payer

6e édition

PAYER.

v. a. Conjugaison : (Je paye, tu payes, il paye, ou il paie ; nous payons, vous payez, ils payent, ou ils paient. Je payais ; nous payions, vous payiez, ils payaient. Je payai. J’ai payé. Je payerai, ou je paierai ou paîrai. Je payerais, ou je paierais ou paîrais. Paye, payez. Que je paye ; que nous payions, que vous payiez, qu’ils payent. Que je payasse. Payant.)
■  Acquitter une dette. Payer une somme d’argent. Payer le prix d’une chose. Payer mille écus. Payer ce qu’on doit à son créancier. Je lui ai payé une forte somme. Il me doit encore tout, il ne m’a pas payé un sou.
Il se dit aussi en parlant De celui à qui on doit. Payer ses créanciers. Payer un marchand. Payer ses domestiques. Payer des ouvriers. Il paye ses ouvriers à la semaine, au mois, à l’année. Il m’a payé avec des marchandises, en marchandises. Je l’ai payé en or, en argent, en espèces, en papier. Payer les troupes. Les bons ouvriers ne se peuvent trop payer. Il a été bien payé de sa peine. Enfin je me suis fait payer.
Se faire bien payer, Vendre cher ses services, son travail. Cet ouvrier travaille bien, mais il se fait bien payer.
Se faire payer, Vendre ses services, tirer un profit de fonctions qui doivent être gratuites. Il n’a pas eu cette place pour rien, son protecteur a eu la bassesse de se faire payer.
Payer, se dit encore en parlant De la chose pour laquelle on doit. Payer des marchandises. Payer une étoffe. Tout ce qu’il prend, il le paye argent comptant, il le paye comptant, il le paye à la minute. Payer les gages, les appointements. Payer les intérêts. les arrérages et le principal. Payer l’amende Payer la folle enchère. Payer une pension Payer les loyers d’une maison. Payer le dîner. Payer l’écot. Payer sa fête. Payer sa bienvenue. Payer sa part. Payer sa quote part. Payer le prix convenu.
Pop., Payer pinte, chopine, bouteille à quelqu’un, Mener quelqu’un boire au cabaret, et payer pour lui.
Payer une obligation, une promesse, un billet, une lettre de change, etc., Payer la somme portée dans une obligation, etc.
Fig., Payer le tribut à la nature, Mourir. Payer le tribut à la faiblesse humaine, Avoir quelqu’une des imperfections, commettre quelqu’une des fautes auxquelles l’espèce humaine est sujette.
Fig. et fam., Payer les violons, Faire les frais d’une affaire dont un autre tire tout le profit.
Prov. et fig., Il en payera les pots cassés, On fera retomber sur lui le dommage, la perte ; on s’en vengera sur lui.
Prov., Les battus payent l’amende, Souvent ceux qui auraient droit à une réparation, sont réprimandés, condamnés, maltraités de nouveau.
Fig. et par menace, Il le payera, se dit Pour exprimer qu’on trouvera moyen de se venger du déplaisir, de l’injure qu’on a reçue de quelqu’un. Il m’a fait un mauvais tour, il m’a rendu un mauvais office, mais il p. 375me le payera. Dans le même sens, on dit familièrement, Il le payera plus cher qu’au marché, il me le payera au double.
Payer, s’emploie aussi absolument. Il se défendait, il refusait de payer. Il a fallu payer. Il a été condamné à payer. C’est un homme qui n’aime pas à payer. J’ai été obligé de payer pour lui.
Se payer par ses mains, S’indemniser sur ce qu’on a en sa possession, et qui appartient au débiteur.
Cela est à payer, cela ne se peut payer, se dit De ce qui est excellent dans son genre, très-agréable, ou très-curieux. Ce conte-là est excellent, il ne se peut payer. C’est un plaisir qui ne se peut payer. Cet homme est à payer pour son originalité.
Fig., Payer pour les autres, Être seul puni d’une faute commune à plusieurs. Il a payé pour tous les autres.
Prov., Payer ric à ric, Payer avec lésinerie, s’acquitter, mais en payant le moins qu’on peut. Il n’est pas généreux, il paye ric à ric ; et, Faire payer ric à ric, Faire payer tout ce qui est dû, sans grâce, ni remise. C’est un homme qu’il faut faire payer ric à ric.
Prov. et fig., Payer en monnaie de singe, en gambades, Se moquer de celui à qui on doit, et ne le point payer.
