sentir

5e édition

SENTIR.

v. actif. Conjugaison : Je sens, tu sens, il sent, nous sentons, etc. Je sentois. Je sentis. Je sentirai. Que je sente, etc.
■  Recevoir quelque impression par le moyen des sens. Sentir un frais agréable. Sentir un grand plaisir. Sentir une chaleur douce. Quand on est bien las, on sent un grand plaisir à se reposer. Sentir un grand froid. Sentir une grande douleur de tête. Sentir une pesanteur dans le bras. Sentir des inquiétudes dans les jambes. Sentir une odeur agréable. Sentez-vous la fraîcheur de ce marbre ? Sentez-vous dans cette sauce le goût du champignon ? Il ne se dit point des simples perceptions de la vue et de l’ouïe.
Il se prend aussi absolument. La faculté de sentir.
Il s’emploie aussi, en parlant De différentes affections de l’âme. Il a senti une grande joie de la nouvelle qu’il a reçue. Il a senti une grande affliction de la mort de son fils.
Sentir, signifie figurément, Avoir le cœur touché, l’âme émue de quelque chose d’extérieur. Il sent comme il doit le bien qu’on lui fait. Il ne sent point les affronts. Il ne sent point la perte qu’il a faite. C’est un homme qui sent les moindres plaisirs qu’on lui fait.
Sentir, signifie aussi, Flairer. Sentir une rose. Sentir une tubéreuse. Quand il sent des parfums, il se trouve mal. Il est enrhumé, il ne sent rien.
Sentir, signifie aussi, Exhaler, répandre une certaine odeur. Sentir bon. Sentir mauvais. Cela sent le brûlé. Cela sent la fleur d’orange. Sentir l’enfermé. Sentir le relent. Sentir le serpolet, le sauvagin. En ce sens, il se prend quelquefois neutralement. Cela sent trop fort. Cela sent désagréablement.
Dans ce sens on dit à l’impersonnel, Il sent bon, il sent mauvais, il sent le brûlé dans cette chambre, pour, Il y a ici une bonne, une méchante odeur, une odeur de brûlé. Étant mis absolument dans le même sens, il signifie, Sentir mauvais. Fi, que cela sent ! Son haleine sent. Ses pieds sentent. Cette viande commence à sentir. On dit aussi, Sentir des pieds, des aisselles, de la bouche.
Sentir, se dit Du goût, de la saveur d’une viande, d’une boisson. Cette soupe ne sent rien. Cette eau sent la terre. Cette carpe sent la bourbe. Ce vin sent la framboise, sent le fût, sent le terroir, sent un goût. Ce cidre sent le pouri.
On dit figurém. qu’Un homme sent le terroir, pour dire, qu’Il a les défauts qu’on attribue aux gens du pays d’où il est. On le dit de même Des ouvrages d’esprit, quand ils portent les marques du pays de leur auteur.
On dit figurément et familièrement, qu’Une action sent le gibet, la roue, les coups de bâton, pour dire, que Celui qui l’a commise, court risque d’être pendu, roué, bâtonné.
On dit figurément et familièrement, Cela ne sent pas bon, en parlant d’Une affaire qui prend une mauvaise tournure, qui peut avoir des suites fâcheuses.
On dit proverbialement et figurém. qu’Un homme sent le fagot, pour dire, qu’Il est soupçonné d’hérésie, d’impiété déclarée, ou de débauche contre nature.
On dit proverbialement et figurém. qu’Un homme sent le sapin, pour dire, qu’Il est malsain, infirme, et qu’il a la mine de mourir bientôt, parce qu’on met les morts dans une bière de sapin.
On dit aussi, La toux de cet homme, sa phthisie, son asthme sent le sapin.
On dit proverbialement et figurém. que La caque sent toujours le hareng, en parlant De ceux qui par quelque action ou par quelque parole, font voir qu’ils retiennent encore quelque chose de la bassesse de leur naissance, ou des mauvaises impressions qu’ils ont reçues. Il étoit hérétique, il s’est converti par intérêt, mais la caque sent toujours le hareng. Ce parvenu joue l’homme de qualité, mais la caque sent toujours le hareng.
