vent

3e édition

VENT.

subst. masc.
■  Air poussé d’un lieu à un autre, avec plus ou moins de violence. Les quatre vents principaux, ou Cardinaux sont, Le vent de Nord, le vent de Sud, le vent d’Est, le vent d’Ouest. Grand vent. Vent impétueux, froid, chaud, humide, mou, pluvieux, doux, agréable, frais. Il fait vent. Il fait du vent. Il fait grand vent. Le vent souffle. Le vent se lève. Le vent change. Le vent tourne. Le vent cesse, est apaisé, est tombé, s’est abattu tout d’un coup. Etre exposé au vent. Etre à l’abri du vent.
On appelle, Vents soûterrains, Les vents qui se forment dans les concavitez de la terre ; Et, Vent coulis, Un vent qui passe par de petites ouvertures.
On appelle, en termes de Jardinage, Arbres en plein vent, Les arbres fruitiers de haute tige, qui ne sont point plantez en espalier ; Et, on dit famil. Etre logé aux quatre vents, pour dire, Etre logé dans une maison mal fermée.
On dit, d’Un homme, d’un cheval, &c. qui est fort vîte, fort léger à la course, qu’Il va comme le vent, qu’il va plus vîte que le vent ; Et, d’Un oiseau qui vole avec une grande rapidité, qu’Il fend le vent.
On dit, d’Un vaisseau qui n’est point gouverné, qu’Il flotte au gré du vent, à la merci du vent ; Et, on dit, que Des cheveux flottent au gré du vent, pour dire, qu’Ils flottent sur les épaules.
On dit prov. Regarder de quel côté vient le vent, pour dire, S’amuser à regarder dehors sans aucun dessein, & comme un homme oisif. On s’en sert aussi, pour dire, Observer le cours des affaires, & les diverses conjonctures, pour régler sa conduite suivant ce que l’on découvre ; Et, on dit, Jeter la plume au vent, pour dire, Prendre sa résolution au hasard.
On dit proverb. Petite pluie abat grand vent, pour dire, qu’Une petite pluie fait ordinairement cesser un grand vent ; Et figurément, pour dire, qu’Un peu de douceur apaise souvent un grand emportement.
On dit, en parlant De promesses auxquelles l’on n’ajoûte point de foi, & De menaces dont on ne se soucie point, Autant en emporte le vent.
On dit figur. d’Un esprit léger, que C’est une girouette qui tourne à tout vent, au moindre vent.
On dit prov. A brebis tondue, Dieu mesure le vent, pour dire, que Dieu par sa bonté ne permet pas qu’il nous arrive plus de maux que nous n’en pouvons supporter.
On dit, en termes de Marine, Avoir vent arrière, pour dire, Avoir un vent qui porte directement-où l’on veut aller ; Et, dans un sens contraire, Avoir vent debout, pour dire, Avoir un vent directement opposé à la route que l’on veut faire.
On ne dit plus guère au propre, dans la Marine, Avoir vent en poupe, mais il se dit figurément, pour signifier, Etre heureux, & trouver toutes sortes de facilitez dans les choses que l’on entreprend.
On dit, en termes de Marine, Pincer le vent, tenir le vent ; Et, Aller au plus près du vent, ou seulement, Aller au plus près, pour dire, Disposer ses voiles de telle sorte, que le vaisseau aille le plus près qu’il est possible, de la ligne sur laquelle le vent souffle, en remontant vers le côté d’où il souffle.
On dit, en termes de Marine, Avoir le vent sur un vaisseau, être au vent d’un vaisseau ; avoir le dessus du vent ; gagner le vent, le dessus du vent à un vaisseau, pour dire, Se trouver, ou se mettre entre le lieu d’où le vent souffle, & le vaisseau dont il s’agit : Ce qui se dit aussi, d’Une Ile. On dit de même, Cette Ile étoit au vent de nous, pour dire, Elle étoit entre nous & l’endroit d’où souffloit le vent ; Et, Cette Ile nous restoit sous le vent, pour dire, Nous étions entre cette Ile & l’endroit d’où le vent souffloit.
On dit figurément, Avoir le dessus du vent, pour dire, Avoir l’avantage sur quelqu’un ; Et l’on dit, Etre au-dessus du vent, pour dire, Etre en état de ne rien craindre. Cette dernière façon de parler n’est point en usage au propre dans la Marine.
On appelle, en termes de Marine, Vent fait, Un vent qui ne varie plus, & qui paroît devoir durer.
On appelle, Vents alizez, Des vents faits p. 843& réglez, que l’on trouve presque toûjours en certains parages entre les deux Tropiques, & qui sont d’un très-grand secours pour les voyages de l’Amérique, ou des Indes Orientales ; c’est pourquoi les Navigateurs se détournent de leur droite route pour aller chercher ces vents, & dans ce sens, l’on dit, Nous jugeâmes à propos de changer notre route pour aller chercher les vents alizez.
