vent

6e édition

VENT.

s. m.
■  Mouvement plus ou moins rapide de l’air, suivant une direction determinée. Les quatre vents principaux ou cardinaux sont : le vent du nord, le vent du sud, le vent d’est, le vent d’ouest. Vents périodiques ou réglés. Vents irréguliers, variables, accidentels. Grand vent. Vent impétueux, froid, chaud, humide, mou, pluvieux, doux, agréable, frais. Vent haut. Vent bas. Il fait grand vent. Le vent souffle. Le vent se lève. Le vent change. Le vent tourne. Le vent cesse, est apaisé, est tombé, s’est abattu tout d’un coup. Être exposé au vent, à tous les vents, à tout vent. Être à l’abri du vent. La force, la vitesse, la violence, l’impétuosité du vent. Il vient bien du vent par cette porte, par cette fenêtre. Cet arbre a été abattu d’un coup de vent.
Vents souterrains, Vents qui se forment dans les concavités de la terre.
Vent coulis, Vent qui passe par de petites ouvertures.
En termes de Jardinage, Arbres en plein vent ou de plein vent, Les arbres fruitiers de haute tige, qui ne sont point plantés en espalier, et qui sont exposés au vent de tous côtés. On dit en un sens analogue, dans le langage ordinaire, Une boutique, un étalage en plein vent ; un théâtre en plein vent ; etc.
Fam., Être logé aux quatre vents, Être logé dans une maison exposée aux vents et ouverte de tous côtés.
Par exagérat., Il va comme le vent, il va plus vite que le vent, se dit D’un homme, d’un cheval, etc., qui est fort léger à la course. Il fend le vent, se dit D’un oiseau qui vole avec une grande rapidité.
Ce vaisseau flotte au gré du vent, à la merci du vent, Il n’est point gouverné. Ses cheveux flottent au gré du vent, Ils flottent en l’air, agités par le souffle du vent.
Prov. et fig., Regarder de quel côté vient le vent, S’amuser à regarder dehors sans aucun dessein, et comme un homme oisif. Il signifie aussi, Observer le cours des affaires et les diverses conjonctures, pour régler sa conduite suivant ce que l’on découvre. Il ne se prend qu’en mauvaise part.
Prov. et fig., Jeter la plume au vent, Prendre sa résolution au hasard.
Fam. et par plaisanterie, Mettre flamberge au vent, Tirer l’épée.
Prov., Petite pluie abat grand vent, Une petite pluie fait ordinairement cesser un grand vent ; et, figurément, Un peu de douceur apaise souvent un grand emportement ; ou Une cause légère, un petit incident fait cesser quelquefois de grands troubles, de grandes querelles.
Prov., Autant en emporte le vent, se dit en parlant De promesses auxquelles on n’ajoute point de foi, ou De menaces dont on ne craint point les effets.
Fig. et fam., C’est une girouette qui tourne à tout vent, au moindre vent ; il tourne à tout p. 919vent, se dit D’un homme dont l’esprit est léger, inconstant.
Prov. et fig., À brebis tondue, Dieu mesure le vent, La Providence proportionne nos maux à nos forces.
Moulin à vent, Moulin que le vent fait mouvoir.
Dans les contrées maritimes, Vent de terre, ou Brise de terre, Vent qui vient de la terre, et qui souffle la nuit. Vent de mer, ou Brise de mer, Vent qui vient de la mer, et qui souffle pendant le jour.
En termes de Marine, Avoir vent arrière, avoir bon vent, Avoir un vent qui porte directement le navire vers le point où l’on veut aller ; et, dans un sens opposé, Avoir vent debout, vent contraire, Avoir un vent directement opposé à la route que l’on veut faire. Être vent devant, se dit D’un navire qui reçoit le vent sur ses voiles, en le prenant de devant.
Avoir le vent en poupe, ne se dit plus guère au propre dans la marine ; mais il se dit figurément pour signifier, Être secondé, favorisé par les circonstances.
Fig., dans le style soutenu, Le vent des prospérités, de l’adversité, La fortune favorable ou défavorable. On dit de même, Le vent de la faveur, L’avantage du crédit, de la faveur du prince. On dit aussi, Le vent tourne, Le cours des choses change, devient favorable, ou cesse de l’être.
En termes de Marine, Pincer le vent, serrer le vent, rallier le vent ou au vent, tenir le vent ; et, Aller au plus près du vent, ou elliptiquement, Aller au plus près, Disposer ses voiles de telle sorte, que le navire aille le plus près qu’il est possible de la ligne sur laquelle le vent souffle, en remontant vers le côté d’où il souffle.
Avoir le vent sur un navire, être au vent d’un navire, avoir le dessus du vent, gagner le vent, le dessus du vent à un navire, Se trouver ou se mettre entre le lieu d’où le vent souffle, et le navire dont il s’agit ; ce qui se dit aussi en parlant D’une île. On dit de même, Cette île était au vent à nous, Elle était entre nous et l’endroit d’où soufflait le vent ; et, Cette île nous restait sous le vent, Nous étions entre cette île et l’endroit d’où le vent soufflait.
Fig. et fam., Avoir le dessus du vent, Avoir l’avantage sur quelqu’un. Être au-dessus du vent, Être en état de ne rien craindre. Cette dernière façon de parler n’est point usitée au propre dans la marine.
En termes de Marine, Vent fait, Vent qui ne varie plus, et qui paraît devoir durer.
