être

I. ÊTRE

conjugaison verbe intransitif Conjugaison : (je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont ; j’étais ; je fus ; je serai ; je serais ; j’ai été ; sois, soyons, soyez ; que je sois ; que je fusse ; fussé-je  ; étant ; été)
Étymologie : ixe siècle. Du latin populaire *essere, lui-même du latin classique esse. Les formes du participe présent (étant), du participe passé (été) et de l’imparfait de l’indicatif (étais) sont empruntées de l’ancien français estere, « se tenir debout, se tenir », du latin stare, de même sens.
↪ voir aussi : II. Être (n. m.)

I.

I. S’emploie dans tous les cas où il s’agit d’exprimer une existence.
1.  Marque de domaine : religion. Je suis, terme par lequel Dieu se nomme lui-même dans la Bible. Dieu dit : « Que la lumière soit ! », et la lumière fut.
2.  Au sens général. « Être ou ne pas être » (Shakespeare), « Je pense, donc je suis » (Descartes) ont acquis valeur de maximes. Par euphémisme. Il n’est plus, il a cessé de vivre.
▪ Loc. Raison d’être, ce qui rend compte de l’existence d’une chose, ce qui constitue la raison de vivre d’une personne. La raison d’être d’une institution. Son œuvre est sa raison d’être. Façon d’être, manière d’être, façon d’agir, manière de se conduire, de se comporter.
▪ Expr. Quand cela serait, même si cela était avéré. Cela étant, malgré cela, quoi qu’il en soit. Prov. On ne peut pas être et avoir été.
▪ Spécialement. Soit, sert à marquer la concession, le consentement, l’acquiescement. Eh bien, soit ! (Voir aussi Soit, conjonction.)
▪ Emplois impersonnels. Il est, il y a, il existe. Il est des hommes que la difficulté exalte. Expr. Il était une fois, formule par laquelle commencent fréquemment les contes. Ainsi soit-il, pour exprimer le vœu, affirmer l’adhésion à la fin d’une prière. Loc. verb. S’il en est, s’il en fut, pour donner valeur superlative. C’est un lettré, s’il en est. C’était un héros, s’il en fut.

II.

II.  Être s’emploie pour mettre en relation le sujet et l’attribut.
Les hommes sont mortels. Penser est le propre de l’homme. Il est notre voisin. Il est tel que vous l’avez connu. Il se donne pour ce qu’il n’est pas. Exclam. Est-il bête ! Maudit soit-il !
▪ Expr. Un sou est un sou, les affaires sont les affaires, un ordre est un ordre, etc., expressions employées pour souligner l’importance de la chose dont on parle. Nous sommes ce que nous sommes, on ne peut changer sa façon d’être. Les choses étant ce qu’elles sont, dans la situation telle qu’elle se présente. Si j’étais vous, si j’étais à votre place.

III.

