porte

I. PORTE

nom féminin
Étymologie : xe siècle. Issu du latin porta, « passage ; porte d’une ville ».
↪ voir aussi : II. Porte (adj.)III. Porte

I.

I. Ouverture permettant d’accéder à un espace clos, et obturée ou non par un système de fermeture.
1.  Passage ménagé dans une enceinte fortifiée, entrée. Les portes d’une ville, d’une place forte. La porte des Lionnes, à Mycènes. La porte de Damas, à Jérusalem. Spécialement. Porte décorative ou triomphale, arc de triomphe construit à la gloire d’un souverain. À Paris, les portes Saint-Denis et Saint-Martin furent érigées, à l’emplacement des anciennes portes de l’enceinte de Charles V, pour célébrer les victoires de Louis XIV dans la guerre de Hollande. La porte de Brandebourg, à Berlin.
▪  Par métonymie. Nom donné au quartier où se trouvait autrefois une porte de la ville ou par lequel on entre aujourd’hui dans la ville. Il habite porte de Saint-Cloud, porte d’Italie. L’aquarium tropical de la porte Dorée.
▪  Par extension. Ouverture ménagée dans une enceinte quelconque, un mur, une clôture, etc. Les quatre portes d’un camp romain. La porte principale du cimetière. Litt. Les portes du paradis, du ciel.
▪  Loc. et expr. À la porte de, aux portes de, à proximité immédiate des points d’entrée d’une ville et, fig., tout près de, à l’entrée de. L’ennemi est à nos portes. Un village aux portes du désert. Fig. et litt. Être aux portes du tombeau, de l’éternité, sur le point de mourir.
▪  Par analogie. Point de passage obligé ou habituel pour parvenir en un lieu ; accès. Marseille, porte de l’Orient. Valence est parfois appelée la porte du Midi. Fig. La géométrie est la porte des mathématiques. Spécialement. Souvent au pluriel. Passage étroit et difficile, défilé, gorge. Les Portes de fer, percée du Danube à travers le massif des Carpates, qui forme une longue succession de défilés.
  Titre célèbre : La Porte étroite, d’André Gide (1909).
2.  Ouverture par laquelle on entre ou on sort d’un édifice, ou par laquelle on passe d’une pièce à l’autre à l’intérieur d’un bâtiment. Passer par la porte, franchir la porte. Percer, murer, condamner une porte. La porte d’entrée, la porte principale d’une maison. Être sur le seuil, sur le pas de la porte. Un pas-de-porte, voir ce mot. Porte cochère ou charretière, entrée d’un immeuble, d’un bâtiment, assez large pour permettre aux voitures de pénétrer dans une cour intérieure. Porte bâtarde, plus large qu’une porte ordinaire, mais plus étroite qu’une porte cochère. Porte palière. Porte de service, réservée au personnel et aux livraisons. Une porte de communication. Les portes du salon et de la salle à manger sont en enfilade, sont d’enfilade. Porte de dégagement, qui, dans un appartement, permet de sortir d’une pièce sans avoir à retraverser celles qui communiquent avec elle. Porte de secours, destinée à faciliter l’évacuation d’un bâtiment en cas de danger (en ce sens, on dit plutôt Issue de secours). Porte dérobée, porte secrète. Fausse porte, porte en trompe-l’œil qui crée un effet de symétrie avec de vraies ouvertures. Spécialement. Porte d’embarquement, qui, dans un aéroport, permet aux passagers d’accéder à l’avion.
▪  Marque de domaine : histoire. Les plaids de la porte, voir Plaid I. La Sublime Porte ou, simplement, la Porte, l’entrée principale du palais des sultans à Constantinople et, par métonymie, nom donné au palais, à la cour du sultan et, plus largement, au gouvernement et à l’Empire ottomans. Le dey d’Alger, avant 1830, et le bey de Tunis, avant 1881, étaient nominalement vassaux de la Porte. Un ambassadeur de la Porte. – Marque de domaine : fiscalité. Impôt sur les portes et fenêtres, impôt créé en France par le Directoire, dont le montant était calculé en fonction du nombre d’ouvertures des habitations. L’impôt sur les portes et fenêtres fut supprimé en 1925 pour lutter contre les maladies infectieuses favorisées par le manque d’aération.
▪  Loc. et expr. De porte en porte, de maison en maison. Aller de porte en porte. Porte à porte, tout près. Nous habitons porte à porte. De porte à porte ou, elliptiquement, porte à porte, d’un point à un autre. Porte-à-porte, voir ce mot. À ma porte (fam.), tout près de chez moi. Ce n’est pas la porte à côté (fam.), se dit par euphémisme d’un endroit éloigné. Montrer la porte à quelqu’un, le congédier brutalement. Passer la porte (vieilli) ou, fam., prendre la porte, sortir d’un lieu, le plus souvent parce qu’on en est chassé. Refuser, interdire sa porte, la porte à quelqu’un, refuser de le recevoir. À la porte, dehors. Être à la porte de chez soi. Mettre quelqu’un à la porte, le faire sortir de chez soi sans ménagement et, fig., le licencier. Laisser quelqu’un à la porte, ne pas le faire entrer chez soi et, fig., lui refuser l’accès à un milieu fermé. Laisser quelque chose à la porte, le déposer à l’entrée d’un édifice et, fig., renoncer à certains comportements, à certaines habitudes en changeant de lieu, de milieu. Laisser ses bottes, son parapluie à la porte. Si vous acceptez ce poste, il vous faudra laisser vos ambitions personnelles à la porte. Les bagatelles de la porte (vieilli), parade qui se faisait à l’entrée des spectacles forains pour attirer le public. S’attarder, s’amuser aux bagatelles de la porte (fig. et vieilli), s’attarder, s’amuser aux préambules au lieu d’en venir à l’essentiel. Fig. Se ménager, chercher une porte de sortie ou, vieilli, une porte de derrière, une échappatoire, un moyen de se tirer d’affaire. Entrer par la grande porte, par la petite porte, commencer une carrière à un poste très élevé, à un poste modeste. Balayer devant sa porte, se mettre en règle avec soi-même avant de donner des leçons aux autres. Fam. Chassez-le par la porte, il rentrera par la fenêtre, se dit d’un importun dont on ne peut se débarrasser.
▪  Prov. Chacun voit midi à sa porte, chacun juge selon son point de vue, ses intérêts.
3.  Par analogie. Marque de domaine : sports. Dans les compétitions de ski ou de canoë, espace délimité par des piquets fichés dans la neige ou par des perches suspendues verticalement au-dessus de l’eau, et par lequel doivent passer les concurrents lors des épreuves de slalom. Manquer une porte. Par métonymie. Chacun des piquets, des perches qui figurent ces portes. Enfourcher une porte. Au canoë, toucher une porte entraîne une pénalité.
▪  Marque de domaine : couture. La porte d’une agrafe, petit anneau, ou bride, où l’on fait entrer le crochet d’une agrafe et qui sert à la retenir.

