quart-monde

I. MONDE

nom masculin
Étymologie : xiie siècle. Issu du latin mundus, de même sens.
↪ voir aussi : II. Monde (adj.)

I.

I. L’univers, considéré dans sa totalité ou ses parties.
1.  Ensemble des choses et des êtres existants, de tout ce qui existe. Dieu a créé le monde, a tiré le monde du chaos, du néant. Dès la naissance du monde. La création du monde. Les origines, les premiers âges du monde. La fin du monde.
▪  Marque de domaine : philosophie. Le monde sensible, l’ensemble de ce qui peut être saisi par les sens, l’ensemble des objets que l’esprit se représente dans la perception, qu’on oppose traditionnellement au monde intelligible, constitué par l’ensemble des réalités et des rapports qui s’offrent à l’intelligence seule, ou que la raison met au jour dans les apparences sensibles. Le monde visible. Le monde des apparences. Monde des idées, nom par lequel les platoniciens désignent l’ensemble des essences et des formes éternelles et immuables dont participent les choses sensibles. L’âme du monde, principe d’unité de l’Univers, selon Platon, les stoïciens, etc.
▪  Expr. Depuis que le monde est monde, de tout temps. Vieux comme le monde, qui existe depuis toujours ou qui est très ancien.
  Titres célèbres : Traité du monde, de René Descartes (1633, publié en 1664) ; Le Monde comme volonté et comme représentation, d’Arthur Schopenhauer (1819).
2.  Ensemble des corps célestes qui constituent notre univers. Le système du monde, les lois qui régissent les mouvements de cet ensemble. Le système de Ptolémée plaçait la Terre au centre du monde. L’image du monde de Copernic.
▪  Par extension. Ensemble de planètes, de corps célestes, formant un système analogue. Existe-t-il d’autres mondes habités ?
▪  Expr. Ainsi va le monde, tel est le cours ordinaire des choses. C’est le monde renversé, le monde à l’envers, se dit de ce qui se fait au contraire de l’ordre commun, de l’usage. Se prendre pour le centre du monde ou, fam., pour le nombril du monde, accorder à sa propre personne une importance démesurée.
▪  Expr. proverbiale. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, formule empruntée du Candide de Voltaire.
  Titre célèbre : Entretiens sur la pluralité des mondes, de Fontenelle (1686).
3.  La planète habitée par l’homme. Le centre, les confins du monde. Faire le tour du monde. Courir le monde, voyager beaucoup. Parcourir le vaste monde. Alexandre voulait se rendre maître du monde.
  Titre célèbre : Le Tour du monde en quatre-vingts jours, de Jules Verne (1873).
▪  Se dit plus particulièrement des parties habitées du globe terrestre. Le monde ancien, le monde des anciens, la partie du globe que les anciens connaissaient. Le Nouveau Monde, l’Amérique. L’Ancien et le Nouveau Monde. La « Revue des deux mondes », fondée en 1829. La « Symphonie du Nouveau Monde », de Dvorak. Les sept merveilles du monde, voir Merveille. Un citoyen du monde, voir Citoyen. Champion du monde. Coupe du monde.
▪  Loc. De par le monde, en quelque endroit de la Terre. Cela doit bien se trouver de par le monde. Errer de par le monde. Aux quatre coins du monde, de place en place sur la Terre. Il a des amis aux quatre coins du monde.
▪  Spécialement. Du monde, Au monde, renforce un superlatif relatif. Le plus grand lac du monde. Ils sont les meilleurs amis du monde. Nous nous entendons le mieux du monde. C’est l’être qu’elle aime le plus au monde. « Est-ce que je vous dérange ? – Pas le moins du monde. » Le plus vieux métier du monde, la prostitution. Prov. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, voir Donner.
▪  Du monde s’utilise également après un nom précédé de Tout. Il dit de vous tout le bien du monde. Tout l’amour du monde. Après les pronoms Tout et Rien, avec les adjectifs Aucun, Seul et Unique, on dit Au monde. Je donnerais tout au monde pour n’avoir pas fait cela. Je ne voudrais de cette maison pour rien au monde. Un joyau unique au monde.
▪  Expr. Le monde est petit, se dit quand on rencontre inopinément quelqu’un, ou quand on se découvre des liens, des relations communes avec une autre personne. Il faut de tout pour faire un monde, critique déguisée d’usages, de comportements, de goûts que l’on juge singuliers ou que l’on réprouve. Fig. Au bout du monde, à l’autre bout du monde, dans un pays lointain. Fam. C’est le bout du monde, se dit pour marquer qu’on estime quelque chose à son plus haut prix, à sa valeur la plus élevée. S’il en a pour deux heures de travail, c’est bien le bout du monde. Ce n’est pas le bout du monde, ce n’est pas si important, si difficile.
4.  Par analogie. Ensemble d’êtres ou de choses pris dans sa totalité. Le monde des insectes, des minéraux. Le monde végétal. Le monde souterrain.
  Titre célèbre : Le Monde du silence, de Jacques-Yves Cousteau (1954 ; film de 1956).
5.  Fig. Un monde, un ensemble complexe et important. C’est un monde que cette affaire. Un monde, tout un monde d’idées se présenta à son esprit.
▪  Expr. Il y a un monde entre ces deux personnes, ces deux choses, elles sont tout à fait dissemblables. Se faire un monde d’une tâche, d’une affaire, s’en exagérer la difficulté. Fam. C’est un monde ! sert à marquer une surprise réprobatrice ou indignée.

