battre

5e édition

BATTRE.

v. a. Conjugaison : Je bats, tu bats, il bat ; nous battons, vous battez, ils battent. Bats. Je battois, je battis, je battrai. Battant, battu.
■  Frapper, donner des coups, pour faire du mal. Battre un homme. Battre quelqu’un à coups de poing. Battre un chien.
On dit proverbialement, Battre un homme dos et ventre, le battre comme plâtre, le battre comme un chien, pour dire, Le battre à l’excès.
On dit figurément, Battre quelqu’un à terre, pour dire, Accabler quelqu’un qui n’a plus la force de se défendre ; et on dit aussi, Se laisser battre à terre, pour dire, Se laisser accabler, opprimer sans y opposer aucune défense. On dit encore proverbialement, Battre le chien devant le lion, pour dire, Faire une réprimande à quelqu’un devant une personne plus considérable, afin qu’elle se l’applique ; et Battre le chien devant le loup, se dit De ceux qui feignent d’être désunis, pour mieux tromper leur ennemi.
On dit familièrement et proverbialement, Il fait bon battre un glorieux, il ne s’en vante pas, pour dire, qu’Un homme vain aime mieux endurer des humiliations secrètes que de s’en plaindre.
On dit de même, S’il ne tient qu’à battre, la vache est à nous, pour dire, qu’Au besoin on ne ménagera pas les moyens de force pour venir à bout de ce qu’on désire.
On dit aussi proverbialement, A battre faut l’amour, pour dire, Que les mauvais traitemens font cesser l’amour.
On dit, Battre les ennemis, pour dire, Les vaincre, les défaire : Notre aile gauche battit l’aile droite des ennemis ; et, Mener battant les ennemis, pour dire, Les poursuivre, après les avoir mis en déroute. Et figurément, Mener battant, se dit, Lorsque dans une dispute on presse son adversaire de tant de raisons, qu’il ne sauroit y répondre. Il tâchoit de soutenir son opinion, mais un tel le mena battant.
Il se dit aussi, Lorsque dans le jeu on a une grande supériorité de fortune sur celui contre qui l’on joue. Je n’ai pas gagné un coup, il m’a toujours mené battant.
On dit, Battre une Ville en ruine, pour dire, Tirer de l’artillerie sur une Ville pour la ruiner. On dit, Battre une muraille en brèche, pour dire, La battre pour faire brèche ; figurément, Battre un homme en ruine, pour dire, Le pousser, le réduire à l’extrémité dans la dispute, dans les affaires qu’on a contre lui.
On dit aussi figurément, Battre en ruine un système, un argument, etc. pour dire, L’attaquer avec des raisons si fortes, qu’on n’y puisse rien opposer. Et en parlant de quelqu’un qu’on a complètement réfuté, on dit, On l’a battu de vingt raisons sans réplique.
Battre, se dit De diverses choses sur lesquelles on touche fortement avec différens instrumens, comme, Battre une tapisserie, pour, La nettoyer ; Battre un noyer, pour, En faire tomber les noix ; Battre du papier, battre le fusil, battre du blé, battre en grange, battre le beurre, battre du plâtre, battre la lessive, battre monnoie, battre des armes à froid, battre le fer sur l’enclume.
On dit, Battre des Livres, pour dire, Donner des coups de marteau sur les feuilles d’un Livre pour les presser, afin que le papier en soit plus uni, le volume plus mince, et que la reliure en soit mieux faite ; Battre la terre, pour dire, La rendre unie avec une batte ; et, que La pluie a battu la terre, pour dire, qu’Elle a rendu la terre plus ferme.
On dit, qu’Une rivière bat les murs d’une ville, les murailles d’une maison, pour dire, qu’Elle passe tout auprès.
On dit, Battre les cartes, pour dire, Les mêler ; Battre des œufs, pour dire, Les mêler et les brouiller ensemble ; et Battre la mesure, en Musique, pour dire, Marquer la mesure en haussant et baissant la main dans laquelle on tient ordinairement un bâton ou un rouleau de papier. Vous ne battez pas bien la mesure, vous la battez trop vite, trop lentement.
On dit aussi, Battre le tambour, battre la caisse, pour dire, Frapper sur le tambour avec deux petites baguettes ; et, Battre l’assemblée, battre la marche, battre aux champs, battre la charge, battre la retraite, pour dire, Battre le tambour pour l’assemblée, pour la marche, pour faire charger les soldats dans le combat, pour faire qu’ils se retirent.
On dit, Battre la chamade, lorsque dans une ville assiégée on bat le tambour, pour marquer qu’on veut capituler. Et on dit, Battre à la Françoise, battre à la Suisse, pour dire, Battre le tambour comme les François, comme les Suisses.
On dit, Battre le fer, pour dire, Faire souvent des armes : Il y a long-temps qu’il bat le fer dans les Salles ; et figurément d’Un homme qui s’exerce depuis long temps à quelque étude, à quelque profession, qu’Il y a long-temps qu’il bat le fer ; et proverbialem. et figurément, qu’Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, pour dire, qu’Il ne faut point se relâcher dans la poursuite d’une affaire, quand elle est en bon train.
