bel

BEAU,

BELLE

adjectif et nom
Étymologie : xie siècle, bel. Du latin bellus, « joli, gracieux, élégant » (en parlant surtout des femmes et des enfants).
■  Au masculin singulier, on emploie bel au lieu de beau devant un nom commençant par une voyelle ou un h muet, ainsi que dans quelques appellations et expressions figées comme Philippe le Bel, Villiers-le-Bel, Tout cela est bel et bon.

I.

I. Adjectif. Qui suscite, par l’impression d’harmonie, de perfection qu’il produit, un plaisir mêlé d’admiration.
A.  Qui plaît par la forme, l’allure, l’air, l’expression.
1.  En parlant des êtres humains. Une belle personne. Un beau corps. Un beau physique. Un beau port, une belle prestance. Un bel enfant. Il est bel homme, grand et bien fait. Elle est restée belle. Elle est belle de visage. Ma belle enfant, ma belle amie, ma belle, termes d’affection à l’adresse d’une jeune fille, d’une jeune femme. Par extension. Belle-fille, belle-sœur, etc. voir ces mots. Expr. proverbiale. Se plaindre que la mariée soit trop belle, faire le difficile devant ce qui devrait être un contentement. Prov. Il faut souffrir pour être belle. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.
▪ Souvent renforcé par une comparaison ou un infinitif de conséquence. Un enfant beau comme le jour, beau comme un ange. Elle est belle comme une déesse. Elle est belle à ravir, à damner tous les saints. Ce bébé est beau à croquer.
▪ Spécialement. Le beau sexe, les femmes. Une belle dame, dont la tenue est élégante et soignée. Se faire beau, se faire belle, faire sa toilette, mettre de beaux habits, se parer. Le bel air, les usages, les manières du grand monde. Le beau monde (parfois iron.), la société élégante, brillante, distinguée.
▪ Par extension. En parlant des animaux. Un beau cheval. Vous avez un beau chien. C’est une belle bête.
2.  En parlant des différentes parties du corps. Un beau visage. Une belle tête. De beaux traits. Elle a de beaux yeux, de belles jambes. C’est un homme de belle taille.
▪ Expr. fam. Faire quelque chose pour les beaux yeux de quelqu’un, simplement pour lui plaire sans rien attendre, ni recevoir en retour. Croyez-vous que j’ai fait cela pour vos beaux yeux ? Iron. Cela vous fait une belle jambe, vous voilà bien avancé.
3.  En parlant de l’esprit, des aptitudes intellectuelles. Remarquable, d’une rare qualité. Un beau talent, une belle intelligence. Un bel esprit, une personne dont l’esprit est orné de connaissances agréables. Iron. Faire le bel esprit, avoir des prétentions à l’esprit. Expr. proverbiale. Les beaux esprits se rencontrent, se dit plaisamment quand deux personnes expriment au même moment la même idée. Spécialement. Habile ou remarquable en son genre. Un beau parleur, un brillant causeur et, péj., un phraseur. Par métonymie. Une belle plume, un bon écrivain.
4.  En parlant des qualités morales. Excellent, digne d’admiration. Un beau caractère. Un beau naturel. C’est une belle âme, exempte de vice et de bassesse. Ces beaux sentiments vous font honneur. Un beau dévouement. Par métonymie. Un bel acte de désintéressement. Un beau sacrifice. Une belle mort, glorieuse ou édifiante. Un beau geste. Il a de beaux états de service. Défendre une belle cause.
▪ Par extension. Il s’est montré beau joueur.
▪ Par affaiblissement. Bienséant, honnête, convenable. Ce que vous avez fait là n’est pas très beau. Il n’est pas beau de mentir ainsi.
5.  En parlant des choses, des spectacles de la nature ou des créations de l’homme. Que l’on a plaisir à regarder, à contempler ; qui procure une émotion esthétique. Paris est une belle ville. Elle aime s’entourer de beaux meubles, de beaux tableaux. Un beau paysage. Un beau coucher de soleil. Une belle nuit étoilée et, expr. fig., coucher à la belle étoile, en plein air.
▪ Se dit des productions de l’esprit. C’est un beau roman, une belle histoire. Une belle page. Un beau poème. De la belle musique. Une belle démonstration. Une belle maxime. Les beaux-arts, les belles-lettres, voir ces mots.