II.

II. Le panneau, l’assemblage mobile qui sert à fermer cette ouverture.
Une lourde porte de chêne. Les portes de bronze d’une basilique. La porte à claire-voie du jardin. Une porte à deux battants, à double battant. Porte pleine, porte vitrée. Porte blindée. Porte brisée, dont une partie se replie sur l’autre dans le sens de la hauteur. Une porte coupée, divisée à mi-hauteur et dont chacun des deux battants peut s’ouvrir indépendamment de l’autre. Porte battante, coulissante, basculante. Porte à tambour ou porte tournante. Une porte coupe-feu. Double porte. Ouvrir la porte. Fermer une porte à clef, à double tour. Porte entrouverte, entrebâillée. Pousser la porte. Frapper, sonner à la porte. Enfoncer une porte d’un coup d’épaule. Forcer, crocheter une porte. Les gonds, les vantaux, les ferrures d’une porte. Une poignée de porte, un bouton de porte. Marteau de porte, anneau ou battant de métal articulé, fixé à l’extérieur d’une porte d’entrée, et avec lequel on frappe pour se faire ouvrir. Un chien de porte, boudin de tissu qu’on place au bas d’une porte pour empêcher l’air de passer. Contre-porte, Dessus-de-porte, voir ces mots.
▪  Spécialement. « La Porte de l’Enfer », sculpture monumentale en bronze d’Auguste Rodin, sur laquelle sont figurées des scènes inspirées de « L’Enfer » de Dante. Au baptistère du dôme de Florence, « La Porte du paradis » est l’œuvre de Ghiberti.
▪  Expr. Aimable comme une porte de prison (fam.), se dit d’une personne peu avenante. Trouver porte close, ne trouver personne au lieu où l’on se rend. Écouter aux portes, appliquer son oreille contre une porte pour surprendre une conversation et, fig., être d’une curiosité indiscrète. À portes fermantes (vieilli), au moment où l’on fermait les portes d’une ville, par opposition à À portes ouvrantes. Ouvrir, fermer ses portes, en parlant d’un établissement, d’un magasin, être ou ne plus être accessible au public et, par extension, commencer ou cesser son activité. La bibliothèque ferme ses portes à vingt heures. Cette entreprise a dû fermer ses portes. Le nouveau musée ouvrira ses portes en avril. Des journées portes ouvertes, pendant lesquelles une institution, un établissement offre au public la possibilité d’entrer librement, de visiter ses locaux. Fermer sa porte au nez de quelqu’un, la pousser rudement contre lui et, fig., refuser de le recevoir. Il lui a fermé, claqué la porte au nez. Fig. Recevoir quelqu’un entre deux portes, ne lui accorder qu’une très brève entrevue. Ouvrir ses portes au vainqueur, se dit d’une ville qui renonce à se défendre, par opposition à Fermer ses portes, résister fermement. Fermer les portes de la guerre (vieilli), faire la paix, par allusion aux portes du temple de Janus que les Romains ouvraient lorsqu’ils entraient en guerre. La clef est sur la porte, ma porte vous sera toujours ouverte, formules par lesquelles on signifie à quelqu’un qu’il sera toujours le bienvenu. Toutes les portes lui sont ouvertes, se dit d’une personne qui est reçue partout et, par extension, à laquelle s’offrent les plus belles perspectives. Fermer, ouvrir la porte au désordre, à l’injustice, aux abus, les empêcher de naître, de se perpétuer ou, au contraire, créer les conditions qui les favorisent. C’est la porte ouverte à tous les débordements. Laisser la porte ouverte à quelque chose, lui laisser la possibilité de se produire. Enfoncer une porte ouverte (fam.), tenter de démontrer une vérité d’évidence. Mettre la clef sous la porte (fam.), quitter sa maison, souvent sans prévenir et, par extension, mettre fin à son commerce, son affaire, à la suite de déboires financiers. Frapper à toutes les portes, solliciter de l’aide de toute part. Frapper à la bonne porte, à la mauvaise porte, s’adresser à la personne qu’il convient ou non de solliciter.
  Titre célèbre : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, comédie-proverbe d’Alfred de Musset (1845).
▪  Par extension. Ce qui sert à fermer certains meubles, certains véhicules ou certains ouvrages. Les portes d’une armoire. La porte d’un four. La porte d’une cage. Une voiture à trois portes, à cinq portes ou, elliptiquement et fam., une trois portes, une cinq portes. Les portes d’une écluse.
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