pour

POUR

préposition
Étymologie : ixe siècle, pro ; xie siècle, por, pur ; xiiie siècle, pour. Issu du latin pro, de même sens.
■  La préposition Pour s’emploie dans un très grand nombre de locutions et d’expressions qui sont expliquées au mot principal. Pour entre par ailleurs dans la composition de substantifs comme pourboire, pourparlers, pourpoint, pourtour, d’adverbes comme pourquoi, pourtant, de la locution conjonctive pourvu que, de verbes comme pourchasser, pourfendre, pourlécher, poursuivre.

I.

I. Préposition.
1.  Pour introduit un complément indiquant la destination, le but ou la conséquence.
– Suivi de l’indication du lieu que l’on veut atteindre. Il est parti pour Londres, pour Naples, pour la Chine.
– Suivi d’une indication de temps. Évoquant un moment précis, une période déterminée. Il viendra pour Noël. Ce sera tout pour aujourd’hui, pour le moment. Loc. adv. Pour lors (dans la langue soutenue), en ce temps-là, à ce moment-là ; dans ce cas, en conséquence. Il est pour lors à l’étranger. Pour l’heure (fam.), à l’heure actuelle, actuellement. Pour l’heure, elle est absente. Pour une fois, par exception. Il est venu seul, pour une fois.
▪  Évoquant une durée. Je n’en ai que pour quelques minutes. Je suis votre ami pour la vie. Loc. adv. Pour toujours ou, vieilli, pour jamais, éternellement, sans fin.
– Suivi d’un nom ou d’un verbe à l’infinitif désignant ce que l’on recherche, le but que l’on veut atteindre. Il fait de l’exercice pour sa santé. C’est pour son bien. Travailler pour la postérité. Loc. Pour l’honneur. Pour la plus grande gloire de Dieu. Pour l’amour de Dieu, pour Dieu (vieilli), dans le seul désir de plaire à Dieu ; s’emploie aussi comme formule rituelle pour demander la charité ou accompagner une demande, une supplique. Pour l’amour de Dieu, laissez-nous en paix. Fam. Travailler pour le roi de Prusse, pour des prunes, sans profit aucun.
▪  Semer pour récolter. Il vient pour vous aider. J’ai fait tout mon possible pour gagner son amitié. Je me tais pour ne pas vous fatiguer ou, litt., pour ne vous fatiguer pas. Par affaiblissement. Je dis cela pour plaisanter. Pour ne vous rien déguiser. Loc. Pour ne pas dire, introduit une précision qui permet de renforcer ce qui vient d’être dit. Il est très fier, pour ne pas dire orgueilleux, de ses origines. Pour ainsi dire, formule qui sert à atténuer une affirmation. Pour mieux dire, sert à renchérir sur les paroles précédentes ou à les préciser. Pour être honnête, en toute sincérité.
▪  Spécialement. Permet de coordonner deux actions qui semblaient s’exclure. Ayant oublié ses clés, il est parti pour revenir aussitôt. Vieilli. En remplacement de De quoi. Il y a ici pour contenter tous les goûts.
– Suivi d’un complément qui désigne la personne ou la chose à laquelle un sentiment, une action, un objet sont destinés. La tendresse d’une mère pour ses enfants. Il tremble pour toi. Je plaiderai pour vous, en votre faveur. Mourir pour sa patrie. Sa passion pour la musique est connue de tous. « Pour l’invalide » est un célèbre discours de Lysias. La devise des trois mousquetaires était « Tous pour un et un pour tous ».
▪  Par extension. Marque l’assentiment, la préférence. Il a voté pour la levée de l’embargo. Adverbialement. Êtes-vous pour ou contre ? Subst. Le pour et le contre, voir Contre I.
– Suivi d’un complément indiquant la conséquence, l’effet, la suite. Pour leur malheur, ils ont dû vendre la maison de famille. Il se trouvera toujours des gens pour le mettre en cause.
▪  En corrélation avec les adverbes Assez, Trop. Ce jeune homme est assez ambitieux pour accéder aux plus hautes fonctions. Il est trop tard pour rentrer à pied. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Expr. C’est trop beau pour être vrai, exprime le doute ou la méfiance en présence d’un évènement heureux. Il est trop poli pour être honnête.
▪  Loc. Être pour, suivi de l’infinitif, être tel que, être de nature à. Ce petit incident n’a pas été pour me déplaire. Cette affaire n’est pas pour en rester là. Être pour s’emploie aussi avec le sens d’Être sur le point de. Il était pour partir quand je suis arrivée.
2.  Pour introduit un complément indiquant la cause, la raison. Être condamné pour vol. Être estimé pour ses vertus. Il se fâche pour rien, pour un rien. Il ne faut pas se mettre en colère pour si peu. Il a démissionné pour raison ou pour raisons de santé.