On dit en termes de Guerre, Battre l’estrade, battre la campagne, pour dire, Courir de-çà et de-là dans la campagne, afin d’avoir des nouvelles des ennemis. Battre la campagne, se dit figurément d’Un homme qui dans un discours s’éloigne de son sujet par des digressions fréquentes et inutiles, ou d’un homme que la maladie a fait tomber dans le délire. On dit aussi, Battre la campagne, pour dire, Répondre vaguement, avec dessein d’éluder une question, une objection.
On dit, qu’Un homme bat le pavé, s’amuse à battre le pavé, pour dire, qu’Il va et vient dans une ville en plusieurs endroits différens, sans aucune occupation sérieuse ; et, Battre bien du pays, pour dire, Voyager en beaucoup de lieux différens. Et on dit figurém. d’Un homme qui parle beaucoup et de beaucoup de choses, que C’est un homme qui bat bien du pays en peu de temps.
p. 130On dit, Battre le bois, battre la plaine, pour dire, Les parcourir en chassant. Nous battîmes tout le bois et toute la plaine, sans pouvoir trouver de gibier ; et proverbialement, Il a battu les buissons et un autre a pris les oiseaux, pour dire, Il a eu beaucoup de peine, et un autre en a profité. Et en parlant des peines qu’on se donne pour une chose qui ne peut pas réussir, on dit proverbialement et figurément, C’est battre l’eau.
Battre, est aussi verbe neutre. Ainsi on dit, que Le cœur bat à tous les animaux, pour dire, qu’Il se meut d’un mouvement continuel ; que Le cœur bat à quelqu’un, pour dire, qu’Il a une espèce de palpitation de cœur ; et figurément, que Le cœur, que le pouls bat à quelqu’un, pour dire, qu’Il a peur.
On dit, qu’Un oiseau bat de l’aile, pour dire qu’Il trémousse de l’aile ; et figurément, qu’Un homme ne bat plus que d’une aile, pour dire, que Sa santé, sa fortune, son activité, sont extrêmement diminuées.
On dit aussi, que Le fer d’un cheval bat, pour dire, qu’Il loche ; et, que Le Soleil bat à plomb en quelque endroit, sur la tête de quelqu’un, pour dire, qu’Il y darde perpendiculairement ses rayons.
On dit, Le tambour bat, pour dire, qu’On entend le son du tambour. On dit, Marcher tambour battant, pour dire, Marcher au son du tambour ; et Sortir tambour battant, pour dire, Sortir avec les honneurs de la guerre.
On dit figurément, Mener quelqu’un tambour battant, pour dire, Le traiter sans aucun ménagement ; et, Faire une chose tambour battant, pour dire, La faire au vu et au su de tout le monde.
On dit, Battre des mains, pour dire, Applaudir.
On dit proverbialement, Tant que l’âme me battra dans le corps, pour dire, Tant que je vivrai.
On dit, qu’Un homme a battu froid à quelqu’un, pour dire, qu’Il l’a reçu avec froideur ; qu’Il bat froid, pour marquer qu’Il reçoit avec froideur ce qu’on lui dit, ce qu’on lui propose ; et qu’Un homme bat en retraite, pour dire, qu’Il commence à se détacher du commerce du monde, ou de quelque engagement qu’il avoit, ou simplement pour dire, qu’Il se retire de la compagnie où il est.
Battre, se dit aussi au jeu de Trictrac, lorsque par le point du dé, en partant d’une flèche où vous avez une ou deux dames, vous frappez une dame découverte de votre adversaire, ou son coin. Je bats une telle dame par cinq et six. Je bats les deux coins par sonnez.
Battre, se met aussi avec le pronom personnel, et signifie, Combattre. Se battre à pied et à cheval. Se battre en duel. Il a désarmé celui contre qui il se battoit. C’est un homme qui se bat bien. On dit, Se battre en retraite, pour dire, Combattre de telle sorte qu’on ne laisse pas de se retirer.
En parlant d’Un Oiseau de proie qui se tourmente, qui s’agite sur la perche où il est attaché, on dit, qu’Il se bat à la perche. Et on dit figurément, qu’Un homme se bat à la perche, pour dire, qu’Il se tourmente fort inutilement.
Battu, ue. participe.
On dit, Avoir les yeux battus, pour dire, Les avoir comme meurtris ; et, Avoir eu souvent, avoir eu long-temps les oreilles battues et rebattues d’une affaire, pour dire, En avoir ouï souvent parler.
On appelle Chemin battu, Un chemin fort fréquenté. Et on dit figurément, que Dans la plupart des affaires, il vaut toujours mieux suivre le chemin battu, pour dire, qu’Il vaut mieux suivre la route la plus ordinaire et la plus commune.
On dit aussi figurément, Les routes battues, pour dire, Les procédés ordinaires, les moyens connus.
On dit, qu’Un vaisseau a été battu de l’orage, de la tempête, pour dire, qu’Il a été tourmenté par la tempête.
Et figurém. en parlant d’Un homme qui est consterné de beaucoup de disgrâces qui lui sont arrivées l’une sur l’autre, on dit, qu’Il est battu de l’oiseau.
On dit proverbialement, Autant vaut bien battu que mal battu, pour dire, qu’Il y a de certaines choses qu’il ne faut point faire à demi, quelque danger qu’Il y ait, et quelque dommage qu’on en puisse recevoir ; et, que Les battus paieront l’amende, pour dire, que Ceux qui ont été maltraités, seront encore blâmés. Et dans cette dernière phrase, Battus est employé substantivement.
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