père

PÈRE

nom masculin
Étymologie : xe siècle, paire, « Dieu » ; xie siècle, au sens de « celui qui a engendré des enfants ». Issu du latin pater, de même sens.
1.  Homme qui a engendré un ou plusieurs enfants. Il est père de famille, père de quatre enfants. Se montrer bon père et bon époux. Un mauvais père, un père indigne. L’amour, la tendresse d’un père pour ses enfants. L’autorité du père sur ses enfants. Honorer, respecter son père. Cet enfant a perdu ses père et mère. Hériter de son père. Grand-père, Arrière-grand-père, Beau-père, voir ces mots.
▪  Spécialement. Marque de domaine : droit. Père légitime, qui a eu et reconnu un enfant. Père naturel, s’employait pour désigner un homme dont l’enfant est né hors mariage. Père putatif, qui est réputé légalement comme le père d’un enfant. Un enfant né de père inconnu, dont la filiation paternelle n’est pas établie par l’état civil.
▪  En apposition, après un nom de famille, pour distinguer quelqu’un de son fils. Crébillon père. Alexandre Dumas père. Dans la dénomination d’une société, d’une entreprise. Maison Dupont père et fils.
▪  Loc. et expr. De père en fils, par succession directe et ininterrompue. Habiter un appartement en bon père de famille, en prendre soin et l’occuper sans provoquer de troubles de voisinage. Gérer des biens en bon père de famille, en faisant preuve d’économie et de prudence. Un placement de père de famille, dont le rapport est modéré, mais sûr et régulier. Il tuerait père et mère, il est capable de tout. Il est, il est bien le fils, le digne fils de son père (souvent en mauvaise part), voir Fils. Marque de domaine : théâtre. Père noble, dans la tragédie et la haute comédie, rôle de père, âgé et plein de dignité ; dans une troupe, emploi correspondant à ce genre de rôle.
▪  Prov. On ne peut contenter tout le monde et son père, voir Contenter. Tel père, tel fils. À père avare, fils prodigue, voir Fils.
▪  Par analogie. En parlant d’un animal domestique, mâle qui a eu un petit, des petits. Le père de ce cheval est un percheron. Le père et la mère quittent le nid en quête de nourriture pour leurs oisillons.
▪  Fig. Inventeur, créateur ; fondateur. Hérodote a été appelé par Cicéron le « père de l’histoire ». Gregor Mendel est le père de la génétique, Arnold Schoenberg le père du dodécaphonisme. Loc. Le père du mensonge, le diable, par allusion à une formule du Nouveau Testament. Les pères fondateurs, ceux qui sont à l’origine d’une constitution ou d’une construction politique.
  Titres célèbres : Le Père de famille, de Denis Diderot (1761) ; Pères et fils, d’Ivan Tourgueniev (1862).
2.  Homme qui tient le rôle d’un père, qui se comporte comme un père ; protecteur. Père adoptif. Le père nourricier d’un enfant, se disait jadis du mari de la nourrice et désigne aujourd’hui celui qui élève un enfant dont il n’est pas le père biologique.
▪  Père spirituel, directeur de conscience ou personne qui exerce une forte influence morale sur une ou plusieurs autres personnes. François de Sales fut le père spirituel de Jeanne de Chantal. Pour Marie de Gournay, Montaigne fut un père spirituel.
▪  Les soldats désignaient familièrement leur colonel comme le père du régiment. Louis XII a été surnommé le « père du peuple », François Ier le « père des lettres ». Petit père, voir Petit.
▪  Marque de domaine : Antiquité romaine. Père de la patrie, titre honorifique d’abord décerné à des citoyens qui avaient rendu des services exceptionnels à l’État, puis ajouté aux titres portés par l’empereur. Cicéron et Auguste reçurent le titre de « père de la patrie ».
3.  Ascendant, à quelque degré de parenté que ce soit ; fondateur d’une lignée. Le père des hommes, notre premier père, Adam. Le père des croyants, Abraham.
▪  Au pluriel. Les aïeux, les ancêtres. Telle était la coutume de nos pères. La religion de ses pères. La terre de ses pères.
▪  Par extension. Titre de respect donné à un homme vénérable, dont on reconnaît l’autorité. Marque de domaine : Antiquité romaine. Les Pères conscrits, les membres du Sénat. – Marque de domaine : religion. Les Pères du concile ou les Pères conciliaires, les membres d’un concile œcuménique. Les Pères de l’Église ou, simplement, les Pères, appellation donnée à des théologiens et auteurs des six premiers siècles, qui se distinguèrent par leur vie exemplaire et leurs écrits (est parfois étendue à d’autres auteurs antérieurs au xiiie siècle). Les Pères de l’Église grecque, de l’Église latine. Les Pères orientaux ou Pères syriaques. Origène, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire et saint Basile comptent parmi les Pères grecs, Tertullien, saint Jérôme, saint Augustin et saint Grégoire le Grand parmi les Pères latins. Les Pères du désert, voir Désert II. Les écrits des Pères, dont l’Église reconnaît l’autorité, font l’objet de la patristique. Nom donné dans certaines communautés aux religieux qui sont prêtres, pour les distinguer de ceux qui ne sont pas ordonnés. Le père supérieur, le père abbé, le père prieur, le père provincial. Le père économe, le père hôtelier d’un monastère. Les pères maristes, les pères de la Trappe. Un père dominicain. Les bons pères (parfois par antiphrase), les Jésuites. Un père missionnaire. Père blanc, voir Blanc. Le père La Chaise fut le confesseur de Louis XIV. Le père Bouhours ou, par abréviation, le P. Bouhours. Le révérend père Lacordaire ou, par abréviation, le R. P. Lacordaire. En apostrophe. Titre de respect employé pour s’adresser à un religieux. Père, Révérend Père, mon Père. Pour s’adresser au supérieur d’un ordre. Révérendissime Père, Très Révérend Père, mon Très Révérend Père. Père s’emploie aussi pour parler d’un prêtre séculier ou s’adresser à lui, et s’utilise en apostrophe. Le Saint-Père, le pape. En apostrophe. Très Saint-Père.
4.  Désigne familièrement un homme d’un certain âge, que l’on traite généralement avec une affectueuse bonhomie, parfois avec une légère condescendance. Le père Grandet. Le père Ubu. Le père Bugeaud. Le père la Victoire, surnom de Georges Clemenceau. Le père Noël, voir Noël. Le père Fouettard, voir Fouettard. Le Père Duchesne, nom pris par le journal fondé par Jacques Hébert en 1790.
▪  En apostrophe. Mon petit père. Au travail, mon petit père !
▪  Loc. Un père tranquille, qui tient à son confort et à sa quiétude. Un père la pudeur, un père la vertu, un homme pudibond et moralisateur. Pop. Vivre en père peinard, sans se fatiguer, sans s’inquiéter. Un gros père, un homme ou un enfant rond et placide. Argot. Le coup du père François, voir Coup.
▪  Expr. fam. Se servir de la fourchette du père Adam, du peigne du père Adam, se servir de ses doigts pour manger, pour se coiffer.
  Titre célèbre : Le Père Goriot, d’Honoré de Balzac (1834-1835).
5.  Marque de domaine : religion chrétienne. Avec la majuscule. Dieu le Père ou, simplement, le Père, la première personne de la Trinité. Le Père éternel. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le « Notre Père », la prière que Jésus enseigna à ses disciples. Loc. La maison du Père, le paradis.
Voir aussi
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