tout, toute

8e édition

TOUT, TOUTE.

adj.
■  Qui comprend l’intégrité, la totalité d’une chose considérée par rapport au nombre, à l’étendue ou à l’intensité de l’énergie ; il fait au pluriel tous (quand il n’est pas devant un nom, un article, un adjectif ou un pronom, on prononce l’S), toutes. Il s’emploie devant un nom précédé ou non d’un article, d’un démonstratif ou d’un possessif. Tout le monde. Toute la terre. Tout le jour. Tous les hommes. Tous les animaux. Toutes les plantes. Tout le peuple accourut. Toute sa famille est en bonne santé. Toutes les nations de la terre. Tous les habitants de la ville. Il y a dépensé toute une fortune. Tout un régiment fut fait prisonnier dans cette affaire. Toute cette dépense a été supportée par lui. Il nous a raconté en détail tous ces événements. Il y a mis tout son bien, tout son argent. Travailler de toutes ses forces. Employer tout son pouvoir, toute son industrie, tout son savoir à quelque chose. Il l’a servi de tout son crédit. Aimer quelqu’un de tout son cœur. Donner tout pouvoir à un mandataire. Agir en toute liberté.
Lire tout un auteur, Lire tous ses ouvrages.
Aller, courir à toutes jambes, à toute bride, Aller, courir très vite.
À tout hasard. Voyez Hasard.
À toute force. Voyez Force.
Tout s’emploie aussi devant un nom propre. Il a parcouru toute la France. J’ai descendu toute la Loire. Tout Paris connaît cette histoire. Il a lu tout Corneille. Toutefois il reste invariable devant un nom de ville. Tout Rome assista à son triomphe.
Il s’emploie également devant cela, ce que, ce qui, ceux qui, celles qui. Tout cela est fort inquiétant. Il fait tout ce qui lui plaît. Voilà tout ce que je sais. Tous ceux qui sont morts. Toutes celles qui sont venues.
Tous deux ou Tous les deux, L’un et l’autre. La première de ces locutions marque ordinairement  ? simultanéité. Ils partirent tous deux, tous deux ensemble pour la ville. Tous deux sont morts depuis longtemps. On dit de même : Tous trois, tous quatre et Tous les trois, tous les quatre. Au-delà de ce dernier nombre, on n’a plus la faculté de supprimer l’article. Tous les cinq, tous les seize, tous les vingt, etc.
Tout s’emploie encore avec le pronom personnel et se place après lui. Nous tous. Vous tous. Eux tous. Elles toutes.
Il s’emploie aussi comme attribut après le verbe. Cette somme est toute où vous l’avez laissée. Les journées se passèrent toutes ainsi. Ils sont tous vivants.
Se faire tout à tous, Être aimable, serviable, complaisant envers tout le monde.
Elliptiquement, Somme toute, Toutes les sommes jointes ensemble. Il se dit aussi figurément et signifie À tout prendre, au total, en résumé.
Tout s’emploie encore au sens de Chaque, devant le nom, ordinairement sans article. Tout bien est désirable. Toute peine mérite salaire. Toute autre personne, toute autre chose lui conviendrait mieux. De tout point. En tout point. En toute occasion. À toute heure. À tout moment. De toute part. De toute sorte. À tous moments. De toutes parts. De toutes sortes.
Tous les jours, tous les mois, tous les ans, Chaque jour, chaque mois, etc. Tous les deux jours, tous les trois jours, tous les deux mois, tous les trois mois, tous les deux ans, tous les trois ans, De deux jours en deux jours, de trois jours en trois jours, de deux mois en deux mois, etc. Toutes les deux heures, toutes les vingt-quatre heures, De deux heures en deux heures, de vingt-quatre heures en vingt-quatre heures.
Par tout pays, par toute terre, En quelque lieu que ce soit.
Être à toutes mains, Se prêter à tout, être propre à tout. On dit de même Un homme à toutes mains.
Prendre de toutes mains, Prendre de tous côtés, acquérir par toutes sortes de voies, justes ou injustes.
À tout propos. Voyez Propos.
Tout s’emploie aussi, absolument, comme pronom. Il se dit au masculin singulier pour Toute chose, toute sorte de choses. Tout est bon dans cet ouvrage. C’est un homme à tout faire. Tout bien considéré. Se prêter à tout. Il est capable de tout. Tout ou rien.
