n’oserait rien dire devant lui, il rapporte tout. Il ne faut dire devant lui que ce qu’on veut bien qui soit rapporté.
Il signifie pareillement, Rendre compte de ce qu’on a entendu dire contre quelqu’un. Je suis trop votre ami, pour ne pas vous rapporter ce que j’entends dire de vous. On m’a rapporté que vous aviez dit beaucoup de mal de moi chez un tel.
Rapporter, signifie encore, Alléguer, citer. Le prédicateur a rapporté des passages des Pères. Mon avocat a rapporté des lois et plusieurs autorités en ma faveur. L’exemple qu’il a rapporté ne prouve rien.
Rapporter, signifie aussi, Référer, diriger vers une fin, vers un but. Un véritable chrétien doit rapporter toutes ses actions à Dieu, à la gloire de Dieu. Il faut rapporter toutes ses actions à une bonne fin. Il rapporte tout à soi, à son profit, à son utilité particulière.
Rapporter, signifie encore, Attribuer, faire remonter. La famille des Jules rapportait son origine à Énée et à Vénus. On rapporte la fondation de cette ville à tel prince, à tel temps. On rapporte à tel temps la prise de cette ville.
Rapporter l’effet à la cause, Attribuer un certain effet à une certaine cause.
Rapporter, signifie aussi, Produire, soit en fruits, soit en argent ; donner un certain revenu. Des arbres qui rapportent de beaux fruits. Une terre qui rapporte beaucoup. Cette terre rapporte tant par an. Cette charge rapporte tant. Son argent lui rapporte six pour cent.
Cet emploi ne rapporte ni profit ni honneur, Il n’est ni profitable ni honorable.
Fig., Cette mauvaise action ne lui rapportera rien, Il n’en tirera aucun profit, aucun avantage.
Rapporter, en termes de Palais, Déduire, exposer l’état d’un procès par écrit. Rapporter un procès, une affaire. Ce juge, ce conseiller a fort bien rapporté le fait et les moyens des parties.
Il s’emploie quelquefois absolument. Ce juge rapporte bien. Il rapporte nettement.
Rapporter, signifie également, Faire le narré, l’exposition d’une affaire au nom d’une commission, d’un comité, et en même temps énoncer l’avis du comité, de la commission.
Rapporter, en termes d’Arpenteur, Tracer sur le papier des mesures réduites de celles qu’on a prises sur le terrain. Rapporter des angles.
Rapporter, s’emploie avec le pronom personnel, et signifie, Avoir de la conformité, de la convenance, de la ressemblance. Tout ce que nous voyons de sa conduite se rapporte à ce qu’on nous en avait dit. Leurs caractères se rapportent en toutes choses. La déposition de ce témoin ne se rapporte pas avec celle du précédent. Ces deux couleurs se rapportent bien.
Il signifie aussi, Avoir rapport, relation. Cet article de ma lettre se rapporte à ce que je vous ai écrit précédemment. On le dit surtout en termes de Grammaire. On ne doit point séparer le relatif Qui du substantif auquel il se rapporte.
Se rapporter à quelqu’un de quelque chose, et absolument, S’en rapporter à quelqu’un, S’en remettre à sa décision sur quelque chose. Ils sont d’accord sur l’achat et sur la vente, mais ils se sont rapportés du prix à un tel. À qui voulez-vous que nous nous en rapportions ? Je m’en rapporte à vous-même. Ils sont demeurés d’accord de s’en rapporter à la décision d’un tel. Je m’en rapporte aux maîtres de l’art.
S’en rapporter à quelqu’un, à quelque chose, Y avoir confiance, y ajouter foi. Je m’en rapporte à vous, à votre témoignage. Il ne faut point s’en rapporter à ce qu’on dit de lui. S’il faut s’en rapporter aux anciennes traditions. Je ne m’en rapporte qu’à ce que j’ai vu et entendu moi-même.
S’en rapporter au serment de quelqu’un, S’en remettre à son serment en justice pour la décision d’une affaire.
Fam., Je m’en rapporte à ce qui en est, et quelquefois simplement, Je m’en rapporte, se dit Pour faire entendre qu’on n’est pas tout à fait persuadé de ce qu’on entend dire, mais qu’on ne veut ni contester, ni l’examiner. Vous dites que la chose est arrivée comme cela, je m’en rapporte. Il est peu usité.
Rapporté, ée. participe. Cette terrasse est de terres rapportées. Le fait rapporté ne prouve rien.
Ouvrage de pièces rapportées, Ouvrage de pièces de rapport. Il se dit au propre et au figuré. Voyez Rapport, à la fin.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.