recevoir

6e édition

RECEVOIR.

v. a. Conjugaison : (Je reçois, tu reçois, il reçoit ; nous recevons, vous recevez, ils reçoivent. Je recevais. Je reçus. J’ai reçu. Je recevrai. Je recevrais. Reçois, recevez. Que je reçoive. Que je reçusse. Recevant. Reçu.)
■  Accepter, prendre ce qui est donné, ce qui est présenté, ce qui est offert sans qu’il soit dû. Recevoir un don, un présent. Recevoir quelque chose en don. Recevoir par testament. Recevoir un legs, une donation. Recevoir l’aumône. Recevoir des étrennes. En ce sens, il s’emploie aussi absolument. C’est un homme qui aime à recevoir. On dit proverbialement, Il vaut mieux donner que recevoir.
Il signifie encore, Toucher ce qui est dû, en être payé. Recevoir de l’argent, une rente, des arrérages. Recevoir un payement, un remboursement. Recevoir le revenu d’une terre, le prix d’un loyer, le salaire d’une peine, le prix d’un travail, les émoluments d’une place. Recevoir des appointements, des gages. Recevoir des impôts, des contributions. Recevoir une indemnité, un dédommagement. Recevoir une gratification.
Il se dit également en parlant De tout ce qui est délivré, fourni, procuré à quelqu’un. Recevoir sa ration. Les soldats ont reçu des vivres pour trois jours. Ce régiment a reçu des recrues. L’armée va recevoir des renforts. Les assiégés reçurent des secours.
Il se dit, particulièrement, en parlant Des choses qui sont envoyées ou adressées à quelqu’un, lorsqu’elles sont remises entre ses mains, lorsqu’elles parviennent jusqu’à lui. Recevoir des lettres. Recevoir un paquet, un ballot. Recevoir un placet, une requête, une pétition, un mémoire. Recevoir une dépêche. Recevoir une nouvelle, des nouvelles, des renseignements. Recevoir une injonction, un ordre, des ordres. Cette dernière phrase se dit quelquefois en parlant D’ordres qui sont donnés de vive voix. La dernière fois que j’ai vu le ministre, j’en ai reçu l’ordre de…
Il se dit, dans un sens analogue, en parlant Des personnes. Recevoir un messager, un courrier, un parlementaire, un ambassadeur, des députés.
Recevoir, se dit souvent en parlant Des biens qui arrivent, des choses qui sont données, accordées, comme grâce, p. 579faveur, récompense, etc., soit par Dieu, soit par les hommes. Recevoir des grâces de Dieu, des grâces d’en haut. Recevoir des inspirations du ciel. Les dons, les avantages, les agréments qu’il a reçus de la nature. Il a reçu de la nature un talent remarquable, des dispositions extraordinaires. Il a reçu de cet homme-là de grands bienfaits, de grands services, de bons offices, de bons avis. Recevoir des caresses. Recevoir des politesses, des civilités. Recevoir des marques, des témoignages, des preuves d’estime, d’amitié, d’attachement, etc. Recevoir un bon accueil. Recevoir le prix de ses services, la récompense de son dévouement. Recevoir de bons traitements. Recevoir des consolations. Recevoir des respects, des hommages, de grands honneurs. Recevoir des compliments, des louanges, des éloges. Recevoir sa grâce, son pardon. Recevoir de son ennemi la vie et la liberté.
Fig., Recevoir le bâton de maréchal de France, le chapeau de cardinal, la croix d’honneur, etc., Être nommé maréchal de France, cardinal, membre de la Légion d’honneur, etc.
Recevoir, se dit de même en parlant Des maux qui arrivent, de ce qu’on subit, de ce qu’on éprouve de fâcheux, soit par hasard, soit par la volonté d’autrui. Recevoir une tuile sur la tête, un seau d’eau sur le corps. Recevoir un coup d’épée, des coups de bâton, un soufflet, une blessure. Recevoir une balle dans la cuisse. Recevoir un grand dommage. Recevoir un outrage, une offense, un affront, une injure, un dégoût. Recevoir des reproches, des remontrances, des mortifications, des humiliations. Recevoir un châtiment, une punition. Recevoir le prix de ses forfaits. Recevoir des marques, des témoignages, des preuves de haine, d’aversion, de mépris, de mécontentement, etc. Recevoir la mort sur le champ de bataille. Recevoir un mauvais accueil.
