couleur

6e édition

COULEUR.

s. f.
■  Impression que fait sur l’œil la lumière réfléchie par la surface des corps. Les couleurs primitives. Les couleurs simples. Les couleurs composées. Couleur naturelle. Couleur artificielle. Couleur claire. Couleur sombre, brune, obscure. Couleur éclatante. Couleur voyante. Couleur haute. Couleur gaie. Couleur vive. Couleur triste, morne. Couleur modeste. Couleur forte, chargée. Couleur faible. Couleur fausse. Couleur légère. Couleur rude. Couleur douce. Couleur fanée, passée, effacée, ternie. Couleur tirant sur le brun, sur le bleu, etc. Couleur mêlée. Couleur changeante. Couleur tranchante. Ce vin a la couleur malade. Couleur noire, blanche, grise, rouge, verte, violette, jaune, incarnate, isabelle. Couleur de feu, d’amarante. Couleur de rose. Couleur de rose sèche, de chair, de citron, de gris de lin. Couleur de musc. Couleur d’olive, de feuille-morte, de ramoneur, de ventre de biche, etc. Couleur aurore. Couleur amarante. Couleur vert-pomme, gris de lin, etc. Cette étoffe est de telle couleur. La couleur d’un fruit. Ce marbre est d’une belle couleur. Diversifier les couleurs. Variété de couleurs. Mêler les couleurs. Mélange de couleurs. Les diverses nuances d’une même couleur. Assortir les couleurs. On ne porte plus de cette couleur, de ces couleurs. Couleur à la mode.
Il est masculin dans ces locutions elliptiques, Le couleur de feu, le couleur de rose, de chair, de citron, etc., Ce qui a la couleur du feu, de la rose, etc. Ce ruban est d’un beau couleur de feu. Après un substantif, ces locutions s’emploient comme une sorte d’adjectif. Un ruban couleur de feu. Des souliers couleur de rose.
Prov., Juger, parler d’une chose comme un aveugle des couleurs, Juger, parler d’une chose dont on n’a aucune connaissance.
Fig. et fam., Voir tout couleur de rose, Voir tout en beau. On dit dans le même sens : Tout lui paraît couleur de rose. Il n’a que des pensées couleur de rose.
Les hommes de couleur, Les mulâtres, les hommes provenant du mélange de la race blanche et de la race noire.
Couleur, en termes de Blason, se dit Des cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable et pourpre. Couleur sur métal. Métal sur couleur.
Couleur, se dit quelquefois en parlant D’étoffes et d’habits, pour désigner Toute autre couleur que le noir, le gris, le blanc, etc. Il ne porte plus le noir, il a pris un habit de couleur. Elle avait une robe de couleur.
Renoncer à la couleur, Ne plus porter que le noir ou d’autres couleurs peu éclatantes.
Couleurs, au pluriel, se prend quelquefois pour La livrée dont on habille les pages, cochers, laquais, etc. Il a des couleurs magnifiques, des couleurs bizarres, fantasques, toutes particulières. Couleur du roi. Ce page, ce laquais n’avait pas encore les couleurs. Il est vieux : on dit aujourd’hui, Livrée.
Porter les couleurs d’une dame, Porter dans son ajustement des couleurs semblables à celle que cette dame affectionne le plus ; et, figurément, Se mettre au rang de ses adorateurs. On a dit, dans une acception analogue au premier sens, Porter une écharpe aux couleurs de sa dame, etc.
Couleur, se prend aussi particulièrement pour Le teint, la couleur du visage. Bonne couleur, mauvaise couleur. Couleur vermeille. Couleur pâle, blême, morte. Couleur plombée, livide, olivâtre, brune. Il est haut en couleur. Il se porte bien, la couleur lui est revenue. Il a repris ses couleurs. Cette personne a de belles couleurs.
Fig. et fam., Reprendre couleur, Rentrer en faveur, rétablir sa fortune. Il se dit aussi quelquefois D’une personne qui, après une longue retraite, reparaît dans le monde, à la cour, etc.
Couleur, se dit également Des altérations subites qu’éprouve la couleur du visage par l’effet de quelque douleur ou de quelque émotion violente. Il entendit son arrêt sans changer de couleur. À cette nouvelle, il devint de toutes les couleurs. Elle tomba entre leurs bras, inanimée et sans couleur.
Il se dit quelquefois de La rougeur qui survient au visage par quelque cause naturelle p. 426ou accidentelle. La couleur lui monta au visage.
Pâles couleurs, ou Chlorose, Maladie qui se montre surtout chez les jeunes filles, et qu’on nomme ainsi parce qu’elle leur rend le teint pâle.
