payer

5e édition

PAYER.

v. a. Conjugaison : Je paye, tu payes, il paye, ou il paie ; nous payons, vous payez, ils payent, ou ils paient. Je payois, nous payions, vous payiez, ils payoient. Je payai. J’ai payé. Je payerai, ou je paierai ou paîrai. Paye, payez. Que je paye, que nous payions, que vous payiez, qu’ils payent. p. 252Que je payasse. Je payerois, ou je paierois ou paîrois. Payant. Payé.
■  Acquitter une dette. Payer une somme d’argent. Payer le prix d’une chose. Payer mille écus. Payer ce qu’on doit à son créancier. Je lui ai payé une grande somme. Il me doit encore tout, il ne m’a pas payé un sou.
Il se dit aussi en parlant De celui à qui on doit. Payer ses créanciers. Payer un marchand. Payer ses domestiques. Payer des ouvriers. Payer les troupes. L’armée n’est pas payée. Les bons ouvriers ne se peuvent trop payer.
Il se dit encore De la chose pour laquelle on doit. Payer des marchandises. Payer une étoffe. Tout ce qu’il prend, il le paye argent comptant. Payer les gages. Payer les appointemens. Payer les intérêts, les arrérages et le principal. Payer l’amende. Payer la folle enchère. Payer une pension. Payer les loyers d’une maison. Payer le dîner. Payer l’écot. Payer sa fête. Payer sa bienvenue. Payer sa part. Payer sa quote-part.
On dit populairement, Payer pinte, payer chopine, payer bouteille, pour dire, Mener quelqu’un au cabaret, et payer pour lui.
On dit, Payer une obligation, une promesse, un billet, une lettre de change, etc. pour dire, Payer la somme portée par une obligation, etc.
On dit figurément, Payer le tribut à la nature, pour dire, Mourir.
On dit aussi figurém. qu’Un homme paye les violons, Lorsqu’il fait les frais d’une affaire, dont un autre tire tout le profit.
Il s’emploie aussi absolument et sans régime. Il se défendoit de payer. Il a fallu payer. Il a été condamné à payer. C’est un homme qui n’aime pas à payer. J’ai été obligé de payer pour lui.
On dit figurément d’Un homme qui est seul puni d’une faute commune à plusieurs, qu’Il paye pour tous les autres.
Lorsqu’un homme qui a entre ses mains de l’argent qui appartient à son débiteur, se paye lui-même sur cet argent, on dit, qu’Il s’est payé par ses mains.
On dit d’Une chose excellente dans son genre, très-agréable ou très-curieuse, qu’Elle ne se peut payer de bonté, qu’elle est à payer, qu’elle ne se peut payer. Ce conte-là est excellent, il ne se peut payer. Cela est d’un agrément qui ne se peut payer. Cet homme est à payer pour son originalité.
On dit proverbialement, Payer ric à ric, pour dire, Payer jusqu’au dernier sou, sans tort ni grâce ; Se faire payer comme un saunier, pour dire, Se faire payer à la rigueur ; Payer en monnoie de singe, en gambades, pour dire, Se moquer de celui à qui on doit, et ne le point payer ; Payer en même monnoie, pour dire, Rendre la pareille ; Qui répond paye, pour dire, qu’On est obligé de payer pour celui dont on s’est rendu caution ; Il faut payer ou agréer, pour dire, que Quand on doit, il faut donner de l’argent ou de bonnes paroles ; Payer en chats et en rats, pour dire, Payer en mauvais effets. Voyez Chat.
On dit, Payer avec. Il m’a payé avec des marchandises. Ne croyez pas que je me laisse payer avec des mines, avec des cabrioles.
Payer à. Payer à vue, à lettre vue ; à fur et mesure ; au mois, à la semaine, à l’heure, à l’année. Payer à la minute, se dit pour, Payer ponctuellement, sans délai. Payer à compte.
Payer en. Payer en espèces. Payer en or, en piastres, en petite monnoie, en marchandises, en cabrioles.
Payer, accompagné d’un régime adverbial : Payer comptant, argent comptant, la somme de....
Payer, se construit aussi avec la préposition De, comme dans les phrases suivantes : Payer de belles paroles, pour dire, Ne donner satisfaction qu’en paroles, Je ne me paye pas de mots ; Payer d’ingratitude, pour dire, Manquer de reconnoissance pour un bienfait reçu ; et, Payer de raison, ou de raisons, pour dire, Donner de bonnes raisons sur les choses dont il s’agit.
On dit aussi, qu’Un homme se paye de raison, pour dire, qu’Il se rend aux bonnes raisons qu’on lui allègue.
On dit aussi figurément. Payer d’effronterie, pour dire, Soutenir effrontément un mensonge, se tirer d’un mauvais pas par effronterie.
On dit pareillement, Payer d’audace ; et cela se dit sur-tout lorsqu’une petite troupe de gens de guerre, en ayant rencontré une plus grande, fait si bonne contenance, que par-là elle empêche les ennemis de l’attaquer.
On dit, Payer de sa personne, pour dire, S’exposer dans une occasion dangereuse, et y bien faire son devoir. C’est un brave homme, et qui a payé de sa personne en cent occasions.
On dit aussi, Payer de sa personne, pour dire, Agir par soi-même dans les occasions qui le demandent. Cette compagnie a un chef qui sait au besoin payer de sa personne.
Et en parlant d’Un homme de peu d’esprit, mais bien fait, on dit, que C’est un homme qui paye de bonne mine, qui ne paye que de mine.
Payer, se construit encore avec la préposition Par. L’amitié ne se paye que par l’amitié. Un tel service ne sauroit se payer que par une reconnoissance éternelle.
On dit par menace à Un homme de qui on a reçu quelque déplaisir, quelque injure, qu’Il le payera, pour dire, qu’On trouvera moyen de s’en venger. Il m’a fait un mauvais tour, il m’a rendu un mauvais office, mais il me le payera. Et dans le même sens on dit familièrement, Il le payera plus cher qu’au marché ; il me le payera au double.
On dit aussi proverbialement d’Un homme qui a causé quelque dommage, qu’Il en payera les pots cassés, pour dire, qu’On fera retomber la perte sur lui, qu’on s’en vengera sur lui.
On dit, qu’Un muid de vin paye tant d’entrée ; qu’un Bénéfice paye tant de Bulles, pour dire, qu’On paye tant par chaque muid de vin pour droit d’entrée ; qu’on paye tant pour l’expédition des Bulles d’un tel Bénéfice.
Payé, ée. participe. Il a été bien payé de sa peine.
On dit figurément et familièrement, qu’Un homme a été bien payé de quelque injure qu’il a dite à un autre, ou de quelque insulte qu’il lui a faite, pour dire, qu’Il en a été bien puni, qu’on s’en est bien vengé sur lui.
On dit proverbialement, Tant tenu, tant payé, pour dire, qu’On ne doit de salaire à un ouvrier qu’à proportion du temps qu’on l’a fait travailler. Et pour signifier, qu’On n’est pas obligé à faire quelque chose, on dit aussi proverbialement, qu’On n’est pas payé pour cela ; et pour dire, qu’On a lieu de se repentir d’avoir rendu service, J’en suis plaisamment payé. On dit absolument, Il est payé, pour dire, Il a ce qu’il mérite.
On dit aussi, Cela est bien payé, cela n’est pas payé, pour dire, qu’On donne d’une chose tout ce qu’elle vaut, ou qu’on n’en offre pas la valeur.
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