6.  En parlant du temps, des phénomènes atmosphériques. Agréable, favorable, qui procure une sensation de bien-être. De belles éclaircies. Il fait un beau soleil. Nous avons eu beau temps. Expr. fig. Parler de la pluie et du beau temps, de sujets variés et sans intérêt. Faire la pluie et le beau temps, avoir une influence déterminante, mener son monde au gré de ses désirs.
▪  Prov. Après la pluie, le beau temps, après les ennuis, viennent des moments plus heureux.
▪ Par extension. Les beaux jours, la belle saison, la période agréable de l’année. Remettez votre voyage aux beaux jours.
B.  Qui plaît à tous les égards.
1.  Heureux, favorable. Un beau voyage. De belles aventures. Faire de beaux rêves. Il a un bel avenir devant lui. Jouir d’une belle santé. Manquer une belle occasion. Obtenir de beaux résultats. Voir le beau côté des choses.
2.  Glorieux, honorable, flatteur. Une belle victoire. Une des plus belles pages de l’histoire. Une belle origine. Porter un beau nom.
▪ Expr. C’est trop beau pour être vrai, exprime le doute ou la méfiance en présence d’un évènement heureux. Faire la partie belle à quelqu’un, lui faciliter les choses.
▪  Prov. Tout nouveau, tout beau, la nouveauté est appréciée, puis vite délaissée.
3.  En parlant d’un moment, d’une époque. C’est le plus beau jour de ma vie. Les beaux jours de la jeunesse. Le plus bel âge de la vie. Vivre ses plus belles années. C’était la belle vie ! Mener la belle vie, une vie de plaisir. Une belle mort, sans souffrance. Il est mort de sa belle mort. La Belle Époque, époque considérée comme agréable et légère à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle. Par affaiblissement et avec une valeur neutre. En parlant d’un moment, d’une durée, non précisés dans le temps. Un beau jour, un beau matin, un jour où rien ne laissait prévoir un certain évènement. Un beau jour, il est parti, un beau matin on le vit revenir.
C.  Remarquable par la taille, le poids, la quantité, la qualité, la valeur, etc.
1.  Un beau lièvre. Ce pêcheur a fait une belle prise. Une belle récolte. Cela fait une belle somme. Cette entreprise fait de beaux bénéfices. Il vient de faire un bel héritage. Un beau parti. Il a une belle situation. Manger d’un bel appétit. Réussir un beau coup, une belle balle. Avoir un beau coup de fourchette, un beau coup de crayon. Quatre-vingts ans, c’est un bel âge ! Il y a beau temps ou, fam., belle lurette, cela fait bien longtemps. Dévorer à belles dents, avec un appétit vorace et, fig., la critique a déchiré ce roman à belles dents. Expr. fam. Pour une surprise, ce fut une belle surprise. Il a eu une belle peur.
▪ Loc. Au beau milieu, tout au milieu, dans le sens local et temporel. S’arrêter au beau milieu du chemin. Il s’interrompit au beau milieu de sa phrase. Elle sortit au beau milieu de la séance.
▪ Spécialement. Marque de domaine : jeux de cartes. Avoir beau jeu, avoir des cartes maîtresses et, fig. et iron., n’avoir aucune difficulté à. Vous avez beau jeu de me critiquer. – Marque de domaine : jeu de paume. L’échapper belle, manquer une balle pourtant facile à renvoyer et, fig., échapper de justesse à un danger, à un accident. Le mur s’est effondré juste après notre passage, nous l’avons échappé belle. La bailler belle, donner une balle facile à son adversaire et, fig., chercher à en faire accroire à quelqu’un. Vous me la baillez belle, avec vos protestations d’innocence.
2.  Par antiphrase et souvent ironique. Il a reçu une belle correction. Ce fut un beau tapage ! Ce n’est pas un simple rhume, c’est une belle grippe. Son bureau est dans un beau désordre ! Il s’est mis dans de beaux draps ! De beaux semblants, de belles promesses, de beaux discours, de belles paroles, des apparences, des promesses, des paroles propres à séduire, mais auxquelles on ne doit pas se fier. C’est un beau gredin, un bel escroc, une belle canaille. Se démener comme un beau diable. Tancer quelqu’un de belle manière, sans aucun ménagement. Tout cela est bel et bon, je veux bien le croire, mais… La belle affaire ! c’est sans importance. Elliptiquement et fam. En faire de belles, commettre de grosses sottises. Il vous en fera voir de belles, il vous donnera bien du souci. En conter, en dire de belles, raconter des choses incongrues. En dire de belles sur quelqu’un, dire de lui pis que pendre, dire des énormités à son sujet.