Il se dit encore de Tout le monde, de l’ensemble des personnes, d’une collectivité. Femmes, enfants, vieillards, tout fut massacré. Le peuple et l’armée, tout était consterné. Tout fuyait devant lui.
Au pluriel, il désigne l’Ensemble des personnes, des choses dont on vient de parler. Il fut fêté par ses concitoyens, tous vinrent au-devant de lui. Le froid a été funeste pour ces plantes, toutes ont gelé.
Tous tant que nous sommes, Nous tous.
Absolument, Jésus-Christ est mort pour le salut de tous, Il est mort pour le salut de tous les hommes.
Tout s’emploie encore comme nom masculin et désigne l’Ensemble, la somme des parties, une chose divisible considérée en son entier. Le tout est plus grand qu’une de ses parties. Diviser un tout en plusieurs parties. Je ne veux pas vendre cela au détail, prenez le tout si vous voulez. Il vous cédera le tout. Au pluriel, il conserve le t. Plusieurs touts distincts les uns des autres.
Il y a une différence du tout au tout se dit de Deux choses que quelqu’un compare ensemble et qui diffèrent extrêmement l’une de l’autre.
Risquer, jouer le tout pour le tout, Hasarder de tout perdre pour tout gagner.
Le tout d’une charade, Le mot entier proposé en charade. Mon tout est telle chose.
Tout s’emploie après l’énumération de plusieurs choses, pour les joindre toutes ensemble. Il a fait telle et telle chose, le tout pour parvenir à son but. Le tout monte à tant.
Le tout ensemble, Ce qui résulte de l’assemblage de plusieurs parties formant un tout. Il y a une ou deux bonnes scènes, quelques beaux vers dans cette pièce, mais le tout ensemble ne vaut rien.
En termes de Blason, Sur le tout se dit en parlant d’un Écusson mis sur les quartiers. Il porte écartelé de… et de… et sur le tout de… On dit aussi Sur le tout du tout, en parlant d’un Écusson posé sur les quartiers de l’écu qu’on dit être sur le tout. Brochant sur le tout se dit en parlant d’une Pièce qui paraît tout entière sur les autres pièces de l’écu. Il portait semé de France au bâton de gueules brochant sur le tout.
Tout signifie encore Ce qu’il y a de principal, de plus important dans une chose. C’est quelque chose de bien commencer, mais le tout est de bien finir.
Il en fait son tout, Il l’aime uniquement ; cela ne se dit qu’en parlant des Personnes. Il n’a d’yeux que pour cet enfant, il en fait son tout.
En termes de Dévotion, Mon Dieu et mon tout ! Mon Dieu, qui êtes tout pour moi !
Tout, en termes de Jeu, désigne la Troisième partie qui se joue après qu’un des deux joueurs a perdu partie et revanche, et où l’on joue autant d’argent que l’on en a joué dans les deux premières parties ensemble. Jouer le tout. Jouer partie, revanche et le tout. Perdre le tout. Gagner le tout.
Tout s’emploie également comme adverbe devant un adjectif, un nom pris comme attribut, un adverbe ou une locution prise adverbialement, et il signifie Entièrement, complètement, sans exception, sans réserve, tout à fait. Il est tout dévoué à votre service. Ils furent tout étonnés. Il est tout autre que vous ne l’avez vu. C’est maintenant un tout autre homme. Ces fruits sont tout autres que les premiers. Les chevaux de ce poil-là sont ordinairement tout bons ou tout mauvais. C’est un enfant tout plein d’esprit. Il est difficile de prendre ces animaux tout vivants. Cette plante est tout en fleurs. Elle était tout en larmes. Il est venu jusqu’ici tout d’une traite.
Être tout yeux, tout oreilles, Regarder, écouter avec toute son attention. Elles étaient tout yeux et tout oreilles.
Être tout cœur, tout esprit, tout zèle, etc., Être plein de cœur, d’esprit, de zèle. Ce sont des gens qui sont tout cœur et tout esprit. Elle est pour ses amis tout zèle, tout dévouement.
Fam., C’est tout un, C’est identique, cela revient au même.
