nourrir

3e édition

NOURRIR.

v. a.
■  Sustenter, servir d’aliment. Les alimens les plus propres à nourrir l’homme. Le sang nourrit toutes les parties du corps.
On dit prov. que La soupe nourrit le soldat.
Nourrir, s’emploie souvent absolument. Il y a des alimens qui nourrissent trop. Le pain nourrit beaucoup. Les fruits, les légumes ne nourrissent pas tant que la viande. Ces viandes-là nourrissent plus que d’autres. Cela est fort succulent & nourrit beaucoup. Le vin nourrit.
Nourrir, se dit aussi, De toutes les choses dont les plantes & les arbres tirent leur suc pour la végétation. La bonne terre nourrit les plantes, les arbres. Mettre du fumier au pied d’un arbre pour le nourrir.
Il s’emploie souvent avec le pronom personnel ; & alors il signifie, Repaître, prendre de la nourriture. L’homme se nourrit de pain & de viandes. Les chevaux se nourrissent de foin & d’avoine.
On dit, d’Un enfant, qu’Il se nourrit bien, qu’il se nourrit mal, pour dire, que Les alimens lui profitent bien, ou ne lui profitent pas : Et, d’Un arbre planté dans une mauvaise terre, qu’Il n’a pas de quoi se nourrir, pour dire, qu’Il n’y trouve pas un suc convenable & suffisant. Nourrir, dans ces phrases est neutre passif.
Nourrir, signifie aussi, Entretenir d’alimens. Je l’ai vétu & nourri dix ans durant. Les enfans sont obligez de nourrir leur père & leur mère dans le besoin. Il nourrit tant de valets. Je lui donne tant par an pour me loger & pour me nourrir. Il nourrit tant de chiens, tant de chevaux. Si on veut faire bien travailler des chevaux, il faut les bien nourrir. Nourrir des bestiaux. Nourrir des poulets, des pigeons. Nourrir des vers à soie, &c.
On dit, que Des enfans ne sont pas nourris dans une maison, que Des écoliers ne sont pas nourris dans un Collége, pour dire, qu’Ils n’y sont pas suffisamment nourris, qu’on ne les y nourrit pas comme il faut.
On dit, qu’On est bien nourri, qu’on est mal nourri en quelque endroit, pour dire, qu’On y fait bonne chère, mauvaise chère. Cela ne se dit que des pensions ou des auberges.
On dit prov. qu’Il n’y a point de si petit métier qui ne nourrisse son maître, pour dire, que. Pour peu qu’on travaille on gagne de quoi vivre.
On dit, qu’Un Pays en nourrit un autre, pour dire, qu’Il le fournit ordinairement de vivres. La Sicile nourrissoit Rome. La Normandie & l’Ile de France nourrissent Paris.
On dit aussi, d’Une terre, d’un héritage, qu’Ils nourrissent toute une famille, pour dire, qu’Ils fournissent suffisamment de quoi la faire subsister. Son jardin le nourrit. Cette terre nourrit toute sa famille.
On dit, que Le bois nourrit le feu, pour dire, que Le bois entretient le feu, le fait subsister ; que La pommade nourrit le teint, pour dire, qu’Elle l’entretient en bon état.
On dit aussi figur. L’espérance nourrit l’amour. L’amour se nourrit d’espérance. Les services mutuels nourrissent l’amitié.
Nourrir, se dit aussi, d’Une femme qui donne à teter à un enfant. C’est elle qui l’a nourri. Elle lui a nourri trois enfans. Une mère qui nourrit son enfant, est doublement sa mère. Elle a nourri entièrement cet enfant. Elle ne l’a nourri qu’à moitié. La nourrice qui a achevé de le nourrir.
On dit aussi, qu’Une femme ne sauroit nourrir d’enfans, pour dire, qu’Elle ne sauroit les élever jusques hors de l’enfance.
Nourrir, signifie aussi figur. Instruire, élever. Il faut avoir soin de nourrir les enfans dans des sentimens de piété & d’honneur. Il a été nourri auprès d’un tel Prince, nourri page du Roi, nourri enfant d’Honneur de Monseigneur le Dauphin. Il a été nourri dans l’amour de la vertu, dans l’aversion du vice. On disoit autrefois, Il a été bien nourri, mal nourri, pour dire, qu’Il a été bien élevé, mal élevé.
On dit prov. qu’Un homme nourrit un serpent dans son sein, pour dire, qu’Il élève un ingrat, un méchant qui le perdra, qui le ruinera quelque jour.
Nourrir, se dit aussi figur. en parlant Des choses qui servent à former, à façonner l’esprit, les mœurs, &c. La science, la bonne lecture, la conversation des honnêtes gens nourrit l’esprit. Se nourrir de la lecture des bons livres. Se nourrir de la parole de Dieu,
p. 200Nourri, ie. part. Il a les signifie. de son verbe.
On dit par raillerie, qu’Un homme est bien nourri, pour dire, qu’Il est plus gros ou plus gras qu’il ne faudroit.
On dit, que Du bled, que du grain est bien nourri, pour dire, qu’Il est bien plein, bien rempli.
Et on dit, d’Un style riche, plein, abondant, que C’est un style nourri.
Les Maîtres qui montrent à écrire, disent, qu’Une lettre est bien nourrie, pour dire, que Les traits en sont bien formez : & qu’Elle n’est pas bien nourrie, pour dire, qu’Elle est plus déliée qu’il ne faut.
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