fourrer

5e édition

FOURRER.

v. a.
■  Introduire, faire entrer, mettre en quelque endroit parmi d’autres choses. Fourrez cela dans votre cassette. Fourrez ce livre avec les autres. Fourrer les bras dans le lit. Fourrer la main dans sa poche. Se fourrer sous un lit. Fourrer son bras dans un trou. Il lui a fourré son épée dans le ventre. Il s’est fourré une écharde dans le doigt. Cette étoffe, cette tapisserie est toute perdue, il y a des trous à y fourrer la main.
On dit proverbialem. d’Un homme qui a fait on dit quelque chose de mal-à-propos, et qui en a de la confusion, Il est si honteux qu’il ne sait où se fourrer, pour dire, qu’Il ne sait où se cacher.
Et l’on dit proverbialement et populairement d’Un gourmand, qu’Il fourre tout dans son ventre.
Fourrer, signifie aussi Donner en cachette et souvent, comme fait une mère à quelqu’un de ses enfans qu’elle aime plus que les autres. Cette mère fourre toujours de l’argent à sa fille. Elle gâte cet enfant, elle lui fourre toujours à manger. Cette Gouvernante gâtera ses enfans, elle ne fait que leur fourrer des confitures et du fruit.
Fourrer, signifie aussi, Insérer hors de propos. Fourrer quelque chose dans son discours. Il a fait un livre où il a fourré tout ce qu’il savoit. Il fourre toujours du Latin dans ses Plaidoyers.
On dit figurément, Fourrer quelque chose dans l’esprit, dans la tête de quelqu’un, pour dire, Lui faire comprendre quelque chose avec peine. Il est si stupide, si hébêté, qu’on ne lui sauroit rien fourrer dans la tête, dans l’esprit. On eut bien de la peine à lui fourrer dans la tête qu’il falloit… Vous vous fourrez dans la tête mille choses qui ne sont pas.
Fourrer, signifie aussi, Introduire, quelqu’un dans une maison, le faire entrer dans une affaire. En ce sens il se prend ordinairement en mauvaise part. Je ne sais qui l’a fourré dans cette maison, dans cette affaire.
Il se met aussi avec le pronom personnel. Il se fourre partout. Il se fourre à la Cour. Il se fourre dans toutes les compagnies. Je ne sais comment il s’est fourré dans cette affaire. Il a commencé à se fourrer dans les affaires de finances.
On dit proverbialem. d’Un homme qui cherche quelque emploi, quelque condition, et qui a peine à en trouver, qu’Il cherche quelque trou à se fourrer.
On dit proverbialem. et figurément d’Un homme inconsidéré, qui veut s’ingérer de tout, avoir part aux affaires, aux secrets de tout le monde, qu’Il fourre son nez partout. Pourquoi vient-il fourrer son nez où il n’a que faire ?
On dit aussi, Se fourrer dans une affaire, pour dire, S’engager d’honneur, d’intérêt, d’affection dans une affaire. Il s’est fourré dans cette querelle, dans cette affaire jusqu’au cou, jusqu’aux oreilles. Il s’y est fourré par-dessus la tête. Il s’y est fourré bien avant. Pourquoi s’y fourroit-il ?
Ce verbe dans toutes les acceptions précédentes est du style familier.
Fourrer, signifie aussi, Garnir de peau avec le poil. Fourrer une robe de martre. Fourrer d’hermine. Fourrer de petit-gris.
On dit, Se fourrer, se bien fourrer, pour dire, Se vêtir bien chaudement, se garnir beaucoup. Il s’est bien fourré. Il faut se bien fourrer en hiver.
Fourré, ée. participe.
On appelle Pays fourré, Un pays rempli de bois, de haies, etc. L’armée marchoit par un pays fourré.
On dit aussi d’Un bois qui est fort garni de broussailles et d’épines, que C’est un bois fourré.
On appelle Coups fourrés, Des coups portés et reçus de part et d’autre en même temps.
Il se dit aussi figurément, pour dire, Les mauvais offices que deux personnes se rendent mutuellement et en même temps.
Il se dit encore figurément, pour signifier Un mauvais office caché, et dont on ne se défie pas.
On appelle Paix fourrée, Une paix, une réconciliation feinte et faite à la hâte, à dessein de se tromper mutuellement.
On dit, qu’Une médaille, qu’une pièce d’or ou d’argent est fourrée, Quand le dessus est d’or ou d’argent, et que le dedans est de cuivre.
On dit, que Des bottes de foin, des bottes de paille sont fourrées, Lorsque parmi de bon foin et de bonne paille on y en a mêlé de moindre qualité.
On appelle Langues fourrées, Des langues de bœuf, de cochon, de mouton, recouvertes d’une autre peau que la leur, et avec laquelle on les fait cuire.
On dit proverbialement, Un innocent fourré de malice, pour dire, Un homme qui paroit simple, et qui est fin et malicieux.
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