mener

4e édition

MENER.

v. a.
■  Conduire, guider. Vous savez le chemin, menez-nous. Si vous n’y avez jamais été, je vous y menerai. Le Précepteur qui le menoit au Collége. Il est encore enfant, on le mène par la lisière. Il le mena droit là. Mener l’épousée à l’Église. Mener une femme par la main.
Lorsqu’un homme de peu d’esprit & de peu de jugement, entreprend de conduire un autre homme qui n’en a pas plus que lui, on dit proverbialement, que C’est un aveugle qui mène l’autre.
On dit, qu’Un chemin mène en quelque endroit, pour dire, qu’On y va par ce chemin-là.
Mener, se dit aussi en parlant De ceux qui ont la conduite d’une troupe, & qui la font marcher & agir. Le Capitaine mène sa Compagnie. Mener des gens à la guerre. Mener au combat. Mener à l’assaut. Mener en parti. Cet Officier mène bien une troupe.
Mener le deuil, se dit d’Une personne qui, dans une cérémonie funèbre, conduit par honneur, soit dans le convoi, soit à l’Église, les plus proches parens du mort.
On dit, Mener des troupes à la boucherie, pour dire, Les exposer à un péril évident.
Mener. Conduire par force en quelque endroit. Mener en prison. On le menoit au supplice. On le menoit pendre. Mener des captifs en triomphe. Où menez-vous ces gens-là ? On les menoit plus vîte que le pas.
Mener, signifie quelquefois, Se faire accompagner de … ou par … Il mène bien des gens. Il mena tout son monde avec lui. Un Religieux mène d’ordinaire un compagnon.
Mener, signifie aussi quelquefois, Donner accès, introduire. Menez-moi chez ce Ministre. Il le mena chez son Rapporteur.
On dit figurément, Mener quelqu’un, pour dire, Le gouverner & lui faire faire tout ce que l’on veut. Il le mène comme il veut. Il mène ce peuple-là à sa fantaisie. C’est un pauvre homme, il se laisse mener par un tel. Il va comme on le mène. On le mène en lesse. L’ambition, l’intérêt le mène.
On dit fam. qu’Un homme se laisse mener par le nez comme un buffle, qu’on le mène par le nez, pour dire, qu’On en fait tout ce qu’on veut, & qu’il est aisé de le tromper.
On dit proverbialement, Mener quelqu’un à baguette, pour dire, Le traiter avec hauteur, lui faire faire par autorité ce qu’on veut.
On dit, en menaçant quelqu’un de le poursuivre vivement, de ne lui point faire de quartier, qu’On le menera par un chemin où il n’y aura point de pierres. Il est populaire.
On dit figurément, Cela ne mène à rien, pour dire, On n’en sauroit espérer aucun avantage.
On dit, en parlant des Ennemis qu’on fait fuir, Les mener battant, pour dire, Les obliger à se retirer avec précipitation devant celui qui les poursuit, sans oser l’attendre.
On dit fam. quand on remporte l’avantage sur quelqu’un en peu de temps, soit en guerre, soit au jeu, soit en procès ou en autres choses, qu’On le mène battant, qu’on le mène bien vîte, qu’on le mène bien rudement, qu’on le mène bon train, beau train.
On dit, Mener doucement un homme, un esprit, pour dire, Le conduire avec ménagement, l’épargner, éviter de le fâcher, de le révolter, de le cabrer. C’est un homme colère, menez-le doucement.
On dit aussi, qu’Une médecine a mené doucement ou rudement quelqu’un, pour dire, qu’Elle l’a peu ou beaucoup tourmenté.
On dit, Je le menerai loin, je le menerai comme il faut, je le menerai rudement, pour dire, Je lui donnerai bien de la peine, je lui susciterai bien des affaires. On dit aussi, Le jeu, la débauche, les femmes mènent bien loin, pour dire, Jettent dans de grandes extrémités.
On dit Des choses qui se dépensent, qui se consument tous les jours, qu’Elles peuvent ou ne peuvent pas nous mener bien loin, pour dire, qu’Elles peuvent ou ne peuvent pas nous fournir un long secours, nous durer long-temps. Cet argent ne le menera pas loin, pas trop loin, pas bien loin, guère loin. Ces provisions, ces munitions ne nous meneront pas loin.
On dit, Mener grand deuil de quelque chose, pour dire, En être fort attristé. Il est vieux.
Mener, signifie, Amuser & entretenir de paroles, d’espérances. Il y a six mois que vous me menez sans que je voye aucun effet de vos promesses. Il le mène de jour en jour. Je ne veux plus me laisser mener de la sorte. Il le menoit avec de belles paroles.
On dit, Mener la maison, mener le négoce, mener le ménage, pour dire, En avoir la conduite.
On dit dans le même sens, Mener une affaire, un procès, une négociation. Qui est-ce qui mène cette affaire-là ? Comment va-t-elle ? Elle va comme on la mène. C’est lui qui mène tous les procès de la famille.
Mener, se dit aussi Des animaux, & signifie, Les conduire. Mener les bêtes aux champs. Mener paître des vaches. Mener les chevaux boire, les mener à l’abreuvoir. Mener les chevaux au marché. Mener des chiens en lesse. Mener un cheval en main.
Il se dit aussi Des voitures, comme les charrettes, les bateaux, &c. Mener une charrette. Mener la charrue. Mener un carrosse. Mener le carrosse. J’ai un cocher qui mène bien. Mener un bateau. Mener une barque.
Mener, signifie aussi Voiturer. Mener du blé au marché. Mener des marchandises à la foire. Mener du bois par bateau. J’ai là mon carrosse, voulez-vous que je vous mène quelque part ?
On dit, Mener une Dame, pour dire, Lui donner la main, & lui servir d’Écuyer. Je le vis qui menoit une Dame.
On dit, en parlant de bal & de danse, Mener une Dame, pour dire, La prendre pour danser avec elle.
On dit, Mener la danse, mener un branle, pour dire, Être à la tête de ceux qui dansent. Il y a un certain branle qu’on appelle Le branle à mener.
On dit fig. & fam. C’est à vous à mener le branle, pour dire, C’est à vous à donner l’exemple, à mettre les autres en train.
On dit aussi, C’est lui qui mène les autres, pour dire, C’est lui qui les met en train.
On dit, Mener une vie sainte, une vie honnête, une vie scandaleuse, pour dire, Vivre saintement, honnêtement, scandaleusement, &c.
On dit, Mener beau bruit, grand bruit, pour dire, Faire grand fracas. Il est du style familier.
Mené, ée. participe.
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