étranger, -ère

ÉTRANGER, ÉTRANGÈRE

adjectif et nom
Étymologie : xive siècle. Dérivé d’étrange.

I.

I. Adjectif.
A.  Qui n’appartient pas au groupe, à la chose ou à la personne dont il s’agit.
1.  Qui est d’une autre nation ; relatif aux autres nations ; autre, en parlant d’une nation. Un ressortissant étranger. Nom étranger. Accent étranger. Langue, littérature étrangère. Voyager en pays étranger. Se trouver en terre étrangère, sur une terre étrangère, sous un ciel étranger. Nation étrangère, autre que celle à laquelle on appartient. Une puissance étrangère. Intervention, occupation étrangère. Capitaux étrangers. État étranger. Souverain étranger. Les gouvernements étrangers. Politique étrangère, qui concerne les relations qu’un pays entretient avec un ou plusieurs autres pays. Le ministre des Affaires étrangères, le ministre qui entretient les relations d’un État avec les gouvernements des autres pays. Spécialement. Marque de domaine : militaire. La Légion étrangère ou, elliptiquement, la Légion, troupe de volontaires créée en 1831, qui doit son nom au grand nombre d’étrangers qui s’y engagent au service de la France. Le 1er régiment étranger de cavalerie.
▪ Fig. Être étranger parmi les siens, dans sa famille, dans sa maison, être ou se sentir différent de son entourage. Être étranger dans son pays, ne point en connaître les usages, ignorer volontairement ou non ce qui s’y passe, se tenir ou être tenu à l’écart de la vie publique. N’être étranger nulle part, ne se trouver embarrassé nulle part, être bien accueilli partout. Avec une telle célébrité, on n’est étranger nulle part.
▪ Par extension. Qui ne fait pas partie d’une collectivité déterminée. Être étranger à une compagnie, à une famille, etc. Les personnes étrangères à l’association. Entrée interdite à toute personne étrangère au service.
2.  Qui n’est pas naturel ou propre à quelqu’un ou quelque chose, qui appartient ou semble appartenir à autrui. Une femme qui emprunte des manières étrangères. Cette blancheur de teint lui est étrangère. Briller d’un éclat étranger. Il se targue d’un mérite qui lui est étranger. Il paraissait obéir à une volonté étrangère. Sans être un faux, ce tableau trahit la collaboration d’une main étrangère.
▪ Marque de domaine : médecine. Corps étranger, qui se trouve accidentellement dans l’organisme, comme des morceaux de bois, de fer, de plomb, etc. Pour guérir cette blessure, il faut en retirer les corps étrangers.
B.  Qui n’est pas en relation, n’entretient pas de rapports, n’a pas de conformité avec la chose ou la personne dont il s’agit.
1.  Qui est sans attaches avec quelqu’un, ne lui inspire que de l’indifférence ou en éprouve à son égard. Devenir étranger à une personne, cesser d’avoir des liens d’affection ou d’amitié avec elle. Cet homme nous est étranger, rien ne nous attache à lui. Nous sommes devenus complètement étrangers l’un à l’autre.
▪ Par extension. Se sentir étranger à soi-même.
2.  Qui n’a pas de part à, se tient à l’écart de. Je suis tout à fait étranger à cette affaire, à cette intrigue. Il resta toujours étranger à ce qui se passait, aux mesures qui furent prises. Nous sommes restés tout à fait étrangers à la discussion.
3.  Qui n’a aucune notion, aucune connaissance, aucune pratique de. Être étranger à une science, à un art, à un sentiment, etc. Les personnes les plus étrangères à la peinture sentent les beautés de ce tableau. Cet homme est absolument étranger à la musique, à la science. Être étranger à toute humanité, n’avoir aucun sentiment d’humanité. Il est étranger à la haine, à la crainte.
4.  En parlant de choses. Avec quoi l’on n’a pas de relations ; qui ne touche pas, qui laisse indifférent ; qui n’est pas ou qui est mal connu de quelqu’un. Ces considérations me sont tout à fait étrangères. La musique, la chimie lui est entièrement étrangère. Aucun sujet ne lui est étranger. La pitié est un sentiment qui lui est parfaitement étranger. Ce visage, ces traits ne me sont pas étrangers, il me semble avoir déjà vu cette personne.
▪ Par extension. Qui est sans rapport avec. Un fait étranger à la cause. Une dissertation étrangère au sujet.

II.

II. Nom.
1.  Personne qui vient d’une autre nation. C’est un étranger. Accueillir les étrangers. Les étrangers sont bien reçus dans ce pays. Il a épousé une étrangère. Un jeune étranger. Une belle étrangère. Singulier à sens collectif. Chasser l’étranger de son territoire.
▪ Par extension. Personne qui n’appartient pas à un groupe donné. Dans ce village, on ne parle guère aux étrangers. Nous voulons rester entre nous, ne laissez entrer aucun étranger. Par analogie. Il se comporte en étranger parmi nous. Vous n’êtes pas un étranger pour moi. Marque de domaine : religion. L’étranger sur la terre, par allusion au Psaume 119, le croyant qui demande à Dieu de le guider dans sa vie terrestre, passage vers sa vraie patrie céleste.
 Titre célèbre : L’Étranger, roman d’Albert Camus (1942).
2.  N. m. Pays ou ensemble des pays autres que celui auquel on appartient. Vivre, travailler, s’établir à l’étranger. Faire passer des marchandises à l’étranger. Cet ouvrage a été imprimé à l’étranger. Un agent de l’étranger.
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