souffler

5e édition

SOUFFLER.

v. n.
■  Faire du vent en poussant l’air par la bouche. Souffler dans ses doigts. Il lui souffla dans l’œil. Souffler au visage. Souffler sur une table pour en ôter la poussière.
Il se dit de même De tout ce qui pousse l’air. Le vent de bise souffle rudement. Le vent qui souffle vers le soir est souvent doux et agréable. Il souffle un vent frais, un vent rafraîchissant. Le vent lui souffloit au nez. Ce soufflet est percé, il ne souffle plus.
p. 588Il se dit aussi De l’homme et des animaux quand ils respirent avec effort. Dès que cet homme a monté six degrés, il souffle comme un bœuf. Ce cheval est poussif, voyez comme il souffle.
On dit, Laisser souffler des chevaux, pour dire, Les faire arrêter pour reprendre haleine.
On dit proverbialement et figurém. Si vous n’avez rien de plus chaud, vous n’avez que faire de souffler, pour dire, Vous vous flattez vainement de cette espérance. Il est populaire.
On dit aussi proverbial. et figurém. Il croit qu’il n’y a qu’à souffler et à remuer les doigts ; et cela se dit d’Un homme qui s’imagine qu’une chose est aisée, quoiqu’elle soit fort difficile. Il est du discours familier.
Figurément, et en termes de l’Écriture, on dit, que L’Esprit souffle où il veut, pour dire, que Dieu communique ses grâces à qui il lui plaît.
On dit figurém. et familièrement, qu’Un homme n’oseroit souffler, qu’il ne souffle pas, pour dire, qu’Il n’oseroit ouvrir la bouche pour faire des plaintes, des remontrances. Il faut qu’il endure, et qu’il ne souffle seulement pas. Il est si fier, si impérieux, qu’on n’oseroit souffler devant lui. Ne soufflez pas. Si vous soufflez …
On dit figurém. Souffler aux oreilles de quelqu’un, pour dire, Lui inspirer, lui vouloir persuader de méchantes choses. Les flatteurs lui soufflent sans cesse aux oreilles. C’est ce méchant homme qui lui a soufflé aux oreilles.
Souffler, est aussi actif, comme dans ces phrases : Souffler le feu, pour dire, Souffler sur le feu pour l’allumer ; Souffler une chandelle, pour dire, Souffler sur la flamme d’une chandelle pour l’éteindre ; Souffler de la poussière, pour dire, Souffler sur de la poussière, afin de l’ôter du lieu où elle est ; Souffler un veau, un mouton, pour dire, Souffler entre la chair et le cuir d’un veau, d’un mouton, afin d’en séparer plus aisément la peau ; Souffler l’orgue, pour dire, Donner du vent aux tuyaux des orgues par le moyen des soufflets ; et, Souffler le verre, l’émail, pour dire, Façonner quelque ouvrage de verre, d’émail, en soufflant dans un tuyau, au bout duquel est la matière que l’on travaille.
On dit figurément, Souffler la discorde, le feu de la discorde, la division, etc. et quelquefois simplement, Souffler le feu, pour dire, Exciter la discorde, la division, etc.
On dit proverbialement et figurém. Souffler le chaud et le froid, pour dire, Louer et blâmer une même chose, parler pour et contre une personne. Ne vous fiez point à cet homme-là, il souffle le chaud et le froid.
On dit, Souffler quelqu’un, pour, Lire bas à quelqu’un les endroits de son discours où la mémoire lui manque. Souffler le Prédicateur. Il souffle les Comédiens.
On dit figurément et familièrement, Souffler à quelqu’un un emploi, une charge, etc. pour dire, Lui enlever un emploi, une charge, etc. à quoi il s’attendoit. On se sert du même verbe dans la même figure, en diverses autres occasions.
On dit au jeu de Dames, Souffler une dame, pour dire, L’ôter à celui contre qui l’on joue, parce qu’il a manqué de prendre avec celle-là une autre dame qui étoit en prise. Un joueur dit dans le même sens à son adversaire, Je vous souffle.
On dit aussi, Souffler n’est pas jouer.
On dit en termes de Chasse, qu’Un chien a soufflé le poil à un lièvre, pour dire, qu’Il a presque appuyé le museau dessus, et qu’il l’a manqué. On dit aussi, qu’Il lui souffloit au poil, pour dire, qu’Il le suivoit de très-près.
On le dit par extension et familièrement De quelqu’un qui est poursuivi de très-près. Il faillit à être pris, les Hussards lui souffloient au poil.
En termes de Marine, on dit, Souffler un vaisseau, pour dire, Renforcer le bordage d’un vaisseau, revêtir un vaisseau par dehors de fortes et nouvelles planches ; ce qui se fait à deux fins, soit pour empêcher que les vers ne piquent le vaisseau dans les voyages de long cours, soit pour faire qu’un vaisseau qui porte mal la voile, et qui se tourmente trop à la mer, prenne mieux son assiette. Il faut souffler ce vaisseau.
Souffler un Exploit. Façon de parler dont on se sert pour exprimer la friponnerie d’un Sergent, qui produit comme signifié un exploit qui en effet ne l’a pas été. On lui a soufflé un exploit.
Souffler, pris absolument, signifie quelquefois, Chercher la pierre philosophale, chercher à faire de l’or, de l’argent, par les opérations de l’Alchimie. Il a dépensé tout son bien à souffler. Il y a long-temps qu’il souffle. Il est familier.
Souffler au poil. Expression usitée parmi les Maréchaux, dans le cas d’une suppuration dans la partie intérieure du sabot, et lorsque le pus reflue et se fait jour à la couronne. La matière souffle au poil.
Soufflé, ée. participe. On appelle Omelette soufflée, Une omelette faite avec des blancs d’œufs, de la crème et du sucre, mêlés et battus ensemble.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.