II.

II. Emplois adverbiaux. D’une manière qui convient.
1.  Au masculin. Marque de domaine : équitation. Ce cheval porte beau, il porte la tête haute. Fig. Ce vieux monsieur porte toujours beau, il a conservé un maintien élégant. – Marque de domaine : chasse. Tout beau ! ordre donné aux chiens de prendre l’arrêt devant le gibier. Fig. Formule qui invite quelqu’un à modérer ses réactions, à se calmer. Tout beau, n’allez pas si vite ! Tout beau, ne vous emportez pas de la sorte !
▪ Loc. En beau, sous une apparence favorable. Il voit tout en beau. Bel et bien, tout à fait, réellement, parfois avec une nuance de surprise. C’était bel et bien lui. L’argent avait bel et bien disparu.
2.  Au féminin. Loc. De plus belle, de nouveau et même davantage. Il s’est remis à boire de plus belle. Elles sanglotaient de plus belle.
3.  Dans des locutions verbales. Il fait beau, le temps est agréable. Litt. Il fait beau suivi d’un infinitif, il est agréable de. Il fait beau se promener dans ce bois. Iron. et vieilli. Il ferait beau voir, il serait bien étrange, incroyable, scandaleux. Il ferait beau voir qu’il m’attaque sur ce point.
▪  Avoir beau suivi d’un infinitif. Avec une valeur concessive, marquant l’inutilité d’une action, d’un conseil. Cet enfant a beau travailler, il ne réussit pas. Elle a beau lui expliquer, il ne comprend rien. Nous eûmes beau faire et beau dire, il persista dans son erreur. Vieilli. Avoir toute facilité pour.
▪  Prov. A beau mentir qui vient de loin, le mensonge est facile à celui qui vient de loin.

III.

III. Nom.
A.  Nom masculin.
1.  Marque de domaine : philosophie. Le Beau. Ce qui élève l’âme, en lui faisant éprouver un sentiment de plaisir mêlé d’admiration. L’idée du Beau. La notion du Beau. Le culte, la recherche du Beau. Les Grecs unissaient dans la même notion le Beau et le Bien.
2.  Objet, marchandise de qualité. Ce magasin ne vend que du beau. Iron. C’est du beau ! c’est fâcheux, c’est déplorable !
3.  Marque de domaine : météorologie. Beau temps. Le temps se remet au beau. Le baromètre est au beau fixe.
4.  Loc. Le beau de (vieilli), ce qu’il y a de plaisant, de curieux dans. Le beau de l’aventure. Le plus beau, le plus étonnant, le plus cocasse. Savez-vous le plus beau de l’histoire, le plus beau de l’affaire ? Au plus beau de sa péroraison, à l’endroit le plus remarquable.
5.  Fam. et péj. Un vieux beau, un homme âgé qui n’a pas renoncé à séduire. Expr. Faire le beau, se pavaner, se donner un aspect avantageux. Spécialement. En parlant d’un chien, se tenir dressé en étant assis sur les pattes de derrière. Ce chien fait le beau pour avoir un sucre.
B.  Nom féminin.
1.  Femme au physique agréable. Courtiser les belles. Aller de belle en belle. La belle des belles, la plus éblouissante. Ma belle, terme d’affection. Fam. Être aux pieds de sa belle, de la femme qu’on aime.
 Titres célèbres : La Belle au bois dormant, conte de Charles Perrault (1697) ; La Belle et la Bête, film de Jean Cocteau (1945).
2.  Marque de domaine : jeux. Partie finale départageant deux joueurs ou deux équipes qui sont à égalité. Jouons la belle. Vous avez gagné la belle. Par extension. Pop. Faire la belle, réussir la belle, s’évader.
3.  Marque de domaine : botanique. Belle-de-jour, Belle-de-nuit, Belle-d’onze-heures, voir ces mots.
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