perdu, -ue

PERDU, PERDUE

adjectif
Étymologie : xe siècle, au sens de « qui est menacé dans sa vie physique ou morale » ; xiiie siècle, au sens d’« employé sans profit ». Participe passé de perdre.
1.  Dont on est définitivement privé, dont on ne peut plus jouir ou faire usage. Un bonheur, un amour perdu. Un placement, un prêt à fonds perdu ou à fonds perdus, sans garantie de remboursement.
▪  Verre, emballage perdu, qui n’est pas consigné. Ouvrage à pierres perdues ou à pierre perdue, construction qu’on élève dans l’eau en y jetant de gros quartiers de roche. Cire perdue, voir Cire. Moulage à creux perdu, où l’on doit détruire le moule pour avoir l’empreinte. Par métonymie. Puits perdu, dont les parois et le fond ne sont pas étanches, et qui est destiné à recueillir et évacuer le trop-plein d’eau d’un terrain.
▪  Loc. Enfants perdus, voir Enfant. La génération perdue, expression forgée par Gertrude Stein pour désigner la génération des écrivains américains marqués par la Première Guerre mondiale et qui, comme elle, ont beaucoup vécu en France, une fois la paix revenue ; par la suite, nom donné aux générations que les circonstances historiques ont amenées à vivre dans le pessimisme et le désenchantement.
▪  Expr. Un de perdu, dix de retrouvés, se dit pour consoler quelqu’un d’une déception amoureuse. Fam. Ce n’est pas perdu pour tout le monde, il s’est trouvé quelqu’un pour en faire son profit. Fig. À corps perdu, avec impétuosité. Se jeter à corps perdu dans la bataille. Le moule en est perdu, se dit d’une personne aux qualités rares, unique en son genre.
▪  Spécialement. Ce malade est perdu, condamné.
2.  Que l’on n’a pas mis à profit ; gaspillé, mal employé. Que de temps perdu ! Encore un jour de perdu.
▪  Loc. et expr. Combles perdus, inutilisables, et comme logement et comme grenier. Balle perdue, qui n’était pas destinée à celui qu’elle atteint au terme de sa course. Pain perdu, restes de pain ou de brioche trempés dans du lait et des œufs, frits à la poêle et saupoudrés de sucre. Salle des pas perdus, voir Pas I. Heures perdues, moments perdus, moments de liberté d’une personne qui est ordinairement très occupée. Il fait de la musique à ses moments perdus. Je lirai ce roman à mes heures perdues. C’est peine perdue, cela ne servira à rien. C’est du bien perdu, se dit de ce que l’on offre de beau ou de bon à une personne qui est incapable d’en apprécier la valeur.
3.  Que l’on a égaré ou qui s’est égaré. Objets perdus. Un chien perdu. Flottage à bois perdu, à bûches perdues, qui consiste à abandonner le bois au courant de la rivière sans constituer des trains de flottage. Marque de domaine : écriture sainte. Brebis perdue, qui s’est éloignée du troupeau et que le Bon Pasteur doit ramener dans le droit chemin.
▪  Fig. Je suis complètement perdu, je n’y comprends plus rien. Être perdu dans ses pensées, s’y absorber au point de sembler étranger à toute réalité. Avoir le regard perdu dans le vague. Une nouvelle perdue dans la masse des informations. Une côte perdue dans la brume, qui se confond avec ce qui l’entoure. Subst., dans l’expression Courir, crier comme un perdu, comme quelqu’un qui n’a plus sa raison.
▪  Par extension. Isolé ; situé à l’écart. Une maison perdue au fond des bois. Un hameau perdu. Fam. Un coin, un trou perdu.
▪  Spécialement. Marque de domaine : beaux-arts. Profil perdu, dessiné de trois quarts arrière (on dit aussi Profil fuyant). – Marque de domaine : militaire. Sentinelle perdue, détachée de son unité en territoire hostile.
4.  Que l’on n’a pas remporté, qui se solde par un échec. La partie est perdue d’avance. Un combat de boxe perdu par K.-O. ou perdu aux points. Loc. Une cause perdue, vouée à l’échec. Se faire l’avocat des causes perdues.
5.  Au sens moral. Ruiné, discrédité, corrompu. Un homme perdu de réputation. Être perdu de débauche.
▪  Loc. Une fille perdue, une prostituée.
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