III.  Être, suivi d’un adverbe ou d’une préposition, peut, selon les cas, signifier se trouver, se tenir, appartenir, participer à, etc.
A.  Avec un adverbe de lieu, de nombre, de manière. Être ici, là, ailleurs, dehors, loin. Être en haut, en bas, au-dessus, au-dessous. Combien étaient-ils ? Être debout. Être bien, mal. Expr. Être bien, être mal avec quelqu’un, être en bons termes, être brouillé avec lui. Fam. Il n’est pas mal, il ne manque pas de qualités. Loc. conj. Si tant est que, suivi du subjonctif, dans la mesure où.
B.  Avec une préposition. Suivi de à. Être à table, à sa fenêtre. Être au travail. Être à genoux, être à pied. Être à la mode. Être à l’heure. Impers. Il est à craindre que nous n’ayons de l’orage. Prov. On ne peut être au four et au moulin.
▪ Suivi de avec. Au sens matériel. Être avec ses amis, en leur compagnie. Au sens moral. Être avec les siens, en être solidaire.
▪ Suivi de contre. Au sens matériel. Être contre le mur. Au sens moral. Pour marquer l’opposition. Être contre une personne, contre une chose, être hostile à cette personne, défavorable à cette chose. Il était contre ce projet de loi ou, elliptiquement et fam., il était contre.
▪ Suivi de dans. Au sens matériel. Être dans la rue, dans sa voiture. Au sens moral. Être dans la force de l’âge. Être dans l’erreur, dans son droit. Impers. Il est dans sa nature de se plaindre.
▪ Suivi de de. Être de son siècle, de son temps. Être d’Alsace, d’Auvergne, du Midi. Être de garde, de service, de permanence. Être d’avis, du même avis, d’avis contraire. Il est de mon devoir de vous avertir. Expr. fam. Comme si de rien n’était, avec une indifférence apparente pour ce qui s’est passé, ce qui se fait ou se dit.
▪ Suivi de en. Être en vie. Être en voyage. Être en fonction. Être en activité. Être en larmes. Être en danger. Être en cause. Impers. Il est en votre pouvoir de l’aider.
▪ Suivi de entre. Au sens matériel. Être entre deux eaux. Au sens moral. Être entre de bonnes mains. Être entre la vie et la mort.
▪ Suivi de pour. N’être pour rien dans une affaire, n’y avoir pris aucune part. Avec un infinitif. Une promenade ne serait pas pour me déplaire, me plairait. Pour marquer l’approbation. Être pour une personne, pour une chose, lui être favorable. Il était pour cette mesure ou, elliptiquement et fam., il était pour. Avec un infinitif. Fam. Je suis pour simplifier, je propose de simplifier.
▪ Suivi de sans. Être sans nouvelles de quelqu’un. Être sans argent. N’être pas sans grandeur, sans mérite, sans danger. Être sans illusions. Avec un infinitif. Ils furent longtemps sans parler. Vous n’êtes pas sans savoir, vous savez certainement.
▪ Suivi de sous. Au sens matériel. Être sous un arbre, sous une tente. Au sens moral. Être sous le charme, sous l’influence de quelqu’un. Être sous l’empire d’une personne, d’un sentiment. Être sous l’emprise de la colère. Être sous la tutelle, sous la coupe, sous les ordres de quelqu’un. Spécialement. Être sous surveillance médicale, sous contrôle judiciaire.
▪ Suivi de sur. Au sens matériel. Être sur un pont. Au sens moral. Être sur ses gardes. Être sur la bonne voie. Être sur le point de sortir.
C.  Avec les pronoms adverbiaux en et y.
1.  Avec le pronom adverbial en. Pour marquer l’état, le point d’aboutissement d’une action, d’un processus. Il expliqua où il en était de ses travaux. J’en suis au début, à la fin. Il n’en est qu’au premier chapitre du manuel. Nous en étions au dessert quand il est arrivé. Nous en étions là de notre entretien quand nous fûmes interrompus. Où en sont les choses ? quelle est la situation actuelle ? Il n’en est pas à son premier forfait, à une erreur près. Avec un infinitif. En être à, être arrivé au point de, se voir réduit à. Nous en sommes encore à nous demander ce qu’il a voulu dire. Il en est à mendier pour vivre.
▪ Expr. En être là, se trouver dans une situation fâcheuse, sombrer dans la misère, la déchéance ; être poussé aux dernières extrémités. Si vous aviez suivi nos conseils, vous n’en seriez pas là. Voilà où nous en sommes à cause de lui !
▪ Fam. Ne plus savoir où on en est, être désemparé. Le malheureux ne sait plus où il en est. En être pour ses frais, pour sa peine, avoir perdu son argent, ses efforts. Pop. En être de sa poche, avoir eu à effectuer une dépense imprévue ou avoir enregistré une perte d’argent.
▪ Pour marquer l’appartenance. « Est-il du club ? – Oui, il en est. »
▪ Impers. Voilà ce qu’il en est, telle est la situation. Il en est ainsi. Il n’en est rien. Il en sera selon votre volonté, selon vos désirs.
2.  Avec le pronom adverbial y. Se trouver en un lieu. Nous y serons avant l’aube. J’y suis, j’y reste. Expr. Y être pour quelqu’un, être disposé à recevoir ou à écouter quelqu’un. Je n’y suis pour personne.
▪ Fig. Être, se tenir prêt. Y êtes-vous ? Nous allons nous mettre en route. Saisir, comprendre. J’y suis ! Vous n’y êtes pas du tout, vous êtes fort éloigné de la vérité. Ne plus y être, s’égarer, perdre le cours d’une explication ; déraisonner.
▪ Expr. Y être pour quelque chose, être responsable d’une action, avoir eu part à une entreprise. Il n’y est absolument pour rien.
▪ Fam. Ça y est, c’est terminé, réglé ; ce qu’on pouvait espérer ou craindre est arrivé. Tant que j’y suis, tant que nous y sommes, pendant que j’y suis, pendant que vous y êtes, etc., s’emploie pour renchérir, avec parfois une nuance d’ironie. Prenez donc ma place, pendant que vous y êtes ! Le cœur n’y est pas, n’y est plus, pour souligner le déplaisir ou le dépit avec lequel on agit.

IV.

IV. Emplois impersonnels de Être, suivi d’un nom, d’un adjectif, ou dans diverses locutions.
« Quelle heure est-il ? – Il est midi. » Il est temps, grand temps de. Il est temps de partir. Il est bien temps, le moment favorable est déjà passé. Il est bien temps de vous plaindre. Il est question de. Il est vrai, il est certain que. Il est nécessaire, difficile, possible de. Il est d’usage, de bon ton, de tradition de. Il n’est pas besoin de. Je viendrai s’il en est besoin ou si besoin est. Exclam. Est-il possible ! s’emploie pour exprimer la surprise, l’incrédulité.
▪ Loc. Il n’est que de, il suffit de. Il n’est que de la voir pour être séduit. Toujours est-il que, quoi qu’il en soit. Toujours est-il qu’il n’a pas tenu ses promesses.

V.

