rapporter

5e édition

RAPPORTER.

v. a.
■  Apporter une chose du lieu où elle est, au lieu où elle étoit auparavant. Les Marchands ont été contraints de rapporter la plupart des marchandises qu’ils avoient portées à la foire. Je vous prie de me rapporter le livre que je vous ai prêté. Il m’a rapporté tout ce qu’il m’avoit pris, tout ce que je lui avois donné.
Rapporter, se dit aussi en parlant Des choses qu’on apporte d’un lieu à son retour, sans les y avoir portées. Ce Marchand a été à la Chine, et en a rapporté bien des curiosités.
Il se dit encore en parlant Des choses qu’on a enlevées, et qu’on apporte dans un lieu où elles n’étoient pas, et à quelqu’un à qui elles n’appartenoient pas auparavant. Les soldats, suivant l’ordre du Général, rapportèrent à leurs Capitaines tout le butin qu’ils avoient fait.
On dit aussi, Rapporter des terres en p. 420un endroit, pour dire, Les aller prendre dans un lieu, afin de les porter dans un autre. Il faut rapporter de bonne terre au pied de ces arbres, pour les entretenir. Rapporter des terres pour élever une terrasse.
Rapporter, signifie aussi Joindre, ajouter quelque chose à ce qui ne paroît pas complet. Ce manteau étoit trop court, on y a rapporté une pièce. Il a fallu rapporter une lice à cette tapisserie.
On dit familièrement d’Un homme qui a été blessé en quelque occasion, qu’Il n’en a rapporté que des coups ; et, qu’un soldat n’a rapporté de l’armée que des coups de mousquet.
On dit figur. d’Un homme, qu’Il a rapporté beaucoup de gloire d’une action, pour dire, qu’Il y a acquis beaucoup de gloire ; et, qu’Il n’en a rapporté que de la honte, pour dire, qu’Il n’en a retiré que de la honte.
On dit en fait de partage, qu’Un fils qui a été avantagé par son père, doit rapporter, ou moins prendre. La même chose se dit à peu près, en parlant Des biens qui appartiennent en commun à une societé de Marchands, ou à d’autres gens intéressés dans quelque affaire lucrative.
On dit d’Un chien de chasse, qu’Il rapporte, qu’il sait rapporter, pour dire, qu’Il est dressé à apporter au Chasseur le gibier que le Chasseur a tué. Un chien qui rapporte bien. Ce barbet rapporte bien.
La même chose se dit d’Un chien qu’on a dressé à apporter ce qu’on lui jette, comme un gant ou autre chose.
Rapporter, signifie aussi, Faire le récit de ce qu’on a vu ou entendu. Il a rapporté fidèlement tout ce qu’il a vu. On n’a que faire de se mettre en peine, il nous rapportera bientôt tout ce qui s’est passé. Ce témoin rapporte et dépose que… Vous ne rapportez point la chose au vrai. Rapporter un fait comme il s’est passé. Il y a dans cette aventure des circonstances qu’on ne peut rapporter.
Il signifie aussi Redire par légèreté ou par malice ce qu’on a entendu dire. On n’oseroit rien dire devant lui, il rapporte tout. Il ne faut rien dire devant lui que ce qu’on veut bien qui soit rapporté.
On s’en sert aussi pour dire, Rendre compte de ce qu’on a entendu dire contre quelqu’un. Je suis trop votre ami, pour ne vous pas rapporter ce que j’entends dire de vous. On m’a rapporté que vous aviez dit bien du mal de moi chez un tel.
Rapporter, signifie aussi, Alléguer, citer. Le Prédicateur a rapporté des passages des Pères. Mon Avocat a rapporté des lois et plusieurs autorités en ma faveur. L’exemple qu’il a rapporté ne prouve rien.
Rapporter, signifie aussi, Diriger, référer. Un véritable Chrétien doit rapporter toutes ses actions à Dieu, à la gloire de Dieu. Il faut rapporter toutes ses actions à une bonne fin. Il rapporte tout à soi, à son profit, à son utilité particulière.
On dit, Rapporter son origine, pour dire, Attribuer, référer son origine ; et cela se dit De ceux qui font remonter leur origine à quelque source illustre. La famille des Jules rapportoit son origine à Énée et à Vénus.