Recevoir, se dit encore, tant au sens physique qu’au sens moral, en parlant Des impressions, des modifications, etc., qu’une chose subit, éprouve. La terre reçoit les influences du ciel. Le miroir reçoit les images des objets. La cire reçoit toutes les formes qu’on veut lui donner. La matière reçoit toutes sortes de formes. Recevoir l’impulsion, le mouvement. Ce sujet peut recevoir tous les ornements du style. Votre maison de campagne reçoit tous les ans de nouveaux embellissements. Cette proposition ne reçoit point de difficulté. Ce passage peut recevoir divers sens, diverses significations, diverses interprétations. L’armée reçut une nouvelle organisation. On dit dans une acception analogue, Recevoir un nom, une dénomination, etc.
Recevoir, se dit aussi en parlant De ce qui est transmis, communiqué, de ce dont on fait part. Recevoir la vie, l’existence. Les parents de qui elle a reçu le jour. Recevoir une bonne, une mauvaise éducation. Recevoir de l’instruction. Recevoir des leçons. Recevoir de bons, de mauvais exemples. Ces peuples ne reçurent la foi qu’au troisième siècle. Les apôtres reçurent le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte.
Il se dit, dans ce sens, en parlant Des sacrements. Recevoir le baptême. Recevoir la confirmation. Recevoir les ordres. Recevoir l’absolution. Recevoir la bénédiction nuptiale. Etc.
Ce malade a reçu tous ses sacrements, Les sacrements de la pénitence, de l’eucharistie et de l’extrême-onction lui ont été administrés depuis sa maladie, parce qu’il paraît être en danger de mourir.
Recevoir, signifie aussi, Tirer, emprunter, faire venir de. Cette maison ne reçoit ses jours que de la rue. Cet escalier reçoit son jour du haut du bâtiment. La lune reçoit sa lumière du soleil. Les usages qu’un peuple a reçus d’un autre peuple. Il reçoit cette marchandise de tel pays.
Recevoir, se dit en outre Des choses qui servent à recueillir, à contenir celles qui viennent y aboutir, qui viennent s’y rendre. La mer reçoit tous les fleuves. Une gouttière qui reçoit toutes les eaux d’un toit. Une citerne qui reçoit les eaux pluviales. Un égout qui reçoit toutes les immondices de la ville. Cette ville pourrait facilement recevoir de nouveaux habitants. Ce port reçoit plus de bâtiments que tel autre.
Il se dit également Des personnes, et signifie, Retenir. Recevoir dans un vase le sang qui coule d’une saignée. En passant il m’a jeté ce paquet, je l’ai reçu dans mon chapeau. Je lui ai jeté une balle, il l’a reçue dans sa main. Il tombait et se serait tué, si je ne l’eusse reçu entre mes bras.
Recevoir, se dit aussi en parlant De certaines paroles ou de certains écrits qui sont donnés pour servir d’assurance, de gage, etc. J’en ai reçu son billet. J’en ai reçu sa parole. J’ai reçu sa parole qu’il n’en ferait rien. Il a reçu parole de lui pour telle chose. J’en ai reçu la promesse, l’assurance. Il a reçu ma foi. Il a reçu mes serments.
Il se dit aussi en parlant De ce qui est confié. Recevoir de l’argent en dépôt. Recevoir une confidence. J’ai reçu sa déclaration sous le sceau du secret. Recevoir les dernières volontés de quelqu’un.
Fig., Recevoir les derniers soupirs de quelqu’un, L’assister à sa mort.
En termes de Guerre, Recevoir le mot d’ordre, Prendre le mot d’ordre ; ou, dans une autre acception, Se faire dire le mot d’ordre par ceux de qui on a droit de l’exiger. La ronde-major reçoit toujours le mot.
Recevoir, en parlant De certaines choses, signifie, Agréer, accepter. Je reçois vos offres. Il en a reçu la proposition avec joie. La proposition qu’il a faite a été bien reçue, mal reçue. Son compliment n’a pas été bien reçu. Je ne reçois pas votre excuse. Les comédiens n’ont pas voulu recevoir sa pièce.
Bien recevoir, mal recevoir, signifient aussi, Approuver, désapprouver. Cette opinion fut bien reçue dans le public. Cela sera mal reçu à la cour. Ce livre a été bien reçu.
