souffrir

6e édition

SOUFFRIR.

v. n. Conjugaison : (Je souffre, tu souffres, il souffre ; nous souffrons, vous souffrez, ils souffrent. Je souffrais. Je souffris. Je souffrirai. Etc.)
■  Pâtir, sentir de la douleur. Il souffre beaucoup. Souffrir cruellement. Il souffre comme un damné. Souffrir de la tête, de l’estomac, de la poitrine, etc. Souffrir à toutes les jointures. Souffrir du froid, du chaud. Souffrir de la faim, de la soif. Il ne sait pas souffrir. Il a l’habitude de souffrir. L’armée a beaucoup souffert dans sa marche, faute de provisions.
Il a cessé de souffrir, se dit quelquefois pour Il est mort.
Souffrir, signifie aussi, tant au sens physique qu’au sens moral, Éprouver de la peine, du dommage. Il souffre de votre humeur, de vos caprices. Je souffre de l’entendre parler ainsi. Je souffre à l’entendre. Les enfants souffrent des divisions de leurs parents. Sa modestie souffre quand on le loue. Souffrir dans sa réputation. Souffrir dans son commerce. Souffrir pour la vertu, pour sa religion. J’ai souffert de lui tout ce qu’on peut souffrir.
Il se dit, figurément, Des choses qui éprouvent quelque dommage sensible. Les vignes, les blés ont souffert, ont souffert de la gelée, de la grêle, etc. Ce village a beaucoup souffert des ravages de la guerre.
Souffrir, est aussi actif, et signifie, Endurer. Souffrir la douleur. Souffrir le mal. Souffrir les tourments, la mort, les affronts, les injures, la faim, la soif, la pauvreté, la prison, la persécution. Souffrir le martyre. Il souffre de grands maux. Souffrir une perte, un dommage.
Fig. et fam., Souffrir mort et passion, Éprouver de grandes douleurs, ou Être très-impatienté. Ce mal de dents m’a fait souffrir mort et passion. Sa lenteur me fait souffrir mort et passion. On dit de même, Souffrir le martyre.
Souffrir une rude, une furieuse tempête, Être agité d’une rude, d’une furieuse tempête ; Souffrir un coup de vent, Être battu d’un coup de vent ; et, Souffrir un assaut, Soutenir un assaut.
Souffrir, signifie aussi, Supporter. C’est un corps qui souffre la fatigue, le froid, la faim, etc. Il ne saurait souffrir le soleil, le serein, etc. Cet homme ne peut souffrir la mer. Il est si incommodé, qu’il ne saurait souffrir ni la voiture, ni le cheval. Cette place n’est pas dans le cas de souffrir un siége.
Ne pouvoir souffrir une personne, une chose, Avoir pour elle de l’éloignement, de l’aversion. Cette marâtre ne peut souffrir les enfants de son mari. Personne ne peut le souffrir. Je ne saurais le souffrir. Il est d’une insolence que je ne puis souffrir.
Prov., Le papier souffre tout, On écrit sur le papier tout ce qu’on veut, vrai ou faux, bon ou mauvais.
Souffrir, signifie encore, Tolérer, ne pas empêcher, quoiqu’on le puisse. Pourquoi souffrez-vous cela ? Je ne veux pas souffrir qu’il y ait des vues sur ma cour, qu’on chasse sur mes terres. On souffre toutes sortes de religions dans tel pays. Il souffre tout à ses enfants. Il y a des choses qu’on souffre dans la conversation, que la liberté de la conversation souffre.
Il signifie quelquefois, Permettre. Souffrez, monsieur, que je vous dise. Je ne souffrirai pas que vous me parliez découvert.
Souffrir, signifie aussi, Admettre, recevoir, être susceptible ; et il ne se dit que Des choses. Cela ne souffre point de retardement, de délai, de difficulté, de comparaison. Cette raison ne souffre point de réplique, point de repartie. Cela souffre quelque difficulté. Cela ne souffre pas de doute. Cette règle souffre exception, souffre des exceptions. Ce passage souffre différentes interprétations. Cette inversion est permise dans la poésie ; la prose ne la souffre pas, ne la souffrirait pas.
Souffert, erte. participe.
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