abandonner

5e édition

ABANDONNER.

v. a.
■  Quitter, délaisser entièrement. Les gens de guerre l’ont contraint d’abandonner sa maison. Il a abandonné le pays. Abandonner sa femme et ses enfans. Dieu n’abandonne pas les siens. Vous m’avez abandonné dans le besoin, au besoin. Abandonner la poursuite d’une affaire. Abandonner une cause.
On dit qu’Un père a abandonné son fils, qu’il l’a entièrement abandonné, pour dire, qu’Il ne prend plus aucun soin de lui, qu’il ne s’en met plus en peine.
On dit, Abandonner une succession, abandonner ses prétentions, pour dire, Y renoncer entièrement.
On dit que Les Médecins ont abandonné un malade, pour dire, qu’Ils ont cessé de le voir, ou qu’ils ne lui ordonnent plus rien, parce qu’ils désespèrent de sa guérison.
Abandonner, signifie aussi, Laisser en proie, exposer, livrer ; et il est toujours suivi de la préposition à. Abandonner une ville au pillage, l’abandonner à la fureur des soldats. Abandonner un vaisseau à l’orage, au vent. Abandonner à la merci de, etc. à la disposition de, etc. Abandonner quelqu’un à son caractère, à ses penchans, à son mauvais sort.
On dit, Abandonner son cheval, pour dire, Le laisser aller comme il veut.
On dit, Abandonner un Ecclésiastique au bras séculier, pour dire, Le renvoyer au Juge laïque, afin qu’il le punisse selon les lois ; et proverbialement et figurément, en parlant De quelque chose à boire ou à manger, qu’on veut bien laisser aux domestiques, on dit, qu’Il faut l’abandonner au bras séculier.
On dit dans le langage de l’Écriture, que Dieu abandonne souvent les méchans à leur sens réprouvé, pour dire, qu’Il les laisse s’endurcir dans leur péché.
On dit aussi, Abandonner une chose, une personne à quelqu’un, pour dire, Lui permettre d’en faire, d’en dire ce qu’il lui plaira, lui en laisser l’entière disposition. Abandonner tous ses biens à ses créanciers. Vous vous plaignez de cet homme, je vous l’abandonne. On dit aussi, qu’Un père a abandonné son fils, le soin de son fils à la conduite de quelqu’un, pour dire, qu’Il en a chargé quelqu’un sur qui il s’en repose.
On emploie aussi ce verbe sans régime indirect. Son père l’abandonne, pour dire, qu’Il ne veut plus prendre soin de lui. Dieu l’a abandonné. Mon courage m’abandonne.
S’abandonner. v. réfl. Se laisser aller, se livrer à quelque chose, à quelqu’un, sans aucune retenue, sans aucune réserve. S’abandonner à la débauche, au vice. S’abandonner à ses passions. S’abandonner aux femmes. S’abandonner à la douleur, à la tristesse, aux pleurs. S’abandonner à la joie. Je m’abandonne à vous.
On dit, S’abandonner à la Providence, pour, Se remettre entièrement entre les mains de la Providence ; et, S’abandonner à la fortune, pour, Laisser aller les choses au hasard.
Et d’une femme qui se prostitue, on dit, que C’est une femme qui s’abandonne à tout le monde. En ce sens, il se dit aussi absolument. Les mauvais exemples d’une mère portent quelquefois une fille à s’abandonner.
Abandonné, ée. participe. On dit C’est un enfant abandonné, pour désigner Un enfant qui se trouve sans secours, loin de ses parens.
Il est aussi substantif, et alors il se dit d’Un homme perdu de libertinage et de débauche, et d’Une femme qui se prostitue. C’est un abandonné, c’est une abandonnée. Il est plus en usage en parlant des femmes.
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