souffler

4e édition

SOUFFLER.

v. n.
■  Faire du vent en poussant l’air par la bouche avec force. Souffler dans ses doigts. Il lui souffla dans l’œil. Souffler au visage. Souffler sur une table pour en ôter la poussière.
Il se dit de même De tout ce qui pousse l’air avec force. Le vent de bise souffle rudement. Le vent qui souffle vers le soir est souvent doux & agréable. Il souffle un vent frais, un vent rafraîchissant. Le vent lui souffloit au nez. Ce soufflet est percé, il ne souffle pas.
Il se dit aussi De l’homme & des animaux quand ils respirent avec effort. Dès que cet homme a monté six degrés, il souffle comme un bœuf. Ce cheval est poussif, voyez comme il souffle.
On dit proverbialement & figurément, Si vous n’avez rien de plus chaud, vous n’avez que faire de souffler, pour dire, Vous vous flattez vainement de cette espérance. Il est populaire.
On dit aussi proverbialement & figurément, Il croit qu’il n’y a qu’à souffler & à remuer les doigts ; & cela se dit d’Un homme qui s’imagine qu’une chose est aisée, quoiqu’elle soit fort difficile. Il est du discours familier.
Figurément, & en termes de l’Écriture, on dit, que Le Saint Esprit souffle où il veut, pour dire, que Dieu communique ses grâces à qui il lui plaît.
On dit fig. & fam. qu’Un homme n’oseroit souffler, qu’il ne souffle pas, pour dire, qu’Il n’oseroit ouvrir la bouche pour faire des plaintes, des remontrances. Il faut qu’il endure, & qu’il ne souffle pas seulement. Il est si fier, si impérieux, qu’on n’oseroit souffler devant lui. Ne soufflez pas. Si vous soufflez …
On dit figurément, Souffler aux oreilles de quelqu’un, pour dire, Lui inspirer, lui vouloir persuader de méchantes choses. Les flatteurs lui soufflent sans cesse aux oreilles. C’est ce méchant homme qui lui a soufflé aux oreilles.
Souffler, est aussi actif, comme dans ces phrases, Souffler le feu, pour dire, Souffler sur le feu pour l’allumer ; Souffler une chandelle, pour dire, Souffler sur la flamme d’une chandelle pour l’éteindre ; Souffler de la poussière, pour dire, Souffler sur de la poussière, afin de l’ôter du lieu où elle est ; Souffler un veau, un mouton, pour dire, Souffler entre la chair & le cuir d’un veau, d’un mouton, afin d’en séparer plus aisément la peau ; Souffler l’orgue, pour dire, Donner du vent aux tuyaux des orgues par le moyen des soufflets ; &, Souffler le verre, l’émail, pour dire, Façonner quelqu’ouvrage de verre, d’émail, en soufflant dans un tuyau, au bout duquel est la matière que l’on travaille.
On dit figurément, Souffler la discorde, le feu de la discorde, la division, &c. pour dire, Exciter la discorde, la division, &c.
On dit proverbialement & figurément, Souffler le chaud & le froid, pour dire, Louer & blâmer une même chose, parler pour & contre une personne. Ne vous fiez point à cet homme-là, il souffle le chaud & le froid.
On dit, Souffler quelqu’un, pour dire, Lire bas à quelqu’un les endroits de son discours où la mémoire lui manque. Souffler le Prédicateur. Il souffle les Comédiens.
On dit fig. & fam. Souffler à quelqu’un un emploi, une charge, &c. pour dire, Lui enlever un emploi, une charge, &c. à quoi il s’attendoit. On se sert du même verbe dans la même figure, en diverses autres occasions.
On dit au jeu des Dames, Souffler une dame, pour dire, L’ôter à celui contre qui l’on joue, parce qu’il a manqué de prendre avec celle-là une autre dame qui étoit en prise.
On dit en termes de Chasse, qu’Un chien a soufflé le poil à un lièvre, pour dire, qu’Il a presque appuyé le museau dessus, & qu’il l’a manqué.
En termes de Marine, on dit, Souffler un vaisseau, pour dire, Renforcer le bordage d’un vaisseau, revêtir un vaisseau par dehors de fortes & nouvelles planches, ce qui se fait à deux fins, soit pour empêcher que les vers ne piquent le vaisseau dans les voyages de long cours, soit pour faire qu’un vaisseau qui porte mal la voile, & qui se tourmente trop à la mer, prenne mieux son assiette. Il faut souffler ce vaisseau.
Souffler un exploit. Façon de parler dont on se sert pour exprimer la friponnerie d’un Sergent, lorsqu’il fait paroître qu’il a donné un exploit à un homme, quoiqu’il ne l’ait pas donné. On lui a soufflé un exploit.
Souffler, pris absolument, signifie quelquefois, Chercher la pierre philosophale, chercher à faire de l’or, de l’argent, par les opérations de l’Alchimie. Il a dépensé tout son bien à souffler. Il y a long-temps qu’il souffle.
Souffler au poil. Expression usitée parmi les Maréchaux, dans le cas d’une suppuration dans la partie intérieure du sabot, & lorsque la matière suppurée reflue & se fait jour à la couronne. La matière souffle au poil.
Soufflé, ée. participe.
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