Tout, adverbe, placé immédiatement devant un adjectif féminin qui commence par p. 675une consonne ou une h aspirée, reçoit le genre et le nombre du nom ou du pronom auquel cet adjectif se rapporte. Elle est toute malade. Elles furent toutes surprises de le voir. Des femmes toutes pénétrées de douleur. De l’eau-de-vie toute pure. C’est une femme toute pleine de cœur. Elle en est toute honteuse. Mais devant les adjectifs féminins qui commencent par une voyelle ou une h muette, il reste invariable. Sa maison est tout autre qu’elle n’était. Un chien qui a les oreilles tout écorchées. Avoir les mains tout emportées. Des femmes tout éplorées. Elle est tout absorbée dans ses réflexions. Elle resta tout hébétée.
Tout autre reste invariable au féminin lorsque tout, modifiant autre, est adverbe et signifie Tout à fait, entièrement. C’est tout autre chose, C’est une chose tout à fait autre. Il faut toute autre lorsque toute détermine le nom qui suit autre et qu’il est, par conséquent, adjectif. Demandez-moi toute autre chose, Demandez-moi toute chose autre que celle que vous me demandez.
Tout entier fait tout entière au féminin, tout entiers et tout entières au pluriel. Les grands hommes ne meurent pas tout entiers. Cette femme est tout entière à ce qu’elle fait.
Tout à vous, Formule de politesse pour dire qu’On est à la disposition de quelqu’un. Je suis tout à vous. Dans cette expression, tout, étant adverbe, reste invariable, si c’est une femme qui parle. Au contraire, il fait toute dans la phrase suivante, où il est employé comme adjectif : Elle s’est donnée toute à lui.
Tout se place devant un adverbe, ou une locution prise adverbialement, pour lui donner plus d’énergie. Tout doucement. Parler tout haut, tout bas. Je vous le dis tout franc, tout net. Tout au moins. Tout autant. Tout aussi bien que lui. Tout ainsi que. Tout comme vous voudrez. C’est tout au plus. Tout de son long. Tout le long. Tout au long. Tout de suite. Tout droit. Tout de travers. Tout court. Tout en haut. Tout en bas. Tout à côté. Tout contre. Tout auprès. Tout au travers du corps. Tout autour. Tout au plus.
Tout le premier, Le premier de tous. J’irai vous voir, madame, vous toute la première. Nous avons cru à cette nouvelle, nous tous les premiers.
Tout s’emploie devant en et un participe présent pour marquer  ? simultanéité. Tout en marchant, ils parlaient de leurs projets. Il lui dit ses vérités tout en riant.
Tout… que s’emploie avec un adjectif, et même avec certains noms, dans la signification de Quoique, encore que, quelque… que. En ce sens, il prend l’accord devant les noms et adjectifs féminins qui commencent par une consonne ou une h aspirée. Tout sage qu’il est. Tout votre ami qu’il est. Tout blessé qu’il était. Tout habiles et tout artificieux qu’ils sont. Tout ingrate qu’elle est. Toute femme qu’elle est. Toutes raisonnables qu’elles sont…
À tout prendre, loc. adv. À considérer tout l’ensemble des qualités d’une personne ou d’une chose, tout ce qu’elle a de bien et de mal. Cette maison a ses défauts ; mais, à tout prendre, elle est belle et commode. À tout prendre, Louis XI était un roi.
Après tout, loc. adv. Dans le fond, tout bien considéré. Vos raisons sont spécieuses ; mais, après tout, le parti que vous proposez pourrait avoir de fâcheux résultats.
Du tout, loc. adv., qui se joint avec Rien, pas, point, pour renforcer la négation. Il n’aura rien du tout. Je n’en veux pas du tout. Vous me donnerez cela ? Point du tout. Quand ces locutions servent de réponse, on dit quelquefois, par ellipse, Du tout. Ferez-vous cela ? Du tout.
En tout, loc. adv. Sans rien omettre, tout étant compris, tout compte fait. Cela lui revient en tout à mille francs. Cela fait cent francs en tout. On dit encore, pour renforcer l’expression, En tout et pour tout. Il ne lui reste que dix mille francs en tout et pour tout.
Tout beau, tout doux, loc. adv. et fam. Voyez Beau, Doux.
Tout de bon, Tout à coup, Tout d’un coup, Tout à fait, Tout à l’heure, Tout de suite, Tout de go, loc. adv. Voyez Bon, Coup, Fait, Heure, Suite, Go.
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