On appelle, Vent frais, Un vent médiocrement fort, & commode pour faire sa route : On dit, dans le même sens, Un bon frais, un bon petit frais, sans ajoûter Vent. On appelle, dans un sens contraire, Vent forcé, Un vent violent & plus fort qu’il n’est besoin pour faire sa route.
En parlant d’Un vaisseau, qui voulant entrer dans une rivière, dans quelque détroit où la marée se fait sentir, se trouve avoir en même temps le vent & la marée favorables pour la route qu’il fait, on dit, qu’Il a vent & marée ; Et, dans un sens contraire, on dit, qu’Il va contre vent & marée, Lors qu’en effet la marée & le vent se trouvent contraires à la route qu’il veut faire ; auquel cas, il ne sauroit aller qu’avec des rames.
On dit figur. qu’Un homme va contre vent & marée, pour dire, qu’Il trouve toutes choses contraires, & qu’il ne laisse pas de persister dans son entreprise.
On dit prov. Selon le vent la voile, pour dire, qu’Il faut disposer ses voiles de telle manière, que quelque vent qui souffle, on fasse le chemin le plus convenable qu’il est possible, pour arriver au lieu où l’on va ; Et fig. pour dire, qu’Il faut se conduire avec assez d’adresse, pour que les difficultez nous empêchent le moins qu’il est possible, de parvenir à notre but.
On dit aussi, Aller selon le vent, pour dire, Régler sa navigation sur le vent ; Aller tout d’un vent, d’un même vent, pour dire, Faire sa route avec un seul vent ; ce qui se fait, Lorsque la navigation qu’on a à faire, est droite, & qu’on n’a besoin que d’un seul vent pour la faire. On va d’un même vent à deux endroits opposez. On va de tout vent à un même endroit ; Et, on dit figur. Aller selon le vent, pour dire, S’accommoder au temps.
On dit, en termes de Chasse, Chasser au vent, aller dans le vent, pour dire, Aller contre le vent.
On dit communément, Porter au vent, porter le nez au vent, pour dire, Porter la tête fort haute sans la ramener ; ce qui se dit proprement, Des chevaux cravates, & par similitude, Des hommes qui portent la tête de la même sorte.
Vent, Se prend aussi, pour L’air agité par artifice. Faire du vent avec un chapeau, avec un soufflet, avec un éventail ; Et, en ce sens, on dit, Le vent d’un boulet de canon, pour dire, L’air agité par le passage d’un boulet de canon. Le vent du boulet le jeta par terre.
On appelle, Instrumens à vent, Les instrumens de Musique dont le son est formé par l’air qu’on y introduit ; ce qui se dit, par opposition aux Instrumens à corde, où le son est formé par les diverses vibrations des cordes. La Trompette, le Hautbois, la Flûte, &c. sont des Instrumens à vent.
Vent, Signifie encore, L’air retenu dans le corps de l’animal. C’est un homme qui est plein de vents, qui à des vents. Cela cause des vents, donne, engendre des vents. Une hydropisie de vents. Lâcher un vent. Lâcher des vents.
On dit, Donner vent à un muid de vin, pour dire, Y faire quelque petite ouverture pour en laisser sortir l’air, pendant que le vin travaille, ou qu’il est en mouvement. Si vous ne donnez vent à ce muid, il jettera ses fonds. On dit aussi, Donner vent au vin, pour dire, Faire une ouverture au muid pour y faire entrer l’air. Ce vin ne viendra point, si on ne lui donne vent par en haut.
Vent, Signifie populairement, Respiration, souffle, haleine. Prendre son vent. Reprendre son vent. Retenir son vent. Retirer son vent. On lui donna un coup dans l’estomac qui lui fit perdre vent.
Vent, En termes de Vénerie, signifie, L’odeur, le sentiment qu’une bête laisse dans les lieux où elle a été, où elle a passé. Le cerf est de plus grand vent que le lièvre.
Il se dit aussi, De l’odeur & du sentiment qui vient de toute sorte de choses. Ainsi on dit, que Le sanglier prend le vent de tous côtez avant que de sortir de sa bauge, pour dire, qu’Il flaire de tous côtez : que Le sanglier a eu le vent du gland ; que Les corbeaux ont eu le vent d’une bête morte, pour dire, que L’odeur en est parvenue jusques à eux. On dit fig. & pop. dans le même sens, Avoir vent de quelque chose ; Et prov. N’en avoir ni vent ni nouvelles, ni vent ni voie.
On dit fig. Le vent du bureau, pour signifier, Ce qu’on connoît, ou ce qu’on présume des dispositions où sont ceux de qui dépend la décision d’une affaire, ou la distribution des graces. Il a le vent du bureau pour lui, contre lui. Le vent du bureau lui est favorable, ne lui est pas favorable.
Vent, Se prend quelquefois figur. pour Vanité. Il y a bien du vent dans cette tête. En ce sens, il n’a point de pluriel.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.