couleur

8e édition

COULEUR.

n. f.
■  Impression que fait sur l’œil la lumière réfléchie par la surface des corps et qui nous les rend diversement sensibles. Couleur naturelle. Couleur artificielle. Couleur claire. Couleur sombre, brune, obscure. Couleur éclatante. Couleur voyante. Couleur gaie. Couleur vive. Couleur triste, morne. Couleur chargée. Couleur fanée, passée, effacée, ternie. Couleur tirant sur le brun, sur le bleu. Couleur changeante. Couleur tranchante. Couleur noire, grise, rouge. Couleur vert-pomme, vert Nil. Couleur chair. Ce marbre est d’une belle couleur. Variété, mélange de couleurs. Les diverses nuances d’une même couleur. Assortir les couleurs. Couleur à la mode. Les couleurs primitives. Les couleurs simples. Les couleurs composées.
Après un nom, le mot Couleur, déterminé par un autre nom, s’emploie comme une sorte d’adjectif. Un ruban couleur de feu. Des souliers couleur de rose. Un maillot couleur de chair ou couleur chair.
Fig., Juger, parler d’une chose comme un aveugle des couleurs. Voyez Aveugle.
Fig. et fam., Voir tout couleur de rose, Voir tout en beau. On dit dans le même sens Tout lui paraît couleur de rose. Il n’a que des pensées couleur de rose.
Fig. et fam., En faire voir à quelqu’un de toutes les couleurs, Abreuver quelqu’un de mauvais procédés, de tromperies, d’humiliations.
On ne connaît pas la couleur de son argent, Il ne paie pas ses dettes. On dit dans un sens analogue Je ne connais pas la couleur de ses paroles, Je ne l’ai jamais entendu rien dire.
Les hommes de couleur, Les mulâtres, les hommes provenant du mélange de la race blanche et de la race noire.
En termes de Physique, Couleurs complémentaires. Voyez Complémentaire.
Les couleurs du drapeau, Les couleurs adoptées par chaque nation comme marque distinctive et reproduites sur le drapeau. On dit de même Les couleurs nationales. Spécialement, Les couleurs françaises.
Dans la Marine, Les couleurs, Les pavillons. Hisser les couleurs.
En termes de Blason, il se dit des Cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable et pourpre. Couleur sur métal. Métal sur couleur.
Il se dit encore, en parlant d’Étoffes et d’habits, pour désigner Toute autre couleur que le noir, le gris, le blanc, etc. Le deuil de cette femme est trop récent pour qu’elle reprenne les robes de couleur.
Renoncer à la couleur, Ne plus porter que le noir ou d’autres couleurs peu éclatantes.
En langage de Courses, Porter les couleurs d’une écurie.
Porter les couleurs d’une dame, Porter dans son ajustement des couleurs semblables à celles que cette dame affectionne le plus ; et, figurément, Se mettre au rang de ses adorateurs.
Couleurs symboliques, couleurs théologales, Couleurs adoptées par l’Église pour les ornements liturgiques.
Il se prend aussi particulièrement pour le Teint, la couleur du visage. Couleur vermeille. Couleur pâle, blême. Couleur plombée, livide, olivâtre, brune. Il est haut en couleur. Il se porte bien, la couleur lui est revenue. Il a repris ses couleurs. Cette personne a de belles couleurs. Elle n’a pas de couleurs.
Il se dit également des Altérations subites qu’éprouve la couleur du visage par l’effet de quelque douleur ou de quelque émotion violente. Il entendit son arrêt sans changer de couleur. À cette nouvelle, il devint de toutes les couleurs. Elle tomba entre leurs bras, inanimée et sans couleur.
Pâles couleurs. Voyez Chlorose.
Il se dit aussi pour marquer l’Aspect que les viandes, le pain, les pâtisseries doivent prendre quand ces choses sont cuites comme il faut. Ce pain n’a pas de couleur. Cette croûte n’a pas assez de couleur. Ce rôti a bonne couleur.
Fig., L’affaire prend couleur, se dit d’une Affaire dont on commence à espérer un bon résultat. On dit aussi Cette affaire commence à prendre une bonne, une mauvaise couleur. On dit mieux Prendre figure, prendre une bonne, une mauvaise tournure.
En termes de jeu de Cartes, il se dit de Chacune des quatre marques appelées pique, trèfle, cœur et carreau. De quelle couleur tourne-t-il ? J’ai des quatre couleurs dans mon jeu. Je n’ai point de cette couleur.
Il se dit encore des Substances dont on se sert pour donner aux objets une couleur artificielle. Broyer les couleurs. Mêler les couleurs. Préparer les couleurs. Mettre un plancher, un parquet, etc., en couleur. Cette étoffe prend bien la couleur. Teindre en couleur de.... Cela est trop monté en couleur. L’air mange les couleurs.
Il se dit particulièrement des Teintes employées dans un tableau ou dans quelque autre ouvrage du même genre. Appliquer, coucher les couleurs. Bien manier, bien employer les couleurs. Adoucir les couleurs. Amortir les couleurs. Ranimer les couleurs. Rehausser, relever les couleurs, l’éclat des couleurs.
Peindre à pleine couleur, Peindre avec un pinceau très chargé de couleur.
Couleurs amies, Couleurs qui s’accordent bien ensemble, dont l’union produit un agréable effet.
Couleur locale. Voyez Local.
Il se prend aussi pour Coloris, en parlant d’un Tableau. Ce tableau est d’une composition défectueuse, mais il séduit le regard par la couleur.
En termes de Gravure, Cette estampe, cette gravure est d’une belle couleur, On y a l’impression des couleurs du tableau d’après lequel elle a été faite, bien que l’artiste n’y ait employé que le noir et ses diverses teintes.
Il se dit figurément du Style, des expressions considérées comme étant, pour celui qui écrit ou qui parle, ce que les couleurs sont pour le peintre. Il peignit des plus vives couleurs la détresse dans laquelle ils étaient plongés. On leur avait peint notre situation sous les plus fausses couleurs.
Il se dit particulièrement du Style, lorsqu’on désigne la Qualité qui le distingue. Style sans couleur. Ce récit a de la couleur.
Il se dit aussi figurément de l’Apparence que prennent les choses selon les circonstances. Pour un esprit chagrin tout revêt de sombres couleurs. Le récit prend, vers la fin, une couleur plus tragique. L’acteur chargé de ce rôle a su lui donner une couleur nouvelle.
Il se dit particulièrement du Caractère propre à telle ou telle opinion. Ses opinions ont bien changé de couleur depuis que je ne l’ai vu. La couleur de ce journal est encore indécise. Prendre couleur.
Il se dit souvent, dans un sens plus restreint, d’une Raison apparente dont on se sert pour couvrir et pallier quelque mensonge ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu’on désire. Revêtir un mensonge de belles couleurs. Il sait donner une couleur plausible, une couleur spécieuse à ce qu’il dit, à ce qu’il fait de plus mal. On dit dans le même sens Donner des couleurs, Alléguer des prétextes, invoquer de mauvaises raisons.
Sous couleur de, loc. prép. Avec l’apparence de. Il l’a trompé sous couleur d’amitié. Il s’est rendu maître de l’affaire sous couleur de le servir.
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