nourrir

7e édition

NOURRIR.

v. a.
■  Sustenter, servir d’aliment. Les aliments les plus propres à nourrir l’homme. Dieu a créé les fruits de la terre pour nourrir l’homme et les animaux.
Il s’emploie souvent absolument. Il y a des aliments qui nourrissent trop. Le pain nourrit beaucoup. Les fruits, les légumes ne nourrissent pas autant que la viande. Certaines viandes nourrissent plus que d’autres. Cela est fort succulent et nourrit beaucoup. Le vin nourrit.
Il se dit quelquefois figurément, au sens moral. Nourrir son imagination de chimères. Nourrir son esprit des plus saines maximes.
Nourrir, se dit aussi D’une femme qui donne à teter à un enfant. C’est elle qui l’a nourri. Elle lui a nourri trois enfants. Une mère qui nourrit son enfant, est doublement sa mère. Elle a nourri entièrement cet enfant. Elle ne l’a nourri qu’à moitié. La nourrice qui a achevé de le nourrir. Dans ce sens il s’emploie aussi absolument. Cette femme nourrit.
Cette femme ne saurait nourrir d’enfants, Elle a eu le malheur de perdre tous ses enfants, dès leur bas âge.
Nourrir, signifie encore, Entretenir d’aliments. Je l’ai vêtu et nourri pendant dix ans. Les enfants sont obligés de nourrir leur père et leur mère dans le besoin. Il nourrit tant de valets. Il ne nourrit pas ses domestiques, il leur donne leurs vivres en argent. Je lui donne tant par an pour me loger et pour me nourrir. On est bien nourri, on est mal nourri dans cette pension, dans cette auberge. Si les guerriers défendent la patrie, les laboureurs la nourrissent. Il nourrit tant de chiens, tant de chevaux. Si on veut que des chevaux travaillent bien, il faut les bien nourrir. Nourrir des bestiaux, des poulets, des pigeons, des vers à soie.
Fig., N’être pas nourri, N’être pas suffisamment nourri, être mal nourri. Les enfants ne sont pas nourris dans cette pension, dans ce collège. Les domestiques ne sont pas nourris dans cette maison.
Nourrir, signifie au figuré, Instruire, élever. Il faut avoir soin de nourrir les enfants dans les sentiments de piété et d’honneur. Il a été nourri dans l’amour de la vertu, dans la haine du vice, dans la mollesse, dans les délices, dans les fatigues de la guerre, etc.
Prov. et fig., Il nourrit un serpent dans son sein, Il élève, il protège, il assiste un ingrat, un méchant qui le perdra, qui le ruinera quelque jour.
Nourrir, se dit aussi D’un pays qui ordinairement en fournit un autre de vivres ; d’une terre, d’un héritage qui donne au propriétaire de quoi le faire subsister, d’une profession qui procure de quoi vivre à celui qui l’exerce. La Sicile nourrissait Rome. Ces provinces nourrissent la capitale. Cette terre le nourrit, lui et toute sa famille. Le métier qu’il fait ne suffit pas pour le nourrir. Je veux un métier qui me nourrisse, moi et mes enfants.
Prov., Il n’y a si petit métier qui ne nourrisse son maître, On peut, en travaillant, gagner de quoi vivre, quelque peu lucrative que soit l’industrie qu’on exerce.
Nourrir, signifie quelquefois, Produire, porter, renfermer. L’Afrique nourrit beaucoup d’animaux féroces. Cette terre nourrit une race d’hommes forts et courageux. Cette mer nourrit des poissons voraces et destructeurs.
Nourrir, signifie aussi figurément, Entretenir, faire subsister, faire durer. Nourrir l’espoir, le mécontentement, l’orgueil de quelqu’un. Nourrir la discorde, les troubles. Nourrir la haine, la défiance dans son cœur, dans le cœur de quelqu’un. Nourrir dans son âme une passion malheureuse, un amour sans espérance, des souvenirs pleins de charmes.
Nourrir une action, Fournir un supplément de finance au capital d’une action.
Nourrir un numéro à la loterie, Mettre sur le même numéro à chaque tirage, en augmentant toujours la mise.
Nourrir, se dit également De certaines choses qui en entretiennent d’autres, qui les font profiter. La bonne terre nourrit les plantes, les arbres. Mettre du fumier au pied d’un arbre pour le nourrir. Le bois nourrit le feu. La pommade nourrit les cheveux. On a amené plusieurs ruisseaux pour nourrir ce canal. Cette année les melons ont été trop nourris d’eau.
Il se dit de même au sens moral. L’espérance nourrit l’amour. Les services mutuels nourrissent l’amitié. L’étude, la lecture, la conversation des hommes éclairés nourrit l’esprit.
En Peinture, Nourrir un tableau de couleurs, Mettre les couleurs avec une certaine abondance qui donne le moyen de les mêler aisément, de les empâter. Nourrir le trait, Éviter la maigreur et la sécheresse.
En Musique, Nourrir les sons, Faire qu’ils soient pleins et retentissants, et les soutenir exactement pendant leur durée.
Nourrir, s’emploie avec le pronom personnel dans plusieurs de ses acceptions, tant propres que figurées. L’homme se nourrit de pain, de viandes, de légumes, etc. Cet anachorète ne se nourrissait que de racines sauvages. Les oiseaux de proie se nourrissent de chair. Cet homme se nourrit bien. Au sens moral : Se nourrir de la lecture des bons livres. Se nourrir de saines doctrines. Se nourrir de la parole de Dieu. Se nourrir d’idées tristes.
Cet enfant, cet animal se nourrit bien, se nourrit mal, Les aliments lui profitent bien, ne lui profitent pas.
Cet arbre n’a pas de quoi se nourrir, Il est planté dans une mauvaise terre, où il ne trouve pas un suc convenable et suffisant.
Nourri, ie. part. passé.
Par plaisanterie, Cet homme est bien nourri, Il a beaucoup d’embonpoint.
Ce blé, ce grain est bien nourri, Il est bien plein, bien rempli.
Fig., Un style nourri, Un style riche, plein, abondant. Un ouvrage nourri de pensées, de réflexions, Un ouvrage où les pensées justes, où les réflexions judicieuses abondent. On dit aussi, Un écrivain nourri des bons auteurs, Un écrivain qui fait preuve d’une grande connaissance des bons auteurs.
En Calligraphie, Cette lettre est bien nourrie, Les traits qui la forment ont beaucoup de corps ; et, Elle n’est pas bien nourrie, Elle est plus déliée qu’il ne faut.
En Peinture, Une couleur nourrie, Une couleur bien empâtée. Un trait nourri, Un trait qui n’est pas trop fin.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.