vent

4e édition

VENT.

s. m.
■  Air poussé d’un lieu à un autre, avec plus ou moins de violence. Les quatre vents principaux ou cardinaux sont, Le vent du nord, le vent du sud, le vent d’est, le vent d’ouest. Grand vent. Vent impétueux, froid, chaud, humide, mou, pluvieux, doux, agréable, frais. Il fait grand vent. Le vent souffle. Le vent se lève. Le vent change. Le vent tourne. Le vent cesse, est apaisé, est tombé, s’est abattu tout d’un coup. Être exposé au vent. Être à l’abri du vent.
On appelle Vents souterrains, Les vents qui se forment dans les concavités de la terre ; & Vent coulis, Un vent qui passe par de petites ouvertures.
On appelle en termes de Jardinage, Arbres en plein vent, Les arbres fruitiers de haute tige, qui ne sont point plantés en espalier. Et on dit familièrement, Être logé aux quatre vents, pour dire, Être logé dans une maison mal fermée.
On dit d’Un homme, d’un cheval, &c. qui est fort vîte, fort léger à la course, qu’Il va comme le vent, qu’il va plus vîte que le vent ; & d’Un oiseau qui vole avec une grande rapidité, qu’Il fend le vent.
On dit d’Un vaisseau qui n’est point gouverné, qu’Il flotte au gré du vent, à la merci du vent. Et on dit, que Des cheveux flottent au gré du vent, pour dire, qu’Ils flottent sur les épaules.
On dit proverbialement, Regarder de quel côté vient le vent, pour dire, S’amuser à regarder dehors sans aucun dessein, & comme un homme oisif. On s’en sert aussi pour dire, Observer le cours des affaires & les diverses conjonctures, pour régler sa conduite, suivant ce que l’on découvre. Et on dit, Jeter la plume au vent, pour dire, Prendre sa résolution au hasard.
On dit proverbialement, Petite pluie abat grand vent, pour dire, qu’Une petite pluie fait ordinairement cesser un grand vent. Et figurément, pour dire, qu’Un peu de douceur apaise souvent un grand emportement.
On dit, en parlant De promesses auxquelles l’on n’ajoute point de foi, & de menaces dont on ne se soucie point, Autant en emporte le vent.
On dit figurément d’Un esprit léger, que C’est une girouette qui tourne à tout vent, au moindre vent.
On dit proverbialement, À brebis tondue, Dieu mesure le vent, pour dire, que Dieu par sa bonté ne permet pas qu’il nous arrive plus de maux que nous n’en pouvons supporter.
On dit en termes de Marine, Avoir vent arrière, pour dire, Avoir vent qui porte directement où l’on veut aller. Et dans un sens contraire, Avoir vent debout, pour dire, Avoir un vent directement opposé à la route que l’on veut faire.
On ne dit plus guère au propre dans la Marine, Avoir vent en poupe ; mais il se dit figurément, pour signifier, Être heureux, & trouver toutes sortes de facilités dans les choses que l’on entreprend.
On dit en termes de Marine, Pincer le vent, tenir le vent ; &, Aller au plus près du vent, ou seulement, Aller au plus près, pour dire, Disposer ses voiles de telle sorte, que le vaisseau aille le plus près qu’il est possible de la ligne sur laquelle le vent souffle, en remontant vers le côté d’où il souffle.
On dit en termes de Marine, Avoir le vent sur un vaisseau, être au vent d’un vaisseau, avoir le dessus du vent, gagner le vent, le dessus du vent à un vaisseau, pour dire, Se trouver, ou se mettre entre le lieu d’où le vent souffle, & le vaisseau dont il s’agit ; ce qui se dit aussi d’Une Île. On dit de même, Cette Ile étoit au vent de nous, pour dire, Elle étoit entre nous & l’endroit d’où souffloit le vent ; &, Cette Ile nous restoit sous le vent, pour dire, Nous étions entre cette Île & l’endroit d’où le vent souffloit.
On dit figurément, Avoir le dessus du vent, pour dire, Avoir l’avantage sur quelqu’un. Et on dit, Être au-dessus du vent, pour dire, Être en état de ne rien craindre. Cette dernière façon de parler n’est point en usage au propre dans la Marine.
On appelle en termes de Marine, Vent fait, Un vent qui ne varie plus, & qui paroît devoir durer.
On appelle Vents alizés, Des vents faits & réglés, que l’on trouve presque toujours en certains parages entre les deux Tropiques, & qui sont d’un très-grand secours pour les voyages de l’Amérique ou des Indes Orientales : c’est pourquoi les Navigateurs se détournent de leur droite route pour aller chercher ces vents : & dans ce sens l’on dit, Nous jugeâmes à propos de changer notre route, pour aller chercher les vents alizés.