La même chose se dit à peu près, en parlant De la fondation d’une Ville. On rapporte la fondation de cette Ville à un tel Prince, à un tel temps. On dit aussi, en parlant d’Un événement considérable, qu’On le rapporte à un tel temps, pour dire, qu’On en place la date, qu’on le croit arrivé dans un tel temps.
Et on dit, Rapporter l’effet à sa cause, pour dire, Attribuer un certain effet à une certaine cause.
Rapporter, signifie aussi Produire. Une terre qui rapporte beaucoup. Des arbres qui rapportent de beaux fruits.
On dit, qu’Une terre rapporte tant par an, pour dire, qu’On en tire tant de revenu tous les ans. Dans cette même acception, on dit qu’Une charge rapporte tant. Et l’on dit, qu’Un emploi ne rapporte ni profit ni honneur, pour dire, qu’Il n’est ni profitable, ni honorable. On le dit aussi Du produit de l’argent. Son argent lui rapporte six pour cent. On dit aussi figurément, Cette mauvaise action ne lui rapportera rien.
Rapporter, terme de Palais. Déduire, exposer l’état d’un procès par écrit. Rapporter un procès, une affaire. Ce Juge, ce Conseiller est habile, il a fort bien rapporté le fait et les moyens. On le dit aussi absolument, Ce Juge rapporte bien. Il rapporte nettement.
On dit qu’Un Huissier a appelé, rapporté à la barre de la Cour un tel Procureur, pour dire, qu’Il a appelé à haute voix ce Procureur défaillant. Dans les causes qui sont au rôle, on ne donne un Arrêt par défaut, qu’après que l’Huissier a appelé, rapporté la Partie et son Procureur.
Se rapporter, signifie, Avoir de la conformité, de la convenance, de la ressemblance. Tout ce que nous voyons de sa conduite se rapporte fort à ce qu’on nous en avoit dit. Leurs humeurs se rapportent en toutes choses. La déposition de ce témoin ne se rapporte point avec celle du précédent. Ces deux couleurs se rapportent bien.
On dit aussi, Je m’en rapporte à ma dernière lettre, pour dire, Je m’en tiens à ma dernière lettre, et j’y renvoie.
Il signifie aussi, Avoir relation ; et il se dit surtout en termes de Grammaire. On ne doit point séparer le relatif Qui, du substantif auquel il se rapporte.
Il se dit aussi en général De ce qui a rapport à quelque chose. Cet article de ma lettre se rapporte à ce que je vous ai écrit précédemment.
On dit, Se rapporter à quelqu’un de quelque chose, et plus communément, S’en rapporter à quelqu’un, pour dire, S’en remettre à sa décision sur quelque chose. Ils sont d’accord sur l’achat et sur la vente de la Charge, mais ils se sont rapportés du prix à un tel. À qui voulez-vous que nous nous en rapportions ? Je m’en rapporte à vous-même. Ils sont demeurés d’accord de s’en rapporter à la décision d’un tel. Je m’en rapporte aux Maîtres de l’art.
On dit, S’en rapporter au serment de quelqu’un, pour dire, S’en remettre à son serment en Justice pour la décision d’une affaire.
Dans le discours familier, on dit, Je m’en rapporte à ce qui en est, et quelquefois simplement, Je m’en rapporte, pour faire entendre, qu’On n’est pas tout-à-fait persuadé de ce qu’on entend dire, mais qu’on ne veut ni contester, ni l’examiner. Vous dites que la chose est arrivée comme cela, je m’en rapporte.
Rapporté, ée. participe. Cette terrasse est de terres rapportées. Le fait rapporté ne prouve rien.
On appelle Ouvrage de pièces rapportées, Un ouvrage de différentes petites pièces qui étant assemblées et arrangées, composent une figure, un tout. Et la même chose se dit d’Un ouvrage d’esprit qui n’est composé que de choses ramassées en différens endroits, et qui n’ont point de véritable liaison les unes avec les autres.
Supplément contenant les mots nouveaux en usage depuis la Révolution

RAPPORTER.

v. act. En termes de Législature,, Retirer, révoquer, annuller. Rapporter une Loi, un Arrêté, pour dire, Retirer, révoquer ou annuller une Loi, un Arrêté.
Rapporté, ée. participe.
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