vent

5e édition

VENT.

s. masc.
■  Air en mouvement suivant une direction déterminée avec plus ou moins de rapidité. Les quatre vents principaux ou cardinaux sont, Le vent du nord, le vent du sud, le vent d’est, le vent d’ouest. Grand vent. Vent impétueux, froid, chaud, humide, mou, pluvieux, doux, agréable, frais. Vent haut. Vent bas. Il fait grand vent. Le vent souffle. Le vent se lève. Le vent change. Le vent tourne. Le vent cesse, est apaisé, est tombé, s’est abattu tout d’un coup. Être exposé aux vents. Être à l’abri du vent.
On appelle Vents souterrains, Les vents qui se forment dans les concavités de la terre ; et Vent coulis, Un vent qui passe par de petites ouvertures.
On appelle en termes de Jardinage, Arbres en plein vent, Les arbres fruitiers de haute tige, qui ne sont point plantés en espalier.
On dit familièrement, Être logé aux quatre vents, pour, Être logé dans une maison exposée aux vents et ouverte de tous côtés.
On dit d’Un homme, d’un cheval, etc. qui est fort léger à la course, qu’Il va comme le vent, qu’il va plus vîte que le vent ; et d’Un oiseau qui vole avec une grande rapidité, qu’Il fend le vent.
On dit d’Un vaisseau qui n’est point gouverné, qu’Il flotte au gré du vent, à la merci du vent. Et l’on dit, que Des cheveux flottent au gré du vent, pour, qu’Ils flottent en l’air.
On dit proverbialement, Regarder de quel côté vient le vent, pour, S’amuser à regarder dehors sans aucun dessein, et comme un homme oisif. On s’en sert aussi, pour dire, Observer le cours des affaires et les diverses conjonctures, pour régler sa conduite, suivant ce que l’on découvre. Et on dit, Jeter la plume au vent, pour dire, Prendre sa résolution au hasard.
On dit proverbialement, Petite pluie abat grand vent, pour, Une petite pluie fait ordinairement cesser un grand vent ; et figurément, pour, Un peu de douceur apaise souvent un grand emportement, ou, Une cause légère, un petit incident fait cesser quelquefois de grands troubles, de grandes querelles.
On dit, en parlant De promesses auxquelles l’on n’ajoute point de foi, et de menaces dont on ne se soucie point, Autant en emporte le vent.
On dit figurément d’Un esprit léger, que C’est une girouette qui tourne à tout vent, au moindre vent, qu’il tourne à tout vent.
On dit proverbialement, À brebis tondue, Dieu mesure le vent, pour, que La Providence proportionne nos maux à nos forces.
On dit, en termes de Marine, Avoir vent arrière, pour, Avoir un vent qui porte directement où l’on veut aller ; et dans un sens contraire, Avoir vent debout, pour, Avoir un vent directement opposé à la route que l’on veut faire.
On ne dit plus guère au propre dans la Marine, Avoir vent en poupe ; mais il se dit figurément, pour signifier, Être secondé, favorisé par les circonstances.
On dit figurément, Dans le style soutenu, Le vent des prospérités, de l’adversité, pour dire, La fortune favorable ou défavorable. On dit de même, Le vent de la faveur, pour dire, L’avantage du crédit, de la faveur du Prince. On dit aussi, que Le vent tourne, pour dire, que Le cours des choses devient favorable, ou cesse de l’être.
On dit, en termes de Marine, Pincer le vent, tenir le vent ; et, Aller au plus près du vent, ou seulement, Aller au plus près, pour, Disposer ses voiles de telle sorte, que le vaisseau aille le plus près qu’il est possible de la ligne sur laquelle le vent souffle, en remontant vers le côté d’où il souffle.
On dit, en termes de Marine, Avoir le vent sur un vaisseau, être au vent d’un vaisseau, avoir le dessus du vent, gagner le vent, le dessus du vent à un vaisseau, pour, Se trouver, ou se mettre entre le lieu d’où le vent souffle, et le vaisseau dont il s’agit ; ce qui se dit aussi d’Une Île. On dit de même, Cette Île étoit au vent de nous, pour, Elle étoit entre nous et l’endroit d’où souffloit le vent ; et, Cette Île nous restoit sous le vent, pour, Nous étions entre cette Île et l’endroit d’où le vent souffloit.
On dit figurément, Avoir le dessus du vent, pour, Avoir l’avantage sur quelqu’un ; et l’on dit, Être au-dessus du vent, pour, Être en état de ne rien craindre. Cette dernière façon de parler n’est point en usage au propre dans la Marine.
On appelle, en termes de Marine, Vent fait, Un vent qui ne varie plus, et qui paroît devoir durer.
p. 725On appelle, Vents alizés, Des vents faits et réglés, que l’on trouve presque toujours en certains parages entre les deux Tropiques, et qui sont d’un très-grand secours pour les voyages de l’Amérique ou des Indes Orientales : c’est pourquoi les Navigateurs se détournent de leur droite route pour aller chercher ces vents ; et dans ce sens l’on dit, Nous jugeâmes à propos de changer notre route, pour aller chercher les vents alizés.
