souffrir

5e édition

SOUFFRIR.

verbe n. Conjugaison : Je souffre, tu souffres, il souffre ; nous souffrons, vous souffrez, ils souffrent. Je souffrois. Je souffris. Je souffrirai, etc.
■  Pâtir, sentir de la douleur. Il souffre beaucoup. L’armée a beaucoup souffert dans sa marche, faute de provisions.
On dit, qu’Une poutre, qu’une muraille souffre, pour dire, qu’Elle est trop chargée. On dit de même, que Les vignes, que les blés ont souffert, pour dire, qu’Ils ont été maltraités par le mauvais temps.
On dit figurément, Sa modestie souffre quand on le loue. On dit aussi, Souffrir en son corps et en ses biens, pour dire, Recevoir du dommage dans son corps et dans ses biens. On dit dans le même sens, Souffrir dans sa réputation. Souffrir dans son commerce.
Il est aussi actif, et signifie Endurer. Souffrir la douleur. Souffrir le mal. Souffrir les tourmens, la mort, les affronts, les injures, la faim, la soif, la pauvreté, la prison, la persécution. Souffrir le martyre. Il souffre de grands maux. Souffrir une perte, un dommage.
On dit figurément, populairement et par exagération, Souffrir mort et passion, pour dire, Être très-impatienté. Sa lenteur me fait souffrir mort et passion.
On dit figurém. Souffrir le martyre, pour dire, Souffrir de grands maux.
On dit, Souffrir une rude, une furieuse tempête, pour dire, Être agité d’une rude, d’une furieuse tempête ; Souffrir un coup de vent, pour dire, Être battu d’un coup de vent ; Souffrir un assaut, pour dire, Soutenir l’assaut. Et on dit, qu’Une Place n’est pas capable de souffrir un siége, pour dire, qu’Elle n’est pas assez forte pour soutenir un siége.
On dit, Souffrir du pied, souffrir de la tête, pour dire, Sentir de la douleur au pied, à la tête ; Souffrir à toutes les jointures, pour, Sentir de la douleur à toutes les jointures ; et, Souffrir de quelqu’un, pour dire, Endurer de lui des choses qui déplaisent.
Souffrir, signifie aussi Supporter. C’est un corps qui souffre la fatigue, le froid, la faim, etc. Il ne sauroit souffrir le soleil, le serein, etc. Cet homme ne peut souffrir la mer. Il est si incommodé, qu’il ne sauroit souffrir ni le carrosse, ni le cheval.
On dit d’Un homme pour qui on a de l’éloignement, de l’aversion, qu’On ne le sauroit souffrir ; et proverbialement, que Le papier souffre tout, pour dire, qu’On écrit sur le papier tout ce qu’on veut, vrai ou faux, bon ou mauvais.
Souffrir, signifie encore, Tolérer, ne pas empêcher, quoiqu’on le puisse. Pourquoi souffrez-vous cela ? Je ne veux pas souffrir qu’il y ait des vues sur ma cour, qu’on chasse sur mes terres. On souffre toutes sortes de Religions en un tel pays. Il souffre tout à ses enfans. Il y a des choses qu’on souffre dans la conversation, que la liberté de la conversation souffre.
Souffrir, veut dire aussi, Permettre. Souffrez, Monsieur, que je vous dise. Je ne souffrirai pas que vous me parliez découvert. Cette inversion est permise dans la poésie ; la prose ne la souffre pas.
Souffrir, signifie aussi, Admettre, recevoir, être susceptible ; et il ne se dit que Des choses. Cela ne souffre point de retardement, de délai, de difficulté, de comparaison. Cette raison ne souffre point de réplique, point de repartie. Cela souffre quelque difficulté. Cela ne souffre pas de doute. Cette règle souffre exception, souffre des exceptions. Ce passage souffre différentes interprétations.
Souffert, erte. participe.
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