II.

II. Lieu de la vie et de l’activité humaine, séjour des hommes.
1.  Ensemble des choses et des êtres parmi lesquels se passe notre vie. Être seul au monde. La perfection n’est pas de ce monde.
▪  Loc. et expr. Mettre un enfant au monde, lui donner naissance. Venir au monde, naître. Être au monde, exister. Ce bas monde, voir Bas I. L’autre monde, l’au-delà ; le ciel, le séjour des âmes après la mort. Par euphémisme. Il est parti pour l’autre monde, il est mort. Fam. Expédier quelqu’un dans l’autre monde ou, iron., dans un monde meilleur, le tuer.
▪  Expr. tirée de l’Évangile. Mon royaume n’est pas de ce monde.
2.  Ensemble de sociétés, de civilisations. Le monde antique, le monde grec. Le monde chrétien. Le monde arabe. Le monde moderne, le monde contemporain. Le tiers-monde, l’ensemble des nations en voie de développement. Le quart-monde, les plus pauvres parmi ces nations ou, dans les pays industrialisés, les couches de la société les plus démunies.
▪  Par extension. La fin d’un monde, d’une époque de l’histoire humaine, avec l’organisation politique, économique, sociale et la culture qui lui étaient propres. Œuvrer à la naissance d’un monde nouveau, d’un monde meilleur.
  Titre célèbre : Le Monde d’hier, de Stefan Zweig (1943).
3.  Dans le langage de la dévotion. La vie du siècle, par opposition à la vie religieuse ; la société des hommes. Renoncer au monde et à ses pompes. Les vanités du monde. Être mort au monde. Faire son salut dans le monde.

III.

III. Ensemble d’êtres humains.
1.  La totalité des hommes vivant sur la Terre ; le genre humain. Le monde court à sa perte. Le Sauveur du monde, un des noms donnés au Christ.
2.  Les hommes en général ; la plupart des hommes. Les passions mènent le monde. Observer, étudier le monde. Par extension. Il n’aime pas le monde, la société des hommes. Fuir le monde.
▪  Fam. Pour désigner certaines personnes par un terme général. Il ne faut pas accuser le monde à la légère. Il se moque du monde.
▪  Loc. Tout le monde, chacun, ou n’importe qui, le premier venu. Tout le monde peut se tromper. Au vu et au su de tout le monde. N’allez pas raconter cela à tout le monde. Fam. Monsieur Tout-le-monde, l’homme ordinaire, moyen, l’homme de la rue.
3.  Un certain nombre de personnes. Y a-t-il déjà du monde ? Il n’a rassemblé que peu de monde autour de lui. Il ne reste plus grand monde. Avoir du monde à dîner. À cette fête, il y avait beaucoup de monde ou, fam., un monde fou.
▪  Spécialement. Avec l’adjectif possessif, souvent précédé de Tout. Ensemble de gens à qui on a particulièrement affaire. Il passe ses vacances avec tout son monde, son petit monde, avec sa famille, ses amis, etc. Le chef de service a réuni son monde, les gens qui sont sous ses ordres.
▪  Expr. fam. Connaître son monde, savoir discerner le caractère des gens à qui l’on a affaire.
4.  Ensemble de personnes rapprochées par les relations, la profession, le mode de vie, etc. Le monde politique. Le monde des lettres, du spectacle. Le monde des affaires. Le monde des courses. Le monde de la pègre.
▪  S’emploie parfois avec une nuance péjorative pour exprimer un jugement moral. Quel monde !
5.  Ensemble de personnes appartenant à une même classe de la société, au même milieu. Il ne fréquente que le meilleur monde, la société la plus distinguée. Le grand monde, voir Grand. Nous ne sommes pas du même monde. En ce sens, le monde, employé absolument, désigne la société distinguée par la position, les richesses, les titres de ceux qui la composent. Homme, femme du monde. Les gens du monde. Avoir l’usage du monde ou, vieilli, avoir du monde, savoir bien son monde. Faire son entrée dans le monde. Demi-monde, voir ce mot.
▪  Loc. fam. Le petit monde, les enfants. Le beau monde, les gens élégants. Il n’y avait là que du beau monde (s’emploie aussi ironiquement pour parler d’un ensemble d’individus peu recommandables).
  Titres célèbres : Le Monde où l’on s’amuse (1868) et Le Monde où l’on s’ennuie (1881), d’Édouard Pailleron.
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