On appelle Vent frais, Un vent médiocrement fort, & commode pour faire sa route. On dit dans le même sens, Un bon frais, un bon petit frais, sans ajouter Vent. On appelle dans un sens contraire, Vent forcé, Un vent violent & plus fort qu’il n’est besoin pour faire sa route.
En parlant d’Un vaisseau qui voulant entrer dans une rivière, dans quelque détroit où la marée se fait sentir, se trouve avoir en même temps le vent & la marée favorables pour la route qu’il fait, on dit, qu’Il a vent & marée : & dans un sens contraire on dit, qu’Il va contre vent & marée, lorsqu’en effet la marée & le vent se trouvent contraires à la route qu’il veut faire ; auquel cas il ne sauroit aller qu’avec des rames.
On dit figurément, qu’Un homme va contre vent & marée, pour dire, qu’Il trouve toutes choses contraires, & qu’il ne laisse pas de persister dans son entreprise.
On dit proverbialement, Selon le vent, la voile, pour dire, qu’Il faut disposer ses voiles de telle manière, que quelque vent qui souffle, on fasse le chemin le plus convenable qu’il est possible, pour arriver au lieu où l’on va ; & figurément, pour dire, qu’Il faut se conduire avec assez d’adresse, pour que les difficultés nous empêchent le moins qu’il est possible de parvenir à notre but.
On dit aussi, Aller selon le vent, pour dire, Régler sa navigation sur le vent. Aller tout d’un vent, d’un même vent, pour dire, Faire sa route avec un seul vent ; ce qui se fait, lorsque la navigation qu’on a à faire est droite, & qu’on n’a besoin que d’un seul vent pour la faire. On va d’un même vent à deux endroits opposés. On va de tout vent à un même endroit. Et on dit figurément, Aller selon le vent, pour dire, S’accommoder au temps.
On dit en termes de Chasse, Chasser au vent, aller dans le vent, pour dire, Aller contre le vent.
On dit communément, Porter au vent, porter le nez au vent, pour dire, Porter la tête fort haute sans la ramener ; ce qui se dit proprement Des chevaux cravates, & par similitude, des hommes qui portent la tête de la même sorte.
Vent, se prend aussi pour L’air agité par artifice. Faire du vent avec un chapeau, avec un soufflet, avec un éventail : & en ce sens on dit, Le vent d’un boulet de canon, pour dire, L’air agité par le passage d’un boulet de canon. Le vent du boulet le jeta par terre.
On appelle Instrumens à vent, Les instrumens de musique dont le son est formé par l’air qu’on y introduit ; ce qui se dit par opposition aux Instrumens à corde, où le son est formé par les diverses vibrations des cordes. La trompette, le hautbois, la flûte, &c. sont des instrumens à vent.
Vent, signifie encore, L’air retenu dans le corps de l’animal. C’est un homme qui est plein de vents, qui a des vents. Cela cause des vents, donne, engendre des vents. Une hydropisie de vents. Lâcher un vent. Lâcher des vents.
On dit, Donner vent à un muid de vin, pour dire, Y faire quelque petite ouverture pour en laisser sortir l’air, pendant que le vin travaille, ou qu’il est en mouvement. Si vous ne donnez vent à ce muid, il jetera ses fonds. On dit aussi, Donner vent au vin, pour dire, Faire une ouverture au muid pour y faire entrer l’air. Ce vin ne viendra point, si on ne lui donne vent par en haut.
Vent, signifie populairement, Respiration, souffle, haleine. Prendre son vent. Reprendre son vent. Retenir son vent. Retirer son vent. On lui donna un coup dans l’estomac qui lui fit perdre vent.
Vent, en termes de Vénerie, signifie, L’odeur, le sentiment qu’une bête laisse dans les lieux où elle a été, où elle a passé. Le cerf est de plus grand vent que le lièvre.
Il se dit aussi De l’odeur & du sentiment qui vient de toutes sortes de choses. Ainsi on dit, que Le sanglier prend le vent de tous côtés avant que de sortir de sa bauge, pour dire, qu’Il flaire de tous côtés : que Le sanglier a eu le vent du gland ; que Les corbeaux ont eu le vent d’une bête morte, pour dire, que L’odeur en est parvenue jusqu’à eux. On dit figurément & populairement dans le même sens, Avoir vent de quelque chose ; & proverbialement, N’en avoir ni vent ni nouvelles, ni vent ni voie.
On dit figurément, Le vent du bureau, pour signifier, Ce qu’on connoît, ou ce qu’on présume des dispositions où sont ceux de qui dépend la décision d’une affaire, ou la distribution des grâces. Il a le vent du bureau pour lui, contre lui. Le vent du bureau lui est favorable, ne lui est pas favorable.
Vent, se prend quelquefois figurément pour Vanité. Il y a bien du vent dans cette tête. En ce sens, il n’a point de pluriel.
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