peine

5e édition

PEINE.

sub. f.
■  Douleur, affliction, souffrance, sentiment de quelque mal dans le corps ou dans l’esprit. Les peines du corps. Les peines de l’esprit.
On appelle en Théologie, La peine du sens, Les douleurs que les damnés souffrent par les tourmens de l’enfer ; et La peine du dam, Ce que la privation de la vue de Dieu leur fait souffrir.
On appelle aussi Peines du purgatoire, Ce que les âmes souffrent dans le purgatoire, soit par les tourmens, soit par la privation où elles sont alors de la vue de Dieu.
Peine, signifie aussi, Châtiment, punition d’un crime. Il a commis la faute, il en portera la peine. Cet exil, cette disgrâce est la peine de son crime. On lui a ordonné cela sur peine, sous peine, à peine de la vie. (De ces trois façons de parler, Sous peine est la plus usitée et la meilleure.) Peine capitale, légale, arbitraire, afflictive, infamante, pécuniaire. Sous peine d’interdiction. Sous peine, à peine de désobéissance. Encourir une peine. Il y a peine de mort pour qui.... On dit dans ce sens, La peine du talion, la peine du quadruple.
On dit, en termes de Jurisprudence, Sous les peines de droit, pour dire, Sous les peines que la Loi autorise à infliger. La lecture de ce livre a été défendue sous les peines de droit.
Peine, signifie aussi, Travail, fatigue. Il n’a pas fait cela sans peine. Sa peine n’a pas été inutile. Sa peine n’a pas été infructueuse. Il a un esprit facile, aisé, qui fait tout sans peine. Je ferai cela, ou je mourrai à la peine. Vous n’aurez pas de peine, je n’eus pas de peine à réussir. Vous n’aurez pas grande peine à en venir à bout. Je n’y ai pas eu grand’peine.
On dit d’Un homme qui a travaillé inutilement à quelque chose, qu’Il a perdu sa peine, ses peines ; et proverbialement, Son temps, aussi sa peine. Il est populaire.
On dit proverbialement, Nul bien sans peine. Et dans le même sens on dit, qu’Il y a certaines entreprises où la peine passe le plaisir.
Peine, se prend quelquefois pour p. 257le salaire du travail d’un Artisan. Il ne faut pas retenir la peine du mercenaire. Payer à un ouvrier sa peine.
On dit familièrement d’Un homme obligeant et actif : Il compte pour rien la peine, ses peines. Il ne plaint pas sa peine, ses peines.
On dit de même, La peine est pour rien, Elle est de peu de valeur.
On dit, Un homme de peine, des gens de peine, en parlant De ceux qui gagnent leur vie par un travail pénible de corps, sans avoir aucun métier particulier.
Peine, se dit aussi Des difficultés, des obstacles que l’on trouve dans une entreprise. Il aura beaucoup de peine à gagner ce procès-là. Il a eu beaucoup de peine à faire sa fortune, à venir à bout d’une telle chose. Et dans cette acception, l’on dit, d’Un homme qui a de la difficulté à parler par quelque empêchement naturel, qu’Il a de la peine à parler.
On dit aussi dans le même sens, qu’Un homme a de la peine à marcher, Quand il se sert difficilement de ses jambes.
On dit par politesse, Prenez la peine de faire cela ; il a pris la peine de me venir voir, pour dire, Je vous prie de faire cela ; il m’est venu voir.
On dit dans le discours familier, La chose en vaut bien la peine, pour dire, que La chose mérite qu’on ne néglige rien afin d’y réussir. Si vous voulez obtenir cette grâce, il faut faire agir tous vos amis, la chose en vaut bien la peine. Et l’on dit dans le sens contraire : Cela n’en vaut pas la peine, ce n’est pas la peine. Voulez-vous que je lui écrive pour cela ? Non, cela n’en vaut pas la peine. Ce n’est pas la peine d’attendre si long-temps pour si peu de chose.
On dit encore dans le discours familier, Ce n’est pas la peine d’en parler ; et cela se dit par ironie, pour exagérer davantage la chose dont il s’agit, en faisant semblant de la diminuer. Il ne lui a volé que cent mille écus, ce n’est pas la peine d’en parler, cela ne vaut pas la peine d’en parler.
Peine, se dit pareillement De la répugnance d’esprit qu’on a à dire ou à faire quelque chose. J’ai de la peine, j’ai peine à lui annoncer une si méchante nouvelle. Et on dit, que L’on fait une chose sans peine, pour dire, que C’est de bon cœur, sans nulle contrainte.
Peine, se prend aussi pour Inquiétude d’esprit. J’étois fort en peine de ce qu’il étoit devenu. Vous m’avez tiré de peine. On m’a mis hors de peine. Me voilà hors de peine. On est extrêmement en peine de lui. Je suis en peine de n’avoir point de ses nouvelles. Je suis en peine de savoir ce qu’il deviendra. Les dernières nouvelles que j’ai reçues me mettent fort en peine. Je n’ai point eu mes lettres, je suis fort en peine.
On dit encore, qu’Un homme est dans la peine, pour dire, qu’Il est dans le besoin.
On dit aussi d’Un homme inquiet, que C’est une âme en peine.
À peine. phrase adv. Il a différentes significations, selon les différentes façons de parler avec lesquelles on le joint. On s’en sert quelquefois pour marquer Le peu de temps qu’il y a qu’une chose dont on parle est arrivée. Ainsi on dit, À peine est-il hors de son lit, à peine il est hors du lit, à peine sommes-nous entrés, pour dire, Il ne fait que de sortir du lit, il n’y a qu’un moment que nous sommes entrés. À peine le soleil est-il levé, on se met en marche.
En ce cas, on met quelquefois que, au lieu de lorsque, dans le second membre de la phrase. À peine le soleil étoit-il levé, à peine le soleil étoit levé, qu’on aperçut l’ennemi.
On s’en sert encore dans la signification de Presque pas ; et dans ce sens on dit, À peine voit-on à se conduire, à peine est-il jour, à peine a-t-il le nécessaire, à peine sait-il lire, pour dire, Il n’est presque pas encore jour, on ne voit presque pas à se conduire, il n’a presque pas le nécessaire, il ne sait presque pas lire.
On dit de même : Cela est à peine indiqué, à peine esquissé. Cette pensée doit être à peine présentée. Il a à peine touché ce point dans son mémoire.
On dit, À grand’peine, pour dire, Malaisément, difficilement. Si vous n’avez pu faire une chose si aisée, à grand’peine en ferez-vous une plus difficile.
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