▪  Loc. et expr. Pour un oui ou pour un non, à tout propos, sans motifs sérieux. Et pour cause (fam.), pour des motifs évidents ou, au contraire, pour des raisons secrètes. Il n’en a pas dit davantage, et pour cause. Pour autant, pourtant, malgré cela. Il est riche et n’est pas heureux pour autant. Très vieilli. Pour ce que, parfois écrit pource que, parce que.
▪  Suivi d’un infinitif passé. Il est malade pour s’être livré à des excès. Pour avoir sauvé un enfant de la noyade, il a été décoré.
3.  Pour est utilisé afin de mettre deux choses en relation, d’établir une comparaison.
– Dans une situation d’échange, dans l’expression d’une évaluation, d’une proportion. Il a cédé sa voiture pour une bouchée de pain. Acheter pour cent euros de livres. Il en a eu pour mille euros, il a payé cette somme. Mon royaume pour un cheval, formule attribuée par Shakespeare à Richard III, prêt à abandonner son royaume pour sauver sa vie. Fig. Il eut des reproches pour toute récompense. Pour toute réponse, il reçut des coups et des injures. Rendre le bien pour le mal.
▪  Loc. et expr. Pour cent, voir Cent I. Être pour beaucoup, pour peu ou n’être pour rien dans une affaire. Rendre coup pour coup, riposter à chaque coup porté par son adversaire. En avoir, en vouloir pour son argent, obtenir, vouloir obtenir un bien ou un service répondant à la somme demandée ou, par extension, aux efforts fournis. Pour un de perdu, deux de retrouvés, se disait pour consoler quelqu’un d’une déception amoureuse (on dit aujourd’hui Un de perdu, dix de retrouvés, voir Perdu). Fam. Pour un peu, suivi du conditionnel, presque. Pour un peu, il m’accuserait. Pour rien, pour trois fois rien, à un prix dérisoire. Je l’ai eu pour rien. Pour de bon, pour tout de bon, définitivement ; réellement. En tout et pour tout, seulement. Ils sont en tout et pour tout dix à avoir répondu. Prov. Œil pour œil, dent pour dent, voir Dent.
▪  Par extension. Dans l’établissement d’une comparaison, d’une opposition. Vous êtes trop savant pour moi. Voilà une grande faiblesse pour un philosophe. Pour deux ennemis qu’il s’attendait à combattre, il en trouva cent. « Ah ! Pour être dévot, je n’en suis pas moins homme », célèbre vers tiré de Tartuffe, de Molière. Pour un enfant, il est très raisonnable. Suivi d’un infinitif. Il est bien ignorant pour avoir étudié si longtemps.
– Dans une relation d’équivalence, d’identité. Traduire mot pour mot. On le prend souvent pour un autre. Jouez pour moi, à ma place. Il répondit pour son frère à la convocation. Pour qui me prenez-vous ? Spécialement. Dans les documents officiels, mention précédant la signature de celui qui en a la délégation. Pour le président, le secrétaire général.
▪  Par extension. En qualité de, en guise de, comme. Ils l’ont choisi pour chef. Elle l’a pris pour époux. Il l’a fait passer pour un imbécile. Je tiens cela pour chose certaine, pour certain.
4.  Introduit un complément désignant la personne, la chose, le domaine concernés par l’énoncé. En ce qui concerne, quant à. Il n’est plus rien pour elle. Il y aurait du déshonneur pour vous. Pour moi, pour ma part, je n’en ferai rien. Pour moi, il dit la vérité, d’après moi, selon moi. Pour cela, pour ce qui est de cela, je le veux bien. Être doué pour les langues. Pour être heureux, il est heureux ! Marque de domaine : philosophie. Pour-soi, voir ce mot.

II.

II. Locution conjonctive. Pour que, suivi du subjonctif.
Marque le but, la conséquence, la concession. Afin que ; de sorte que. Je suis venu vous voir pour que nous parlions de nos affaires. Ce doit être exceptionnel pour qu’on en parle tant. En corrélation avec les adverbes Assez, Trop. Sa famille l’épaule assez pour qu’il n’ait pas d’inquiétudes. Vous m’avez rendu trop de services pour que je puisse jamais douter de votre amitié.
▪  Pour… que ou, vieilli, pour si… que, quelque… que. Pour bon que soit ce remède, il ne faut pas en abuser. Il faut éviter de se faire un ennemi, pour petit qu’il soit. Pour si malheureuse qu’elle fût, elle ne se plaignait pas.
▪  Pour peu que, permet d’avancer une hypothèse. Quelque peu que, si peu que. Pour peu que vous lui en parliez, l’affaire réussira. Pour peu qu’on me fasse des difficultés, j’abandonnerai l’entreprise.
▪  Pour autant que, dans la mesure où. Pour autant que je sache, il est parti.
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