Couleur, se dit aussi en parlant Des viandes qu’on rôtit, du pain et des pâtisseries qu’on met au four, pour marquer La couleur que ces choses doivent avoir quand elles sont cuites comme il faut. Faites du feu clair, afin que ces viandes prennent couleur, afin de leur donner couleur. Ce pain n’a point de couleur. Cette tourte, cette croûte n’a pas assez de couleur. Ce rôti a bien pris couleur.
Fig., L’affaire prend couleur, se dit D’une affaire dont on commence à espérer un bon résultat. On dit aussi, Cette affaire commence à prendre une bonne, une mauvaise couleur.
Couleur, aux Jeux de cartes, se dit de Chacune des quatre marques appelées Pique, trèfle, cœur et carreau. De quelle couleur tourne-t-il ? De quelle couleur est la triomphe, la retourne ? J’ai des quatre couleurs dans mon jeu. Je n’ai point de cette couleur. Il renonce à la couleur.
Au Lansquenet, Prendre couleur, Entrer au jeu et couper. Prenez couleur. Il a pris couleur.
Couleur, se dit encore Des substances dont on se sert pour donner aux objets une couleur artificielle. Broyer les couleurs. Mêler les couleurs. Préparer les couleurs. Avant de dorer ce lambris, il faut le mettre en couleur. Mettre la première couleur. Mettre un plancher, un parquet, etc., en couleur. Donner la couleur. Cette étoffe n’a pas bien pris la couleur. Teindre en couleur de… Cela est trop monté en couleur. Cette étoffe a perdu sa couleur. L’air mange les couleurs.
Il se dit particulièrement Des couleurs employées dans un tableau ou dans quelque autre ouvrage du même genre. Appliquer, coucher les couleurs. Bien manier, bien employer les couleurs. Adoucir les couleurs. Amortir les couleurs. Ranimer les couleurs. Rehausser, relever les couleurs, l’éclat des couleurs. Ce peintre entend bien l’art de fondre, de mélanger les couleurs.
Peindre à pleine couleur, Peindre avec un pinceau très-chargé de couleur.
Couleurs amies, Couleurs qui s’accordent bien ensemble, dont l’union produit un agréable effet.
Couleur locale, La couleur propre à chaque objet, indépendamment de la distribution particulière de la lumière et des ombres.
Couleur, se prend quelquefois pour Coloris, en parlant D’un tableau. Ce tableau est d’une bonne couleur, d’une belle couleur.
En termes de Gravure, Cette estampe, cette gravure est d’une belle couleur, On y reconnaît la couleur du tableau d’après lequel elle a été faite, bien que l’artiste n’y ait employé que le noir et ses diverses teintes.
Couleur, se dit figurément Du style, des expressions considérées comme étant, pour celui qui écrit ou qui parie, ce que les couleurs sont pour le peintre. Il peignit des plus vives couleurs la détresse dans laquelle ils étaient plongés. Cet historien a retracé tels événements avec des couleurs un peu trop rembrunies. On leur avait peint notre situation sous les plus fausses couleurs.
Il se dit particulièrement Du style, lorsqu’on désigne la qualité qui le distingue. Son style a une couleur brillante. Le style de cet ouvrage a une couleur antique. Style sans couleur. Ce morceau manque de couleur, il faut lui donner plus de couleur.
Couleur, se dit aussi, figurément, Du caractère particulier de certaines choses. Aux yeux du mélancolique tout revêt de sombres couleurs. Le récit prend, vers la fin, une couleur plus tragique. L’acteur chargé de ce rôle a su lui donner une couleur nouvelle. Dans ce poëme, dont l’action se passe en Grèce, la couleur locale est parfaitement observée.
Il se dit particulièrement Du caractère propre à telle ou telle opinion. Ses opinions ont bien changé de couleur depuis que je ne l’ai vu. La couleur de ce journal est encore indécise. Prendre couleur.
Couleur, signifie encore figurément, Prétexte, apparence. Il l’a trompé sous couleur d’amitié. Il s’est rendu maître de l’affaire sous couleur de le servir. À cela il n’y a ni couleur ni apparence de vérité.
Il se dit souvent, dans un sens plus restreint, d’Une raison apparente dont on se sert pour couvrir et pallier quelque mensonge ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu’on désire. Cela le choquera d’abord, si vous n’y donnez quelque couleur. Couleur séduisante. Une fort mauvaise couleur. Revêtir un mensonge de belles couleurs. Il sait donner une couleur plausible, une couleur spécieuse à ce qu’il dit, à ce qu’il fait de plus mal.
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