mort, morte

II. MORT, MORTE

adjectif et nom
Étymologie : xe siècle. Issu du latin mortuus, de même sens.
↪ voir aussi : I. Mort (n. f.)

I.

I. Adjectif.
1.  Qui a cessé de vivre. Le Christ mort et ressuscité. Un homme mort. Mort au champ d’honneur, mort pour la patrie, mort en service commandé. Un animal mort.
▪  Loc. et expr. Tomber mort, raide mort, mourir tout d’un coup. Laisser quelqu’un pour mort, s’éloigner de lui avec la conviction qu’il est mort. Il est mort et enterré, mort depuis longtemps. Ramenez-le mort ou vif. C’est un homme mort, se dit de quelqu’un qui est ou paraît être dans un danger auquel il ne peut échapper et, par extension, d’une personne dont la carrière est brisée.
▪  Par hyperbole. Être plus mort que vif, ressentir une très grande frayeur. Être ivre mort, être ivre au point d’avoir perdu toute connaissance. Demi-mort, voir ce mot. Fam. Être mort de honte. Être mort de fatigue, de faim, de froid, être très fatigué, avoir grand-faim, grand froid. Pop. Être mort, être épuisé.
▪  Fig. Être mort à quelque chose, en être totalement détaché. Être mort au monde, au péché. Être mort à soi-même. Il est mort à toute vie sociale. Il est mort aux yeux de ses anciens amis, il n’existe plus pour eux.
▪  Spécialement. Marque de domaine : beaux-arts. Nature morte, dessin, toile qui représente des animaux tués, en particulier des pièces de gibier, ou, par extension, une composition de végétaux, fruits, fleurs, et de divers objets ou instruments. Une nature morte de Chardin, de Cézanne.
▪  Prov. Morte la bête, mort le venin, un ennemi ne peut plus nuire quand il est mort.
2.  Se dit d’un organisme, ou d’une partie d’un organisme, dont les fonctions biologiques sont définitivement arrêtées. Cellules mortes. Tissus morts. Arbre mort. Ramasser du bois mort. Des feuilles mortes. Feuille-morte, voir ce mot.
▪  Par extension. Un membre mort, atone, insensible. Avoir les yeux morts, les lèvres mortes, avoir les yeux éteints, les lèvres pâles.
▪  Expr. fam. Ne pas y aller de main morte, voir Main.
▪  Spécialement. Main-morte, ancienne orthographe de Mainmorte (voir ce mot).
3.  Qui a cessé d’être ; qui n’a plus d’activité, de mouvement, de force, d’efficacité. Une civilisation morte. Langue morte, qui n’existe plus que dans les écrits. Lettre morte, voir Lettre. Des amours mortes. Pays mort, ville morte, qui n’a plus d’activité industrielle, commerciale, etc. Temps mort, période où il ne se passe rien de remarquable ou d’important ; dans certains sports, désigne une courte interruption de la partie. Morte-saison, voir ce mot. Fam. Cet appareil est mort, hors d’usage. La batterie, la pile est morte.
▪  Marque de domaine : hydrographie. Eau morte, qui stagne, ne s’écoule pas. Bras mort, voir Bras. La mer Morte, mer fermée située au sud de la vallée du Jourdain. – Marque de domaine : marine. Les œuvres mortes d’un bateau, les parties de sa coque qui sont hors de l’eau. Corps-mort, voir ce mot. – Marque de domaine : balistique. Angle mort, Espace mort, voir Angle, Espace I. Balle morte, qui a perdu la plus grande partie de l’impulsion qu’elle avait reçue. Il a été touché par une balle morte. – Marque de domaine : mécanique. Poids mort, poids propre de la machine ; fig. et fam., se dit de ce qui encombre inutilement ou d’une personne peu active, peu utile. Point mort, point de la course d’un organe où il ne reçoit plus d’impulsion du moteur ; position du levier de changement de vitesse lorsqu’il n’engrène sur aucun pignon. Loc. fig. et fam. Être au point mort, être à l’arrêt, ne pas progresser. Notre projet est au point mort. – Marque de domaine : informatique. Mémoire morte, mémoire dont les données enregistrées ne peuvent être modifiées.
▪  Spécialement. Marque de domaine : théologie. Œuvre morte, bonne œuvre accomplie par un homme qui n’est pas en état de grâce.

II.

II. Nom.
1.  Personne qui a cessé de vivre. Cette épidémie a fait des milliers de morts.
▪  Les morts de la Grande Guerre. Monument aux morts. Sonnerie aux morts, à la mémoire des personnes mortes pour la patrie. L’appel des morts, voir Appel.
▪  Culte des morts. Le royaume, le séjour des morts, les enfers. Marque de domaine : religion chrétienne. La résurrection des morts. Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts. Le jour des Morts, la fête des Morts, le lendemain de la Toussaint, où l’on prie Dieu pour qu’il délivre ou soulage les âmes du purgatoire. Messe des morts, office des morts, célébrés à la mémoire et pour le salut d’une ou plusieurs personnes défuntes. Mémento des morts, prière du canon de la messe pour les défunts.
▪  Au pluriel et précédé de l’adjectif possessif, pour parler de ceux qui faisaient partie d’une famille, d’une communauté. Pleurer, enterrer, honorer ses morts. « Laisse les morts enterrer les morts », expression proverbiale inspirée des paroles du Christ et signifiant qu’il faut tourner la page, ne pas s’embarrasser du passé.
▪  Expr. Il ne faut pas faire parler les morts, solliciter leurs propos ou leur prêter certaines idées pour justifier ses propres positions. Le mort saisit le vif, adage du langage juridique signifiant qu’une personne en mourant transmet son bien à son héritier, sans qu’il soit besoin d’un acte de mise en possession.
▪  Marque de domaine : littérature. Dialogue des morts, œuvre faisant dialoguer dans les enfers des défunts illustres. Le Livre des morts, titre donné au xixe siècle à un recueil de formules, de poèmes et de textes funéraires de l’antiquité égyptienne.
  Titres célèbres : Dialogues des morts, de Lucien de Samosate (iie siècle après Jésus-Christ), de Fontenelle (1683), de Fénelon (publiés de 1712 à 1730) ; Souvenirs de la maison des morts, de Dostoïevski (1862).
2.  Corps d’une personne qui a cessé de vivre, dépouille. Veiller un mort. Inhumer, incinérer un mort. Tête de mort, tête dont il ne reste que les os, et qui sert souvent à symboliser la mort ou un danger de mort.
▪  Loc. Faire le mort, retenir ses mouvements de manière à faire croire qu’on est privé de la vie et, fig., ne pas répondre, ne pas se manifester. On ne peut pas le joindre, il fait le mort. Un mort en sursis. Un mort vivant, une personne qui a l’aspect d’un cadavre.
▪  Fam. La place du mort, dans une voiture, la place située à l’avant, à côté du conducteur, et réputée la plus dangereuse. À réveiller un mort, les morts, se dit d’un bruit violent, d’un mets très épicé, d’un alcool très fort.
3.  Marque de domaine : jeux. (Toujours au masculin.) Au whist et au bridge notamment, désigne le joueur qui, après les annonces, étale ses cartes et ne participe plus au jeu ; par métonymie, les cartes de ce joueur.
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