V. Avec le pronom démonstratif ce.
1.  Pour exprimer une relation, une appréciation, introduire une interrogation, une réponse, etc. Qui est-ce ? C’est moi, c’est lui, c’est vous, ce sont eux. Où est-ce ? C’est ici, c’est là. C’est, ce sera vingt francs. Ce fut une faute. Ce me fut une grande joie de vous accueillir ou que de vous accueillir. Le travail, c’est le travail ; la loi, c’est la loi, etc., expressions servant à souligner le caractère spécifique et irréductible de ce dont il est question.
Remarque
Dans toutes ces expressions ou emplois, le verbe Être doit s’accorder avec l’attribut. C’est un ennui. Ce sont des contrariétés.
▪ Loc. interrogative directe. Est-ce que ? Locution qui peut se substituer à l’inversion du sujet. Est-ce que vous viendrez ?
Remarque
Dans la langue relâchée, cette locution sert souvent à renforcer un pronom ou un adverbe interrogatif : Qu’est-ce que vous dites ? On évitera d’associer cette locution à l’adverbe, au pronom ou à l’adjectif interrogatif. On doit dire : Quand partez-vous ? et non : Quand est-ce que vous partez ?
▪ Loc. adverbiale interrogative. N’est-ce pas ? Locution employée dans le discours direct pour requérir l’adhésion ou l’attention de son interlocuteur. Vous viendrez, n’est-ce pas ? Je vous disais, n’est-ce pas, que le problème est complexe. Fam. N’est-ce pas, que… ? n’est-il pas vrai que… ? N’est-ce pas, qu’il a raison ?
2.  Emplois particuliers.
▪  C’est à, suivi d’un pronom personnel, pour indiquer à une personne que le moment est venu pour elle d’accomplir telle ou telle action. C’est à vous de parler. C’était à lui de faire le premier pas. C’est à vous de jouer ou, elliptiquement, c’est à vous ou à vous !
▪  C’est à qui, pour indiquer qu’il y a concurrence ou compétition entre plusieurs personnes. C’était à qui passerait le premier.
▪  C’est à, suivi d’un infinitif, pour présenter l’action exprimée par l’infinitif comme la conséquence directe d’un fait, d’une constatation. Fam. C’est à pleurer. C’était à mourir de rire. C’est à ne pas croire !
▪  C’est-à-dire, voir l’ordre alphabétique.
▪  C’est… qui, c’est… que, c’est… dont, peut servir à mettre en relief un élément quelconque de la phrase. C’est moi qui vous le dis. C’est votre frère que je veux voir. C’est l’homme dont je vous ai parlé.
▪  Ce que c’est que de, suivi d’un infinitif, pour indiquer le résultat fâcheux d’une action. Ce que c’est que de mentir : on ne vous croit plus. Voilà ce que c’est que de désobéir. Elliptiquement. Voilà ce que c’est !
▪  C’est que, pour indiquer la cause du fait précédemment exprimé. S’il a échoué, c’est qu’il a manqué d’énergie.
▪  Ce n’est pas que ou, fam., ce n’est pas pour cela que, il ne convient pas d’en déduire que. J’ai été sévère avec lui ; ce n’est pas que je lui en veuille ou ce n’est pas pour cela que je lui en veux.
▪  Si ce n’est, si ce n’était ou, elliptiquement et litt., n’était, n’étaient, n’eût été, n’eussent été, pour indiquer une exception. Il n’a pas de famille, si ce n’est une cousine éloignée. N’eût été votre absence, la soirée aurait été parfaitement réussie.
▪  Serait-ce, fût-ce, ne serait-ce que, ne fût-ce que, pour introduire un renchérissement, une précision. Elle était prête à le suivre, fût-ce en plein désert.

VI.

VI.  Être, parfois employé dans le sens d’aller.
1.  Class. Au passé simple. À peine arrivé en ville, il fut directement à son hôtel. À peine sortis de table, les convives s’en furent.
2.  Fam. Aux temps composés, avec un complément de lieu. Avez-vous été à Paris la semaine dernière ?
3.  Fam. Aux temps composés. En parlant d’un vêtement, d’une parure, etc. Aucune robe ne lui a jamais été si bien. Fig. Ce rôle lui aurait fort bien été, lui aurait parfaitement convenu.
4.  Fam. Se porter, se conduire. Il est mieux depuis son traitement.

VII.

VII.  Être, employé comme auxiliaire, sert à former :
A.  Tous les temps de la conjugaison passive. Elle est estimée de tous. Nous avons été surpris par l’orage.
B.  Les temps composés à la voix active :
1.  D’un petit nombre de verbes intransitifs (la plupart des verbes de mouvement, ainsi que Naître et Mourir). Il est venu à pied. Je suis passé prendre de ses nouvelles. Nous étions rentrés en hâte.
2.  De tous les verbes pronominaux. Je me suis trompé. Ils se sont rencontrés dans l’escalier. La robe qu’elle s’est commandée. Cette propriété s’est vendue pour une bouchée de pain. Impers. Il s’est tenu hier une assemblée houleuse.
Orthographe
◇ Peut s'écrire fussè-je (forme interrogative), selon les rectifications orthographiques de 1990.
[règle §3] Les accents et le tréma • accent grave.
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