On dit proverbialem. qu’Un homme, qu’un valet sent le vieux battu, sent son vieux battu, pour dire, qu’Il est devenu insolent, parce qu’il n’a pas été châtié depuis long-temps.
Sentir, signifie quelquefois, S’apercevoir, connoître. Je sens bien qu’on me trompe. Je sentois bien qu’on n’y alloit pas de bonne foi. Je me sens trop foible pour cela. Il sentoit bien qu’on ne le craignoit plus. On sent dans ces vers quelque chose de dur, de négligé. Il sent son ignorance. Il sent bien ses forces. Il sent sa force.
On dit dans le même sens, Je le sentis venir de loin, pour dire, Je connus, je pénétrai où il en vouloit venir.
On dit proverbialem. qu’Un homme sent de loin, pour dire, qu’Il découvre, qu’il prévoit les choses de loin.
Il signifie quelquefois, Éprouver. Il sentira ma colère. Il lui fera sentir sa colère.
Sentir, v. n. signifie, Avoir les qualités, les manières, l’air, l’apparence de .... Il sent l’enfant de bonne maison. Il sent son enfant de bonne maison. Il sent l’homme de qualité, son homme de qualité. Cette action-là ne sent point l’honnête homme, son honnête homme. L’action de cet homme-là sent bien ce qu’il est. Cette proposition sent l’hérésie.
On dit dans le même sens, qu’Un homme, qu’une femme sent son bien, pour dire, qu’Ils ont les manières, l’un d’un homme bien né, l’autre d’une femme bien élevée.
Se sentir. Connoître, sentir en quel état on est. Je me sens bien, je ne suis pas si malade qu’on croit. Je me sens foible. Il ne se sentit pas mourir. Il est si ravi, il a tant de joie, qu’il ne se sent pas.
On dit, Ce jeune homme, cette jeune fille commence à se sentir, pour dire, Commence à éprouver les premières impressions de la puberté.
On dit d’Une personne engourdie de froid, ou qui a été long-temps dans une même situation, qu’Elle ne se sent pas. Il est si engourdi qu’il ne se sent pas. Il ne se sent pas de froid.
On dit figurément dans ce sens, qu’Un homme se sent, se sent bien, pour dire, qu’Il connoît bien les qualités, les forces, les ressources qu’il a, ce que l’on doit à son rang, à son mérite. Il se sentoit bien, quand il a entrepris une affaire si difficile. Cet homme se sent, il ne souffrira pas qu’on manque à ce qu’on lui doit.
On dit, Se sentir de quelque chose, pour dire simplement, Sentir quelque chose. Depuis quand commence-t-il à se sentir de la goutte ? Il ne se sent point des incommodités de la vieillesse.
On dit, Il ne se sent pas de joie, il ne se sent pas d’aise, pour dire, Il est si pénétré, si occupé de sa joie, qu’elle lui ôte tout autre sentiment.
On dit, Se sentir de quelque mal, de quelque bien, pour dire, En avoir quelque reste. Il a eu la fièvre quarte, il s’en sent encore. Il fit une grande chute, il s’en sentira toujours. Il se sentira long-temps de cette blessure. Il a fait une grande perte au jeu, il s’en sentira long-temps. Ce pays se sent encore de la guerre. Le père étoit dans la faveur, les enfans s’en sentent encore. Quoiqu’il y ait long-temps qu’il soit à Paris, il se sent toujours de la Province.
Il signifie aussi, Avoir part au bien ou au mal. S’il y a du bien ou du mal, il s’en sentira. On a donné tant pour les domestiques, il faut le distribuer entre tous, afin que chacun s’en sente.
On dit proverb. et iron. à l’occasion d’un homme qui est ivre, On ne sauroit si peu boire qu’on ne s’en sente, pour dire, que Pour peu qu’un homme boive plus qu’à l’ordinaire, il y paroît dans ses actions, dans ses discours.
Senti, ie. participe. Il est en usage au propre et au figuré.
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