payer

2e édition

PAYER.

v. act.
■  Donner ce qu’on doit, s’acquitter d’une dette. Payer une somme d’argent. payer le prix d’une chose. payer mille escus. payer ce qu’on doit à son creancier. je lui ay payé une grande somme. il me doit encore tout, il ne m’a pas payé un sou.
Il regit aussi l’accusatif de celuy à qui on doit. Payer ses creanciers. payer un marchand. payer ses domestiques. payer des ouvriers, des artisans. payer les soldats. payer les troupes. payer l’armée. les bons ouvriers ne se peuvent trop payer.
Il regit encore l’accusatif de la chose pour laquelle on doit. Payer des marchandises. payer de l’estoffe. tout ce qu’il prend il le paye argent comptant. payer les gages. payer les appointements. payer les interests, les arrerages & le principal. payer la folle enchere. payer une pension. payer le loüage d’une maison. payer le disner. payer l’escot. payer pinte. payer chopine. payer sa part. payer sa quote part.
On dit, Payer une obligation, une promesse, un billet, une lettre de change, &c. pour dire, Payer la somme portée par une obligation, &c.
On dit fig. Payer le tribut à la nature, pour dire, Mourir.
Il s’employe aussi absolument & sans regime. Il se defendoit de payer. il a fallu payer. il a esté condamné à payer. c’est un homme qui n’aime pas à payer. payer argent comptant. j’ay esté obligé de payer pour luy. payer à lettre veuë. payer en espece d’or & d’argent. payer en belle monnoye.
On dit d’Un homme qui fait une despense dont quelque autre tire tout l’avantage, qu’Il paye les violons.
Lors qu’Un homme qui a entre ses mains de l’argent qui appartient à son debiteur, se paye luy-mesme sur cet argent, on dit, qu’Il s’est payé par ses mains.
On dit d’Une chose excellente dans son genre, qu’On ne la peut payer de bonté. qu’elle ne se peut payer. ce conte-là est excellent, il ne se peut payer. c’est un homme doux, sociable, aisé, & qui ne se peut payer.
On dit proverbialement, Payer ric à ric, payer comme un saulnier, pour dire, Payer jusqu’au dernier sou. Payer en monnoye de singe, en gambades, pour dire, Se moquer de celuy à qui on doit, & ne le point payer. Qui respond paye, pour dire, qu’On est obligé de payer pour celuy pour qui on a respondu. Il faut payer ou agréer, pour dire, que Quand on doit, il faut donner de l’argent ou de bonnes paroles. Payer en chats & en rats, pour dire, Payer en nippes & en mauvaises denrées.
On dit aussi, Payer de belles paroles, pour dire, Ne donner satisfaction qu’en paroles. p. 234Payer d’ingratitude, pour dire, Manquer de reconnoissance pour un bien fait receu. Payer en mesme monnoye, pour dire, Rendre la pareille. Et, Payer de raison, pour dire, Donner de bonnes raisons sur les choses dont il s’agit.
On dit aussi, qu’Un homme se paye de raison, pour dire, qu’Il se rend aux bonnes raisons qu’on luy allegue.
On dit aussi figurément, Payer d’effronterie, pour dire, Soustenir effrontément un mensonge, se tirer d’un mauvais pas par effronterie.
On dit pareillement, payer d’audace : Et cela se dit sur tout, lors qu’une petite troupe de gens de guerre en ayant rencontré une plus grande, fait si bonne contenance, que par là elle empesche les ennemis de l’attaquer.
On dit, Payer de sa personne, pour dire, S’exposer dans une occasion dangereuse, & y bien faire son devoir. C’est un brave homme, & qui a payé de sa personne en cent occasions. Et en parlant d’un homme de peu d’esprit, mais bien fait, on dit, que C’est un homme qui paye de bonne mine, qui ne paye que de mine.
On dit par menace à un homme, de qui on a receu quelque desplaisir, quelque injure, qu’Il le payera, pour dire, qu’On trouvera occasion de s’en venger. Il m’a fait un mauvais tour, il m’a rendu un mauvais office, mais il me le payera.
On dit encore dans la mesme occasion & dans le mesme sens. Il le payera plus cher qu’au marché. il me le payera au double. Et d’Un homme qui a causé quelque dommage, qu’Il en payera les pots cassez, pour dire, qu’On fera retomber la perte sur luy, qu’on s’en vengera sur luy.
Payé, ée. part. Il a les significations de son verbe.
On dit prov. Tant tenu, tant payé, pour dire, qu’On ne doit de salaire à un ouvrier qu’à proportion du temps qu’on l’a fait travailler. Et prov. pour dire, qu’On n’est pas obligé à faire quelque chose, on dit, qu’On n’est pas payé pour cela.
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