2. Avec un complément indéterminé, c’est-à-dire qui n’indique la personne ou la chose que d’une manière vague et générale :
Ménage p. 343de garçon. Bien de famille. La qualité d’ambassadeur. La profession d’avocat. Caprice d’enfant. Nom d’homme. Nid d’aigle. Poisson de rivière. Eau de fontaine. Voix de femme. Tableau de genre. Pièce de canon, d’artillerie. Excès de chaleur. Couleur d’or.
À cet emploi se rapportent plusieurs locutions particulières, telles que : Au lieu de. En vertu de. À titre, en qualité de. À l’égard de. À propos de. À cause de. En conséquence, par suite de. En présence de. À côté de. Au travers de, etc.
Nous allons présenter séparément chacun des rapports divers qui ont plus ou moins d’analogie avec celui d’Appartenance, de dépendance.
1° Rapport d’une chose à celui qui l’a faite, produite, etc. Les tragédies de Corneille. Les tableaux de Raphaël.
2° Rapport d’une personne ou d’une chose au lieu d’origine ; d’une chose au lieu où elle a été faite, où elle s’est passée, etc. Denys d’Halicarnasse. Le vent du nord, du sud. Du vin de Champagne. Un foulard des Indes. Le concile de Trente. La bataille d’Austerlitz.
3° Rapport au temps, à l’époque. Les institutions du moyen âge. Du vin de telle année. Les murs du temps. Les hommes d’à présent, d’aujourd’hui.
4° Rapport à la cause (presque toujours avec complément indéterminé) Pluie d’orage. Acte de dévouement. Trait de courage. Mouvement d’impatience. Cri de douleur. Accès de fièvre. Larmes de plaisir. Tour de faveur.
5° Rapport à l’instrument (surtout avec complément indéterminé). Coup de bâton. Coup de fusil. Trait de plume. Signe de tête. Serrement de main.
6° Rapport d’une personne à une autre, établi par les liens du sang, par quelque alliance, par les sentiments, le devoir, les conventions, etc. Le père d’Alexandre. Le fils de mon ami. L’oncle, le cousin de ma femme. La femme, la veuve d’un tel. Les héritiers du défunt. Les disciples de Socrate. Les amis, les ennemis d’une personne. L’aide de camp d’un général.
7° Rapport d’une chose à ce qu’elle concerne, à son objet, à sa fin, à son but. Le Ministère de la Justice. L’Administration des Postes. Une société d’assurance. Le commerce des grains. La jouissance d’un bien. Le droit de chasse. La composition d’un ouvrage. La nouvelle d’un événement. La défense d’un accusé, d’une doctrine. Vu de chasteté. Traité de paix. Acte de vente. Certificat d’origine. Le souvenir d’un événement. Inspirer à quelqu’un l’horreur du vice, la haine des méchants, le mépris des richesses, l’amour du vrai, du juste, etc. On doit rapporter à cet emploi les locutions telles que Le ministre de la Justice, le directeur des Postes, les assureurs d’un navire, le possesseur d’une chose, l’auteur d’un livre, d’un tableau, des rivaux de gloire, et leurs analogues.
8° Rapport particulier au sujet traité, à la chose expliquée, enseignée, etc. Le titre des successions. Dictionnaire des rimes. Cours d’histoire, de droit. Leçons de dessin, de danse, etc. On dit en des sens analogues Professeur d’histoire. Maître de danse, etc.
9° Rapport à la destination habituelle ou momentanée (surtout avec complément indéterminé). Salle de spectacle. Place d’armes. Cour de justice. Port de mer. Habit de cérémonie. Vêtement d’homme, de femme. Chien de chasse, d’arrêt. Pierre de touche. Valet de pied. Les hommes de garde, de service, de corvée, etc. On dit dans un sens analogue Être de garde, de service, etc.
10° Rapport à la profession (presque toujours avec complément indéterminé). Un homme de cabinet, de lettres. Un homme de guerre, d’épée. Un homme de peine. Une femme de ménage.
11° Rapport à la condition (presque toujours avec complément indéterminé). Un homme de qualité, de condition. Un fils de famille. Un homme de basse extraction. Un homme de peu, de rien.
12° Rapport d’une personne ou d’une chose à ce qui la modifie et la distingue, à sa qualité, à sa nature, etc. Un homme de haute taille. Une personne de mauvaise mine. Un homme de génie, de courage, de bonne volonté. Un enfant d’un bon naturel. Une rivière de peu de largeur. Une chose de même grandeur, de la même grandeur qu’une autre. Affaire d’importance. Marchandises de bonne, de mauvaise qualité. Remède d’un effet sûr. Étoffe de durée. Robe de couleur. Fruit de forme ronde. Poudre de senteur.
13° Rapport particulier d’une personne ou d’une chose à ce qui constitue sa dimension, sa valeur, sa durée, sa force, etc. Un homme d’un mètre quatre-vingt-cinq. Une pièce de vingt francs. Une dot de cent mille francs. Une armée de cent mille hommes. Une maison de cinq étages. Un vers de dix syllabes. Un enfant de six mois. Un froid de dix degrés.
14° Rapport du contenant au contenu. Une bouteille de vin. Une tasse de café. Un panier de fraises.
15° Rapport de la partie au tout, à l’ensemble. – Avec complément déterminé : La main d’une personne. Le derrière de la tête. Le bout du doigt. La lame d’une épée. Le pied d’une montagne. Les colonnes d’un temple. Le commencement, la fin, le milieu, l’extrémité de quelque chose. – Avec complément indéterminé : Une lame d’épée. Une main de femme. Une branche d’arbre, etc.
16° Rapport d’une chose à ce dont elle est formée (toujours avec complément indéterminé). Une goutte d’eau. Une prise de tabac. Un morceau de pain. Une pièce de terre. Une somme d’argent. Un escadron de hussards. Un couple de pigeons. Une classe d’animaux. Un recueil de poésies. Les expressions de quantité forment avec la préposition De un grand nombre de locutions, qui toutes se rapportent à cet emploi. Beaucoup d’argent. Trop de richesses. Assez de pouvoir. Peu de bien. Plus de monde. Moins de ressources. Combien de soldats.
17° Rapport particulier d’une chose à la matière dont elle est faite. Une porte de bois. Un pont de pierre. Une barre de fer. Une tabatière d’or. Une table de marbre. Un habit de drap. Un lit de plume. Un collier de perles. C’est un homme de chair et d’os comme vous et moi. On dit figurément Un cur de roche. Un bras de fer.
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De s’emploie, dans certaines locutions consacrées, pour exprimer l’Excellence d’une chose sur toutes les autres choses de même nature ; en termes d’Histoire Sacrée,
Le Saint des saints, Le lieu le plus saint du temple.
Le Cantique des cantiques, Le cantique par excellence.
Vanité des vanités, La plus grande des vanités. Dans le style élevé,
L’Être des êtres, L’Être suprême, etc. On dit, dans un sens analogue,
Le fin du fin.
Il sert quelquefois à déterminer les noms qui désignent une Personne considérée par rapport à une certaine qualité. Possesseur de fait. Héritier de droit. Il n’était roi que de nom. Anglais d’origine. Français de cur. Il est chirurgien de profession, de sa profession. On dit à peu près de même Possession, gouvernement, puissance de fait.
Il se met encore, dans le discours familier, après un nom, ou après un adjectif qui peut être employé comme nom, pour joindre ces mots avec le nom de la personne ou de la chose qu’ils qualifient. Ce diable d’homme. Quel chien de métier ! Un fripon d’enfant. Un drôle de corps. Une drôle d’affaire.