sauver

SAUVER

conjugaison verbe transitif et pronominal
Étymologie : ixe siècle, salvar ; xiie siècle, sauver. Issu du latin tardif salvare, « guérir ; maintenir, conserver » et, en latin chrétien, « procurer le salut éternel », lui-même dérivé de salvus, « bien portant, en bonne santé ».

I.

I. Verbe transitif.
1.  Tirer un être d’un péril, le mettre en sûreté ; mettre quelque chose à l’abri de ce qui le menaçait. Il l’a sauvé d’une mort certaine. Moïse sauvé des eaux est un sujet fréquemment représenté en peinture. Je l’ai sauvé des mains, d’entre les mains des ennemis. Sauver le pays de la ruine. Sauver un nom, une œuvre de l’oubli.
▪ Sans complément indirect. Soustraire une personne, un animal à la mort ; préserver quelque chose de la destruction, de l’anéantissement. Il a sauvé un enfant, la vie d’un enfant. Ce héros a sauvé la cité. On a pu sauver les marchandises du navire en perdition. Nous avons sauvé l’honneur, nous avons limité l’étendue de la défaite, de l’échec. Par exagération et fam. J’ai retrouvé mes clés, je suis sauvé. Vous me sauvez la vie ! vous me rendez un service inestimable.
▪ Spécialement. Marque de domaine : théologie. Donner, assurer le salut éternel. Dieu a envoyé son Fils pour sauver le genre humain. Pron. Travailler à se sauver. Expr. Il n’y a que la foi qui sauve, selon la doctrine des réformateurs, la foi seule assure le salut, indépendamment des œuvres ; par extension, fam. et iron., se dit à propos d’une confiance naïve.
▪ Expr. Être sauvé par le gong, se dit d’un boxeur dominé par son adversaire, à qui le signal annonçant la fin de la reprise permet de ne pas être déclaré perdant, et, fig. et fam., se dit de quelqu’un qui évite de peu une peine, un embarras. Sauver sa tête, sa peau (fam.), échapper à la mort et, fig., à une situation très défavorable. Sauver sa mise, retirer son enjeu, à défaut de gain. Sauver la mise à quelqu’un (fig. et fam.), lui éviter une perte, un désagrément ou un ridicule, le tirer d’un mauvais pas. Sauver les apparences, ne rien laisser voir d’une réalité fâcheuse. Fig. Sauver la face, voir Face. Fam. Sauver les meubles, préserver ce qui peut l’être de la ruine, du désastre.
2.  Par affaiblissement. Excuser, justifier (vieilli) ; faire accepter quelqu’un, quelque chose malgré ses imperfections, ses faiblesses. Quelque raison qu’on allègue, on ne peut sauver sa conduite. Il est un peu maladroit mais sa gentillesse le sauve. Ce qui sauve ce film, c’est la qualité des comédiens.
▪ Spécialement. Marque de domaine : musique. Sauver une dissonance, la faire suivre d’une consonance, pour éviter qu’elle ne heurte l’oreille (on dit aussi Résoudre une dissonance).
3.  Très vieilli. Épargner quelque peine à quelqu’un. Vous m’avez sauvé une grande fatigue, un grand travail.

II.

II. Verbe pronominal.
1.  Vieilli. Se réfugier en un endroit, y chercher asile. Il se sauva dans une église.
2.  S’enfuir pour échapper à un péril ou à une situation fâcheuse. Il s’est sauvé à toutes jambes. Edmond Dantès se sauva du château d’If. Le chien a rongé sa corde et s’est sauvé. Vieilli. Se sauver du danger, de la mort, y échapper.
▪ Par analogie. Fam. Le lait se sauve de la casserole ou, simplement, se sauve, il déborde.
▪ Elliptiquement. Loc. Sauve qui peut ! cri d’alerte qui enjoint aux personnes présentes de fuir. Subst. Un sauve qui peut s’est fait entendre. Sauve-qui-peut, voir ce mot.
▪ Par affaiblissement. Fam. Se retirer promptement. Il se fait tard, sauvez-vous. Ne vous dérangez pas, je me sauve.
3.  Vieilli. Se dédommager. Ce marchand vend à bas prix mais il vend beaucoup et il se sauve sur la quantité.
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