couleur

5e édition

COULEUR.

sub. f.
■  Impression que fait sur l’œil la lumière réfléchie par la surface des corps. Les couleurs simples. Les couleurs composées. Couleur naturelle. Couleur artificielle. Couleur claire. Couleur sombre, brune, obscure. Couleur éclatante. Couleur voyante. Couleur haute. Couleur gaie. Couleur vive. Couleur triste, morne. Couleur modeste, fantasque. Couleur forte. Couleur enfoncée, chargée. Couleur foible. Couleur fausse. Couleur légère. Couleur rude. Couleur douce. Couleur passée, effacée, ternie. Couleur tirant sur le brun, sur le bleu, etc. Couleur mêlée. Couleur changeante. Couleur fuyante. Couleur tranchante. Couleur à la mode. Ce vin a la couleur malade. Couleur noire, blanche, grise, rouge, verte, violette, jaune, incarnate, isabelle. Couleur de feu, d’amarante. Couleur amarante. Couleur de rose. Couleur de rose sèche, de chair, aurore, de citron, de gris-de-lin. Couleur de musc. Couleur d’olive, de feuille morte, de ramoneur, de ventre de biche, etc. Cette étoffe est de telle couleur. Diversifier les couleurs. Variété de couleurs. Mêler les couleurs. Mélange de couleurs. Nuance de couleurs. Assortir les couleurs. Il y a proportion entre les couleurs. Cette étoffe n’a pas bien pris la couleur. Teindre en couleur de… Mettre en couleur. Donner la couleur. Cette étoffe a perdu sa couleur. On ne porte plus de cette couleur, de ces couleurs.
On dit aussi au masculin, Le couleur de feu, le couleur, de rose, de chair, de citron, pour dire, Ce qui a la couleur du feu, de la rose, etc. Et après un substantif, il s’emploie comme adjectif. Un ruban couleur de feu, d’un très-beau couleur de feu.
On dit proverbialem. d’Un homme qui se mêle de juger d’une chose qu’il ne sait point, dont il n’a aucune connoissance, qu’Il en juge, qu’il en parle comme un aveugle des couleurs.
Couleur, se prend quelquefois en parlant d’Étoffes et d’habits, pour toute autre couleur que le noir, le gris, le blanc, etc. Il ne s’habille guère de couleur. Il ne porte plus le noir, il a pris un habit de couleur. Elle est en habit de couleur. Elle a renoncé à la couleur, c’est-à-dire, Elle ne porte plus que le noir ou d’autres couleurs modestes.
Couleur. Drogue dont on se sert pour la Peinture et pour la Teinture. Broyer les couleurs. Mêler les couleurs. Préparer, appliquer, coucher, asseoir, poser les couleurs. Avant que de dorer ce lambris, il le faut mettre en couleur. Mettre la première couleur. Bien manier, bien employer les couleurs. Adoucir les couleurs. Amortir les couleurs. Ranimer les couleurs. Rehausser, relever les couleurs. Les couleurs s’affoiblissent, se ternissent, se passent. L’air mange les couleurs. Mettre un plancher, du parquet, etc. en couleur. Ce Peintre entend bien le mélange, la fonte des couleurs.
Couleurs, au pluriel, se prend quelquefois pour La livrée dont on habille les Pages, Cochers, Laquais, etc. Il a des couleurs magnifiques, des couleurs bizarres, fantasques, bien particulières. Couleur du Roi. Ce Page, ce Laquais n’avoit pas encore les couleurs. Il vieillit. On emploie plus ordinairement le mot Livrée.
On appelle en Peinture Couleurs amies, Celles qui ne se font point paroître réciproquement dures.
Couleur, en termes de Blason, se dit Des cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable et pourpre. Couleur sur métal. Métal sur couleur.
Couleur, se prend aussi particulièrement pour Le teint. Bonne couleur, mauvaise couleur. Couleur vermeille. Couleur pâle, blême, morte. Couleur plombée, livide, olivâtre, brune. Il se porte bien, la couleur lui est revenue. Il a repris sa couleur. Belles couleurs. Cette personne a de belles couleurs.
Couleur, se prend aussi pour La rougeur qui survient au visage pour quelque cause naturelle ou accidentelle. Il est haut en couleur. La couleur lui monta au visage.
On appelle Pâles couleurs, Une maladie des jeunes filles, qui leur rend le teint pâle et jaune.
Couleur, se dit aussi en parlant Des viandes qu’on rôtit, et du pain et des pâtisseries qu’on met au four, pour marquer la couleur que ces choses doivent avoir quand elles sont cuites comme il faut. Faites du feu clair, afin que ces viandes prennent couleur, afin de leur donner couleur. Ce pain n’a point de couleur. Cette tourte, cette croûte n’a pas assez de couleur. Ce rôti a bien pris couleur.
On appelle Couleur, aux jeux des cartes, Le pique, le trèfle, le cœur et le carreau. De quelle couleur tourne-t-il ? De quelle couleur est la triomphe ? J’ai des quatre couleurs dans mon jeu. Je n’ai point de cette couleur. Il renonce à la couleur.
Au jeu du Lansquenet, on dit, Prendre couleur, pour dire, Entrer au jeu et couper. Prenez couleur. Il a pris couleur.
On dit figurément, Prendre couleur, pour dire, Se décider, se déclarer. Cette affaire commence à prendre une bonne, une mauvaise couleur.
On dit figurément et familièrement, Reprendre couleur, pour dire, Rentrer en faveur, rétablir sa fortune.
On dit aussi d’Un homme qui, après une longue retraite, reparoît dans le monde, revient à la Cour, qu’Il a repris couleur.
Couleur, signifie figurément Prétexte, apparence. Il l’a trompé sous couleur d’amitié. Il s’est rendu maître de l’affaire sous couleur de le servir. A cela il n’y a ni couleur ni apparence de vérité.
Il se prend quelquefois plus étroitement pour Une raison apparente dont p. 328on se sert pour couvrir et pallier quelque mensonge ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu’on désire. Cela le choquera d’abord, si vous n’y donnez quelque couleur. Voilà une couleur bien spécieuse. Couleur plausible. Une fort mauvaise couleur. Revêtir un mensonge de belles couleurs. Il sait bien donner une couleur spécieuse à ce qu’il dit, à ce qu’il fait de plus mal. Nos passions changent la couleur des objets.
On se sert du mot Couleur, en parlant De style, pour désigner le caractère des ornemens, leur choix, et leur effet. Un style sans couleur. Son style a une couleur brillante, magique, austère, antique.
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