Prov. et fig., Payer en même monnaie, Rendre la pareille.
Prov., Qui répond paye, On est obligé de payer pour celui dont on s’est rendu caution. Il se dit au propre et au figuré.
Prov., Il faut payer ou agréer, Quand on doit, il faut donner de l’argent ou du moins de bonnes paroles.
Payer, se dit quelquefois Des personnes ou des choses qui sont sujettes à quelque impôt, qui doivent quelque droit. Ce marchand paye cent francs de patente. Ce propriétaire paye mille francs d’impositions. Ce département paye tant de contributions. Cette marchandise paye tant à la douane. L’hectolitre de vin paye tant d’entrée.
Payer, s’emploie aussi figurément, et signifie, Récompenser, reconnaître. On a bien payé, mal payé ses services, ses soins. Rien ne peut payer une telle marque de dévouement. Il n’a pas seulement payé cette belle action d’un coup d’œil, d’une parole flatteuse. Je suis assez payé par le plaisir de vous avoir obligé. L’amitié ne se paye que par l’amitié. Un tel service ne saurait se payer que par une reconnaissance éternelle.
Il signifie quelquefois, Dédommager. Ce moment de bonheur l’a payé de toutes ses peines.
Il signifie aussi, Obtenir, acquérir quelque chose par un sacrifice. Il a payé de sa liberté, de sa vie, de son sang, un court instant de plaisir. La gloire, la fortune lui a fait payer, lui a bien fait payer, lui a fait payer bien cher ses faveurs.
Il signifie aussi quelquefois, Punir. On l’a payé de son insolence. Il a été payé de tous ses crimes.
Fam., Il a été bien payé de l’injure qu’il a dite, de l’insulte qu’il a faite, Il en a été bien puni, on s’en est bien vengé sur lui ; et absolument, Il a été payé, Il a reçu son fait, il a reçu ce qu’il méritait.
Payer, signifie encore, Expier. Il a payé de sa tête un si grand forfait. Il a payé sa scélératesse. Vous payerez cette injure.
Payer, au figuré, se construit avec la preposition De dans un certain nombre de phrases faites.
Payer de belles paroles, Ne donner satisfaction qu’en paroles. On dit dans le même sens, Payer de mots.
Payer d’ingratitude, Manquer de reconnaissance pour un bienfait reçu.
Payer quelqu’un de retour, Reconnaître ses procédés ou ses sentiments par des procédés ou des sentiments pareils.
Payer de raisons, Donner de bonnes raisons sur les choses dont il s’agit. On dit en sens contraire, Payer de mauvaises raisons.
Se payer de raisons, Se rendre aux raisons qu’un autre allègue.
Payer d’effronterie, Soutenir effrontément un mensonge, se tirer d’un mauvais pas par effronterie.
Payer d’audace, Faire si bonne contenance, que par là on arrête, on intimide ses ennemis.
Payer de sa personne, S’exposer dans une occasion dangereuse, et y bien faire son devoir. C’est un homme brave, et qui a payé de sa personne en cent occasions. Il signifie aussi, Agir par soi-même dans les occasions qui le demandent. Cette compagnie a un chef qui sait au besoin payer de sa personne.
Il paye de bonne mine, il ne paye que de mine, se dit D’un homme de peu de mérite, mais d’une belle représentation.
Il ne paye pas de mine, se dit D’un homme dont l’apparence est chétive ou disgracieuse.
Payé, ée. participe. Une somme payée. Des créanciers, des ouvriers payés. De la marchandise payée. Une lettre de change payée.
Subst., Plus-payé. Voyez Plus.
Cela est bien payé, n’est pas payé, se dit D’une chose, d’une marchandise dont on donne tout ce qu’elle vaut, ou dont on n’offre pas la valeur.
Prov., Tant tenu, tant payé, se dit Pour exprimer que le service d’une personne, ou que l’usage d’une chose, a été ou sera payé en raison de sa durée.
Prov., Je suis payé pour cela, J’ai fait, à mes dépens, l’expérience de ce que telle chose a de dangereux, de nuisible, de désagréable. Je ne retournerai plus dans cette maison, je suis payé pour cela. Il ne fréquentera plus ces étourdis, il est payé pour cela. On dit de même, Il n’est pas payé pour aimer cet homme, pour se fier à cet homme.
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