sentiment

SENTIMENT

nom masculin
Étymologie : xiie siècle, sentement ; xive siècle, sentiment. Dérivé de sentir.
1.  Faculté de ressentir, de recevoir des impressions et, par métonymie, sensation ainsi éprouvée (vieilli). Perdre le sentiment, être privé de sentiment. Il est comme mort, il n’a plus de mouvement ni de sentiment. Sentiment de froid, de douleur.
▪ Spécialement. Marque de domaine : chasse. Odorat du chien de chasse, capacité plus ou moins développée qu’il a de percevoir l’odeur des animaux qu’il poursuit ; par métonymie, l’odeur qu’exhale le gibier ou qu’il laisse sur son passage (en ce sens, on dit aussi Fumet).
2.  Connaissance, compréhension que l’on a de certaines choses sans le secours du raisonnement, de l’expérience ; appréhension immédiate et subjective d’une réalité. Le sentiment du bien, du beau, de l’honneur. Sentiment esthétique. Le sentiment du divin. Le sentiment du danger. Sentiment d’insécurité, de peur. Avoir le sentiment de sa force, de sa faiblesse. Ils ont le sentiment de bien faire, qu’ils font bien. Le sentiment de la langue, qui permet à celui qui parle une langue de juger de manière intuitive de la justesse des usages qui en sont faits. Le sentiment national, la conscience d’appartenir à une nation. Sentiment républicain, patriotique, attachement à une certaine idée de la république, de la patrie. Le sentiment populaire, celui du plus grand nombre.
▪ Loc. vieillie. Juger par sentiment, juger d’un ouvrage de l’esprit ou d’un ouvrage de l’art par l’impression qu’on en reçoit.
▪ Par extension. Avis, point de vue que l’on a sur une chose. Je partage, j’adopte votre sentiment. Selon mon sentiment. Tel est mon sentiment. Parler contre son sentiment. J’ai le sentiment, mon sentiment est que cela tournera mal. Les « Sentiments de l’Académie française sur la tragi-comédie du Cid » furent publiés en 1637.
 Titres célèbres : Histoire littéraire du sentiment religieux en France, de l’abbé Bremond (publiée de 1916 à 1936) ; Le Sentiment géographique, de Michel Chaillou (1976).
3.  Phénomène affectif, plus ou moins durable, que suscite chez un individu la perception de soi-même, des autres, du monde extérieur. Des sentiments généreux, bas, vils. Sentiment de tendresse, de pitié, de haine. Il nourrit pour cet ami des sentiments ambigus. Manifester, dissimuler ses sentiments. Noblesse de sentiment ou de sentiments. Après un temps de réflexion, il reviendra à de meilleurs sentiments. Sentiment de culpabilité, regret ou remords de celui qui a commis ou croit avoir commis une faute. Sentiment d’infériorité, de supériorité, voir Infériorité, Supériorité.
▪ S’emploie en particulier dans les relations avec les autres, notamment les relations amoureuses, pour désigner le mouvement de sympathie, d’amour à l’égard d’autrui. Chez lui, le sentiment l’emporte toujours sur l’intérêt personnel. Se laisser guider par ses sentiments. Avoir du sentiment ou, plus souvent, des sentiments pour quelqu’un. Déclarer, avouer, cacher ses sentiments.
▪ Péj. Les beaux, les grands sentiments ne servent plus à rien, il faut agir. Un livre, un film pétri de bons sentiments.
▪ Par extension. Sensibilité, délicatesse, notamment dans la composition ou l’exécution d’une œuvre artistique. Se piquer de sentiment. Il a peint ce tableau avec beaucoup de sentiment. Mettre du sentiment dans son interprétation. Par métonymie. Ce poème manque de sentiment.
▪ Loc. et expr. fam. Prendre quelqu’un par les sentiments, tenter de le gagner à sa cause en évoquant ce qui le touche. Faire du chantage au sentiment, chercher à apitoyer pour obtenir un avantage, une faveur. Avoir quelqu’un au sentiment, arriver à ses fins en l’attendrissant. Faire du sentiment, prendre en compte des considérations d’ordre affectif de façon inopportune, inadéquate. Ne pas faire de sentiment, ne pas se laisser attendrir, fléchir.
▪ Dans des formules de politesse de la correspondance (s’emploie peu lorsque la lettre est adressée par une femme à un homme). Veuillez croire à mes sentiments dévoués, à mes sentiments les meilleurs. Veuillez agréer l’assurance de mes sentiments déférents, voir Déférent II.
 Titre célèbre : La Confusion des sentiments, de Stefan Zweig (1927).
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