compter

6e édition

COMPTER.

v. a.
■  Nombrer, calculer. Compter de l’argent. Comptez combien il y a de personnes là. Compter l’heure. Compter les heures. Compter les voix. Compter les suffrages. Compter des soldats. Je les ai comptés un à un. Compter jusqu’à vingt, jusqu’à cent. Compter sur ses doigts, par ses doigts. Compter les mois par les révolutions lunaires. L’hégire est l’époque d’où les mahométans comptent leurs années.
Fig., Compter les jours, les heures, les moments, etc., se dit quelquefois Pour exprimer qu’on trouve les jours très-longs, etc. Je compte les moments passés loin de toi.
Compter une somme à quelqu’un, La lui payer. On lui compta mille francs. Plusieurs sommes lui ont été comptées.
Compter une chose à quelqu’un, Lui en tenir compte. Dieu nous comptera un verre d’eau et un soupir donnés en son nom.
Fig. et fam., Compter les morceaux de quelqu’un, Tenir compte de ce qu’il mange ; et, par extension, Tenir compte de ce qu’il dépense, pour quelque chose que ce soit.
Fig. et fam., Compter les morceaux à quelqu’un, Ne lui donner que le juste nécessaire.
Fig. et fam., Compter ses pas, Marcher lentement. Compter tous les pas de quelqu’un, L’observer de fort près, le surveiller attentivement.
Compter tant d’années de service, d’exercice, etc., Avoir servi, avoir été dans un emploi pendant tant d’années. Il comptait dix années de service. Ce prince comptait déjà vingt années de règne. On dit de même, en parlant Des monuments, des institutions, des peuples, etc., Compter tant d’années, de siècles, etc., d’existence.
Absol. et poétiq., Compter tant d’années, de printemps, d’hivers, etc., Être âgé de tant d’années. Elle comptait à peine seize printemps. Il comptait déjà soixante hivers.
À compter de, À partir, à dater de. À compter de demain, le prix des places sera augmenté.
Compter, signifie quelquefois figurément, dans le style élevé, Marquer, signaler ; et alors il est toujours suivi de la préposition par. Compter ses jours par des bienfaits. Toutes les années de son règne furent comptées par des triomphes.
Compter, signifie aussi, Comprendre dans un compte, dans une énumération. Nous étions douze, en comptant les femmes, sans compter les enfants. Sans vous compter. En vous comptant. Vous avez oublié de compter un tel. Je ne compte pas la perte qu’il a faite, on l’en a suffisamment dédommagé. Sans compter tout ce qu’il a déjà reçu. Sans compter que vous serez nourri et logé. Il s’emploie, dans ce sens, avec le pronom personnel. Voyez combien nous sommes, et n’oubliez pas de vous compter.
Compter parmi ses aïeux, parmi ses ancêtres, etc., Avoir au nombre de ses aïeux, de ses ancêtres, etc. Il compte des rois parmi ses aïeux. Il compte des maréchaux de France et des connétables parmi ses ancêtres. On dit de même, Compter une personne, une chose parmi d’autres, en parlant D’une personne, d’une chose qui est ou que l’on range parmi d’autres. On comptait parmi les coupables tels et tels. Cet exploit doit être compté parmi les plus glorieux. Il comptait parmi ses provinces tel et tel pays. On dit aussi quelquefois, Compter au nombre. Je crois pouvoir vous compter au nombre de mes amis.
Compter, se prend quelquefois dans le sens passif d’Être compté. Cela ne compte pas, ne peut pas compter, ne doit pas compter. Il a cessé de compter parmi les vivants.
Compter, signifie aussi, Calculer, supputer, venir à compte ; et alors il s’emploie d’ordinaire absolument. Voyons ce que vous avez reçu, ce que vous avez dépensé, il faut compter. J’ai compté avec un tel, je ne lui dois rien. Compter la dépense. Ce n’est pas le tout que de compter, il faut payer. Il ne veut ni compter ni payer. Il compta par-devant un référendaire de la cour des comptes. Compter de clerc à maître. Compter avec soi-même.
Il signifie également, Rendre compte ; et alors il se met avec la préposition de. J’ai compté de la dépense et de la recette. Il a touché ces fonds, et en a compté à la cour des comptes.
Compter par tête, compter par pièce, se dit dans les hôtelleries et les autres lieux où l’on donne à manger, et où la dépense de bouche se compte selon le nombre des personnes qui ont mangé, ou selon le nombre des pièces qu’on leur a fournies.
Prov. et fig., Qui compte sans son hôte, compte deux fois, On se trompe ordinairement quand on compte sans celui qui a intérêt à l’affaire, quand on espère ou qu’on promet une chose qui ne dépend pas absolument de nous. On dit de même, Il a compté sans son hôte.
Compter, signifie aussi, Se proposer, croire. Il compte partir demain. Comptez que vous me trouverez toujours prêt à vous servir.
Compter sur quelqu’un, Faire fond sur lui, comme sur un homme dont on est assuré. On dit dans le même sens, Compter sur quelque chose. Compter sur ses forces, sur sa jeunesse, sur ses grands biens, sur son crédit, sur son savoir. Il ne faut compter sur rien de ce qu’il promet. Ne comptez pas sur ses promesses.
Compter, signifie encore, Réputer, estimer ; et alors il se construit avec la préposition pour. Il faut le compter pour mort. Il compte pour rien tous les services qu’on lui rend. Il compte cela pour beaucoup. Il faut compter ce général pour dix mille hommes. Il s’emploie de même avec le pronom personnel. Pensez-vous qu’il se compte pour rien ?
Compté, ée. participe. Nos jours sont comptés. Marcher à pas comptés. Fam., Il a quatorze enfants bien comptés.
Prov. et fig., Brebis comptées, le loup les mange, Les précautions ne garantissent pas toujours d’être trompé. Cette phrase signifie aussi, L’excès de précaution est dangereux.
Prov., Tout compté, tout rabattu, ou Tout bien compté et rabattu, Tout bien examiné.
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