On appelle Vent frais, Un vent médiocrement fort, et propre pour faire route. On dit dans le même sens, Un bon frais, un bon petit frais, sans ajouter Vent. On appelle dans un sens contraire, Vent forcé, Un vent violent et plus fort qu’il ne faut.
En parlant d’Un vaisseau qui, voulant entrer dans une rivière, dans quelque détroit où la marée se fait sentir, se trouve avoir en même temps le vent et la marée favorables pour la route qu’il fait, on dit, qu’Il a vent et marée : et dans un sens contraire, on dit, qu’Il va contre vent et marée, lorsqu’en effet la marée et le vent se trouvent contraires à la route qu’il veut faire ; auquel cas il ne sauroit aller qu’avec des rames.
On dit figurément, qu’Un homme va contre vent et marée, pour dire, qu’Il poursuit obstinément ses projets, malgré toutes les difficultés qui s’y opposent.
On dit proverbialement, Selon le vent, la voile, pour, Il faut déployer plus ou moins de voiles, selon que le vent est plus fort ou plus foible, selon qu’il est plus ou moins favorable ; et figurément, pour, Il faut proportionner ses entreprises à ses moyens, ou ses démarches aux circonstances ; il faut se conduire avec assez d’adresse, pour que les difficultés nous empêchent le moins qu’il est possible de parvenir à notre but.
On dit aussi, Aller selon le vent, pour, Régler sa navigation sur le vent ; Aller tout d’un vent, d’un même vent, pour, Faire sa route avec un seul vent, ce qui se fait, lorsque la navigation qu’on a à faire est droite, et qu’on n’a besoin que d’un seul vent pour la faire. On va d’un même vent à deux endroits opposés. On va de tout vent à un même endroit. Et on dit figurément, Aller selon le vent, pour, S’accommoder au temps.
On dit, en termes de Chasse, Chasser au vent, aller dans le vent, pour, Aller contre le vent.
On dit communément, Porter au vent, porter le nez au vent, pour, Porter la tête fort haute sans la ramener ; ce qui se dit proprement Des chevaux cravates, et par similitude, Des hommes qui portent la tête de la même sorte.
Vent, se prend aussi pour L’air agité par quelque moyen particulier. Faire du vent avec un chapeau, avec un soufflet, avec un éventail ; et en ce sens on dit, Le vent d’un boulet de canon, pour, L’air agité par le passage d’un boulet de canon. Le vent du boulet le jeta par terre.
On appelle Instrumens à vent, Les instrumens de musique dont le son est formé par l’air qu’on y introduit ; ce qui se dit par opposition aux instrumens à corde, où le son est formé par les vibrations des cordes. La trompette, le hautbois, la flûte, la musette, l’orgue, etc. sont des instrumens à vent.
Vent, signifie encore, L’air retenu dans le corps de l’animal. C’est un homme qui est plein de vents, qui a des vents. Cela cause des vents, donne, engendre des vents. Une hydropisie de vents. Lâcher un vent. Lâcher des vents.
On dit, Donner vent à un muid de vin, pour, Y faire quelque petite ouverture pour en laisser sortir l’air, pendant que le vin travaille. Si vous ne donnez vent à ce muid, il jettera ses fonds. On dit aussi, Donner vent au vin, pour, Faire une ouverture au muid pour y faire entrer l’air. Ce vin ne viendra point, si on ne lui donne vent par en haut.
Vent, signifie populairement, Respiration, souffle, haleine. Prendre son vent. Reprendre son vent. Retenir son vent. Retirer son vent. On lui donna un coup dans l’estomac qui lui fit perdre vent.
Vent, en termes de Vénerie, signifie, L’odeur qu’une bête laisse dans les lieux où elle a été, où elle a passé. Le cerf est de plus grand vent que le lièvre.
Il se dit aussi De l’odeur et du sentiment qui vient des émanations de tous les corps. Ainsi on dit, que Le sanglier prend le vent de tous côtés avant que de sortir de sa bauge, pour, qu’Il flaire de tous côtés ; que Le sanglier a eu le vent du gland ; que Les corbeaux ont eu le vent d’une bête morte, pour, que L’odeur en est parvenue jusqu’à eux. On dit figurément et populairement dans le même sens, Avoir vent de quelque chose ; avoir vent que quelque chose se passe ; et proverbialement, N’en avoir ni vent ni nouvelles, ni vent ni voie ; on a eu vent de leur projet.
On dit figurément, Le vent du bureau, pour signifier, Ce qu’on connoît ou ce qu’on présume des dispositions où sont ceux de qui dépend la décision d’une affaire, ou la distribution des grâces. Il a le vent du bureau pour lui, contre lui. Le vent du bureau lui est favorable, ne lui est pas favorable.
Vent, se prend quelquefois figur. pour Vanité. Il y a bien du vent dans cette tête. Toute cette apparence n’est que du vent, n’est que vent. On ne l’emploie ainsi qu’au singulier.
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