Vents alizés, Vents faits et réglés, que l’on trouve presque toujours en certains parages entre les deux tropiques, et qui sont d’un très-grand secours pour les voyages de l’Amérique ou des Indes orientales. Nous jugeâmes à propos de changer notre route, pour aller chercher les vents alizés.
Vent frais, Vent médiocrement fort, et bon pour faire route. On dit dans le même sens, Un bon frais, un bon petit frais, sans ajouter Vent. Dans un sens contraire, Vent forcé, Vent violent et plus fort qu’il ne faut.
Avoir vent et marée, se dit D’un bâtiment qui se trouve avoir en même temps le vent et la marée favorables pour la route qu’il fait. Dans un sens contraire, Aller contre vent et marée, se dit Lorsque la marée et le vent se trouvent contraires à la route qu’un bâtiment veut tenir.
Fig. et fam., Cet homme a vent et marée, Tout favorise ses desseins. Il va contre vent et marée, Il poursuit obstinément ses projets, malgré toutes les difficultés qui s’y opposent.
Prov., Selon le vent, la voile, Il faut déployer plus ou moins de voiles, selon que le vent est plus fort ou plus faible, selon qu’il est plus ou moins favorable ; et, figurément, Il faut proportionner ses entreprises à ses moyens, ou ses démarches aux circonstances ; il faut se conduire avec assez d’adresse, pour avancer, malgré les difficultés, vers le but qu’on se propose.
Aller selon le vent, Régler sa navigation sur le vent. Aller tout d’un vent, d’un même vent, Faire sa route avec un seul vent ; ce qui a lieu lorsque le trajet est direct, et qu’on n’a besoin que d’un seul vent pour le faire. Prov. : On va d’un même vent à deux endroits opposés. On va de tout vent à un même endroit.
Fig. et fam., Aller selon le vent, S’accommoder au temps.
En termes de Chasse, Chasser au vent, aller dans le vent, Aller contre le vent.
Porter au vent, porter le nez au vent, se dit Des animaux, surtout des chevaux, lorsqu’ils portent la tête haute. Ordinairement les chevaux tartares portent le nez au vent, portent au vent.
Fig. et fam., Cet homme porte le nez au vent, Il tient la tête haute, il a l’air fier, dédaigneux.
Fig. et fam., Quel bon vent vous amène ? se dit À une personne qui arrive, pour lui témoigner qu’on est surpris et bien aise de la voir.
Vent, se dit aussi de L’air agité par quelque moyen particulier. Faire du vent avec un chapeau, avec un soufflet, avec un éventail. Dans ce sens, on dit, Le vent d’un boulet de canon, L’air agité par le passage d’un boulet de canon. Le vent du boulet le jeta par terre. En Artillerie, Vent se dit aussi pour Évent.
Instruments à vent, Les instruments de musique dont le son est formé par l’air qu’on y introduit ; ce qui se dit par opposition aux Instruments à cordes, où le son est formé par les vibrations des cordes. La trompette, le hautbois, la flûte, la clarinette, l’orgue, etc., sont des instruments à vent.
Fusil à vent, Espèce de fusil où l’air, comprimé dans la crosse, fait le même effet que la poudre dans les autres fusils.
Vent, se dit encore de L’air ou plutôt des gaz retenus dans le corps de l’homme ou des animaux. Être plein de vents. Avoir des vents. Cela cause des vents, donne, engendre des vents. Lâcher un vent. Lâcher des vents.
Donner vent à un tonneau, à une pièce de vin, Y faire quelque petite ouverture pour en laisser sortir l’air, pendant que le vin travaille. Si vous ne donnez vent à ce muid, il jettera ses fonds. On dit aussi, Donner vent au vin, Faire une ouverture au tonneau pour y faire entrer l’air. Ce vin ne viendra point, si on ne lui donne vent par en haut.
Vent, signifie populairement, Respiration, souffle, haleine. Prendre son vent. Reprendre son vent. Retenir son vent. Retirer son vent. On lui donna un coup dans l’estomac qui lui fit perdre vent.
Vent, en termes de Vénerie, signifie, L’odeur qu’une bête laisse dans les lieux où elle a été, où elle a passé. Le cerf est de plus grand vent que le lièvre.
Il signifie aussi, L’odeur qui vient des émanations d’un corps. Le sanglier prend le vent de tous côtés avant que de sortir de sa bauge, Il flaire de tous côtés. Le sanglier a eu le vent du gland, les corbeaux ont eu le vent d’une bête morte, L’odeur en est parvenue jusqu’à eux.
Fig. et fam., Avoir vent de quelque chose, avoir vent que quelque chose se passe, En recevoir quelque avis. On a eu vent de leur projet. On dit proverbialement, dans un sens analogue, N’avoir ni vent ni nouvelle, ni vent ni voie de quelque chose ou de quelqu’un.
Fig. et fam., Le vent du bureau, Ce qu’on connaît ou ce qu’on présume des dispositions où sont ceux de qui dépend la décision d’une affaire. Il a le vent du bureau pour lui, contre lui. Le vent du bureau lui est favorable, ne lui est pas favorable. Prendre le vent du bureau.
Vent, signifie quelquefois figurément, Vanité. Il y a bien du vent, il n’y a que du vent dans cette tête. Toute cette apparence n’est que du vent, n’est que vent.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.