Recevoir, en parlant Des personnes, signifie souvent, Accueillir. Recevoir un ambassadeur, le recevoir avec magnificence. Il m’a reçu à bras ouverts, cordialement, avec de grandes démonstrations de joie. Il l’a reçu froidement. Avant d’aller là, je veux savoir comment on m’y recevra. On alla le recevoir au bas de l’escalier. Il a été fort bien reçu, fort mal reçu. Il est bien reçu partout. C’est un homme qui reçoit fort bien son monde, qui sait recevoir son monde. C’est l’homme du monde qui reçoit le mieux ses amis. Je me suis présenté chez lui, mais il n’a pas voulu me recevoir.
Il l’a reçu en brave, en homme de cœur, se dit D’un homme qui s’est présenté courageusement à un ennemi qui venait l’attaquer.
Les ennemis ont été reçus à grands coups de canon, On a fait sur eux un très-grand feu, lorsqu’ils se sont approchés.
Prov. et pop., Recevoir quelqu’un comme un chien, le recevoir comme un chien dans un jeu de quilles, Lui faire un très-mauvais accueil.
Être reçu chez quelqu’un, Être admis dans sa société. Il est reçu chez le ministre. Il est reçu dans la meilleure société. Son éducation le met en état d’être reçu partout.
Recevoir visite, recevoir la visite de quelqu’un, Être visité par quelqu’un.
Recevoir des visites, Être visité par diverses personnes. Il n’y a pas d’homme qui reçoive plus de visites. Il signifie aussi, Admettre chez soi les personnes par qui l’on est visité. Pendant le premier mois de son deuil, elle ne recevra pas de visites. On dit dans la même acception, Le roi recevra les hommes, la reine recevra les dames tel jour ; et absolument : Madame une telle ne reçoit pas aujourd’hui. Le roi reçut hier. On reçoit demain à la cour. Ce ministre reçoit deux fois par semaine. Etc.
Recevoir, signifie encore, Donner retraite chez soi. On défendit de recevoir ce proscrit.
Recevoir, signifie aussi, Admettre. Recevoir à foi et hommage. Après un certain temps, on n’est pas reçu à demander les arrérages d’une rente échue. Recevoir quelqu’un en grâce. Recevoir quelqu’un au nombre de ses amis. Il l’a reçu dans son régiment, dans sa compagnie.
Il s’emploie dans le même sens en termes de Procédure. Recevoir quelqu’un à serment. On l’a reçu partie intervenante. On l’a reçu à prouver. Faire recevoir une caution en justice.
Fin de non-recevoir, Exception préalable qui consiste à soutenir que la partie adverse n’est pas recevable dans sa demande. Alléguer des fins de non-recevoir.
Recevoir, signifie encore, Se soumettre, déférer à quelque chose, comme à une loi, à une règle, à une vérité reconnue. Recevoir une décision avec respect, avec une parfaite soumission. Recevoir de nouvelles lois. Le droit romain n’était reçu qu’en quelques provinces de France. Recevoir un concile, une bulle, un décret, etc. Il n’a d’autres opinions que celles qu’il reçoit d’autrui. C’est un principe que tous les philosophes ont reçu. Les premiers principes de la loi naturelle sont reçus partout. Il voulait résister, mais il a été obligé de recevoir la loi, d’obéir. Il ne veut recevoir la loi de personne.
Recevoir les ordres de quelqu’un, Être soumis à sa volonté, à ses ordres. Je ne reçois point ses ordres. Je ne reçois point d’ordres de lui. Je n’ai point d’ordres à recevoir de lui.
Recevoir les ordres de quelqu’un, signifie aussi, Savoir de lui ce qu’on peut faire qui lui soit agréable. Je ne manquerai pas d’aller recevoir vos ordres avant que de partir.
Recevoir, signifie aussi, Installer dans une charge, dans une dignité, dans un emploi, etc., avec le cérémonial ordinaire. Le p. 580jour qu’il fut reçu conseiller à la cour de cassation. On le reçut les chambres assemblées. Cet officier fut reçu à la tête des troupes, à la tête de son régiment. Il est nommé pair, mais il ne s’est pas encore fait recevoir. Il a été reçu docteur depuis peu. Se faire recevoir avocat. Cet apprenti venait d’être reçu maître. Il a été reçu à l’Académie. Il a été reçu par un tel.
Reçu, ue. participe.
Il se dit quelquefois adjectivement pour Établi, consacré. Les usages reçus. Les maximes reçues.
Reçu, est aussi substantif masculin, et se dit d’Un écrit par lequel on déclare avoir reçu quelque chose. Je vous donnerai un reçu de cette somme, de ce ballot. J’en ai votre reçu.
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